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Critique de Fleitour


Chère Mme Pauline Dreyfus

Votre livre remarquable et remarqué notamment par Jérome Garcin n'a pas pu se hisser en tête des ventes, alors que "ne poussez pas mémé dans les orties" a fait un tabac.
Ce n'est pas la qualité de l'herbe fumée qui prime mais le détail qui rend l'auteur accessible en le faisant pour un instant descendre de son piédestal.
Amicalement et n'étant pas un gourou, je me suis modestement mis en quête d'idées pour encanailler vos livres.


Publier à la rentrée littéraire 2017, un livre qui allait par la force des choses s'écouler jusqu'en mai 2018, afin de se jeter dans le fleuve de la commémoration de mai 68, et se laisser porter par les intellectuels, qui feraient aussi l'éloge, des livres parus en 68, était une brillante idée, une opportunité que bien des auteurs ont su envelopper dans une satire à l'érudisme germanopratin.


Évoquer la journée du 22 mai 1968, à l'hôtel Meurice, était l'occasion de dérouler une fiction croustillante, de vieux académiciens, de collaborateurs discrets, de mécènes incultes mais richissimes, dans un Paris où les étudiants voulaient faire passer un vent nouveau.


Las !, là où le bas blesse, c'est le choix édulcoré des mots, des mots de la haute ou des mots d'immortels. Des mots ennuyeux comme au hasard ; journée rude, événements tragiques, bafouiller, jean Chalon intarissable sur louis XVI, Modiano taiseux comme un auvergnat....

En alternative de Modiano bafouille, on peut tenter Modiano mâchonne ses mots comme un suspect de la Stasi,
ou pour journée rude, une journée pourrie comme un chancre,
pour intarissable, soporifique tel un immortel devrait convenir,
taiseux comme un auvergnat, n'est pas acceptable pour les cafetiers de Paris, aussi parlons, mais de taiseux comme une belon avant de dégorger, comme une bernicle sur son rocher, comme un volcan du Cantal, comme un ministre venant d'avaler une couleuvre, comme le dormeur du val....

Vous trouverez les alternatives utiles, de quoi provoquer une polémique et sortir de l'anonymat.


L'autre idée s'intéresser au vrai peuple, celui d'en bas, aux personnages délaissés, isolés, veufs, seuls... Dans votre livre des personnages me sont sympathiques, très sympathiques.
Denise méritait mieux avec une gouaille à la Renaud, le chanteur, elle pouvait faire disjoncter un invité connu, Dali par exemple. Denise à son poste stratégique le vestiaire, est le passage obligé de toutes les sommités, et donc pourquoi pas leur bête noire.


Votre belle invention le Notaire, son rôle est mince c'est dommage il pouvait vous représenter, vous permettre de remettre tel ou tel invité à sa place comme Jouhandeau ou de vous esclaffer quand par mégarde un mécène fait une bourde. Vous suggérez que le notaire a des choses à confier à Patrick Modiano, et vous oubliez de les faire parler à notre grand désespoir, ce seront les dernières heures de von Choltitz qui nous seront contées.


À l'inverse il faut absolument se moquer des puissants. Pourquoi ne pas mettre dans la bouche de Florence Gould, après quelques mots partagés sur le Petit Prince, « Ah oui j'ai rencontré le Prince de Saint Ex, hier dans la cour Carrée du Louvre », et le notaire de s'esclaffer sans mettre dans l'embarras les littéraires.
Pour marquer la confusion de Modiano, il pouvait s'excuser en avouant ; j'ai cru, oh, une hallucination, reconnaître le Nain Jaune, Mr jardin venu de Zurich, son pays d'adoption, pour saluer des anciens collaborateurs...


Si Anne Brigaudeau a décelé une satire désopilante sur un palace en plein délire, un livre caustique et qui brocarde d'anciens locataires de Vichy, je n'ai pas lu la bonne version. En citant cette pique pour parler de Modiano ; "cet étudiant au nom de machine à laver", je suis convaincu d'avoir lu un autre livre !


Madame, je ne pèse pas lourd devant Mme Brigaudeau, je vous laisse le plaisir de lui donner raison.

Écrivez un récit si l'érudition vous passionne, mais si vous désirez nous séduire, et publier un pamphlet un vrai, lâchez les chiens, faites sauter les barrières, plus de retenues ni de propos de salon, des mots crus, vivants, charnels, percutants, puissants.

Un lecteur admiratif. le 27 mai 2018
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