Lionel Dacre vit à Paris, avenue de Wa gram, il disposait d'une collection réputée unique d'ouvrages sur le Talmud, la cabale et la magie. Ses recherches dans la voie de l'inconnu avaient franchi les limites du permis et de l'honnête. Il avait plus de savoir que de sagesse, et plus de moyens que de caractère.
Aux premiers jours du printemps de 1882, le narrateur passe la nuit chez son ami et va vivre un incident étrange.
Lionel Dacre réserve à son ami, le sofa de la bibliothèque où sur la table de laquelle « se trouvait notamment un large entonnoir, du genre de ceux qu'on emploie pour remplir les futailles : il semblait fait de bois noir, et garni, au bord, d'un cercle de cuivre terni. »
Les deux amis en viennent à évoquer les origines et la fonction de cet entonnoir et notamment de la capacité des objets anciens à générer des songes lorsqu'on les place à sa tête de lit.
Voilà l'étrange proposition de Lionel Dacre au narrateur.
La nuit venue, le narrateur se retrouve dans un rêve où il voit quel usage est fait de l'entonnoir.
Ses cris éveillent la maisonnée, Dacre le rejoint en toute urgence :
— l''entonnoir de cuir a donc opéré ?
— Je ne voudrais pas, pour tout l'or du monde, revivre cette nuit infernale.
Je ne vous dévoilerai pas ce qui se passa au cours de cette nuit infernale, ni quels furent les acteurs du rêve du narrateur.
Nouvelle fantastique courte, dans le plus pur style du genre.
On peut la lire gratuitement en numérique…Expérience que je recommande aux curieux.
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Mon ami Lionel Dacre vivait à Paris. Il occupait, avenue de Wagram, cette belle maison, précédée d’une pelouse et d’une grille, qu’on apercevait sur la gauche en descendant de l’Arc de Triomphe, et qui devait, je présume, exister dès avant la percée de l’avenue, car le lichen en dévorait les tuiles grises et l’âge en marbrait de rouille les murs décolorés. Grande d’apparence avec ses cinq fenêtres de façade, elle s’approfondissait à l’arrière en une chambre unique. C’était là que Dacre avait installé, en même temps que son étrange bibliothèque, tous ces objets fantastiques où sa manie et la gaîté de ses amis trouvaient également à se satisfaire. Riche et d’humeur excentrique, il avait consacré une notable partie de sa vie et de sa fortune à former une collection réputée unique d’ouvrages sur le Talmud, la cabale et la magie. Il inclinait par nature vers le merveilleux et le monstrueux ; et je m’étais laissé dire que ses recherches dans la voie de l’inconnu avaient franchi les limites du permis et de l’honnête. Vis-à-vis de ses compatriotes, il s’abstenait de toute allusion à ces sortes de choses et se donnait le ton d’un savant et d’un dilettante ; mais un Français de goûts analogues m’a certifié que les pires excès de la messe noire s’étaient perpétrés dans ce spacieux et haut réduit où s’étageaient ses livres et ses vitrines.
de Vincent Mallié d'après Arthur Conan Doyle
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/premiere-aventure-sherlock-holmes-etude-rouge