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La vie d'un palace parisien durant les évènements de mai 68, le repas pour la remise d'un prix littéraire, tels sont les grands thèmes de cette comédie écrite par Pauline Dreyfus.

22 mai 1968, la France est à l'arrêt. Les étudiants sont dans la rue. Les grèves et les occupations d'usines paralysent le pays. le parlement est réuni pour discuter et voter une motion de censure contre le gouvernement de Georges Pompidou. le personnel de l'hôtel Meurice vient de voter l'autogestion et confiner son directeur dans son bureau tout en continuant d'assurer le service de ses richissimes clients. C'est dans ce cadre que se déroule le repas pour la remise du prix littéraire Roger-Nimier, prix décerné à Patrick Modiano.
L'auteure dresse une magnifique galerie de portraits. J.Paul Getty, Salvador Dalì, Antoine Blondin, Marcel Jouhandeau, Patrick Modiano ou la riche milliardaire Mme Florence Gould qui finançait le prix Roger-Nimier côtoient Roland le maître d'hôtel représentant syndical, Denise la dame-vestiaire, Lucien le concierge, Sylvain le barman et tout le reste du personnel.

"Le déjeuner des barricades" est une sorte de vaudeville. Les riches qui s'accrochent à leur passé, paniqués à l'idée de la prise du pouvoir par les communistes. Des écrivains d'extrême droite qui consacrent un roman qui parle de Juifs. le personnel de l'hôtel qui ne sait pas trop comment se comporter.
C'est léger avec beaucoup d'humours et d'ironie. Un vrai plaisir !
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Une bien belle idée, cette fiction élaborée à partir d'un événement véridique, le déjeuner de remise d'un prix littéraire dans un palace parisien, en pleine crise de mai soixante-huit.

Écrit par Pauline Dreyfus – qui n'était pas née à l'époque – le déjeuner des barricades reconstitue assez fidèlement l'étrange atmosphère de ces quelques semaines – que j'ai pour ma part vécues – où, du fait des grèves générales et d'une météo printanière, Paris semblait en vacances le jour – commerces fermés, peu de voitures, peu de métros –, et à feu et à sang le soir, du moins sur la rive gauche, où étudiants et autres manifestants descellaient les pavés du boulevard Saint-Germain et de la rue Soufflot pour en faire des barricades ou des projectiles à lancer sur les forces de l'ordre.

La parole s'était libérée un peu partout. On refaisait le monde, pas seulement à l'Odeon, à La Sorbonne et dans les universités, mais aussi dans les familles, dans les entreprises. Certains se laissaient aller aux utopies les plus osées, d'autres en appelaient à l'ordre et à la fermeté, d'autres encore étaient terrorisés. Personne ne savait très bien comment cela se terminerait et quel type de société allait émerger de ces convulsions...

A l'hôtel Meurice, où l'usage veut que l'on se plie à n'importe quel caprice d'une clientèle richissime, les mots d'ordre habituels sont luxe, service, raffinement. Dans ce palace comme ailleurs, sous l'influence de l'actualité, on s'est mis à parler et à débattre. Et à voter : plus de directeur, on fonctionnera désormais en autogestion. Et comme on est attaché à son métier et à l'image de l'hôtel, en dépit des grèves et des ambiguïtés idéologiques, on vote pour le maintien du déjeuner de remise du prix littéraire Roger-Nimier, créé par Florence Gould, une veuve américaine immensément riche qui dispose d'une suite à l'année dans l'établissement.

La description des comportements du personnel et des réactions des clients est amusante, mais les allers-retours, les quiproquos et les incidents qui se succèdent finissent par donner au récit l'allure d'une pièce de théâtre de boulevard aux facéties banales et désuètes.

La partie la plus intéressante – mais malheureusement courte – est le déjeuner proprement dit. La narration se muscle à l'arrivée de l'auteur de l'ouvrage primé, un très jeune homme timide et dépenaillé, nommé Patrick Modiano, dont La place de l‘Etoile est le premier roman, et dont personne n'imagine qu'il recevra le prix Nobel presque cinquante ans plus tard.

Pauline Dreyfus en profite pour évoquer l'enfance et l'adolescence douloureuses du jeune homme, des pages qui éclairent la psychologie, le comportement et la démarche littéraire d'un écrivain dont l'accès reste difficile. Patrick Modiano, dont le père était juif, rappelle-t-elle, est obsédé par son identité et la période de l'occupation allemande de Paris, qu'il n'a pourtant pas connue. Des thèmes, souligne-t-elle avec humour, qui ont pu faire grincer les dents de membres du jury comme Paul Morand, Marcel Jouhandeau et Jacques Chardonne, des éminences littéraires dont le comportement pendant la guerre avait été plus que douteux.

Ces sujets dépassaient probablement Florence Gould, dont le salon, pendant l'Occupation, avait reçu somptueusement moult personnalités sans distinction de bord, ce qui lui avait valu quelques tourments lors de la Libération. Ça aurait pu être pire pour elle. (Je pense au roman de Drago Jancar, Cette nuit je l'ai vue, lu et critiqué en juillet 2016.)

J'ai apprécié les apparitions de Salvador Dali, ainsi que les clins d'oeil au van Choltitz de Paris brûle-t-il ? et à Dora Bruder. Je tiens aussi à ajouter que le déjeuner des barricades est très joliment écrit.

Une lecture somme toute divertissante.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Mai 68: la contestation paralyse le pays. Les nantis ont la frousse...

Autour du jeune Modiano, fêté et primé pour son succès de librairie (La place de l'étoile), la fine fleur parisienne (et plutôt décatie) de la littérature se presse pour un déjeuner annuel dans les salons feutrés de l'hôtel Meurice.

Mais les temps sont difficiles, beaucoup de convives ont décliné l'invitation, le palace est en état d'insurrection, occupé par le personnel qui néanmoins travaille (non sans avoir mis le directeur au piquet dans son bureau), les apprivoisements sont chaotiques et l'ocelot de Salvador Dali s'est perdu dans les couloirs...

J'ai dégusté cette fantaisie littéraire, j'en ai goûté l'ironie et l'acidité. Les fans de Patrick Modiano s'amuseront de le retrouver jeune homme au succès débutant, indécrottablement taiseux et timide. L'envers du décor d'un grand hôtel parisien est savoureux, mettant en perspective luxe et révolution prolétaire.

Et le meilleur de cette pantalonnade est de voir la mise en pratique de l'égalité sociale et de l'autogestion, jusque dans les décisions urgentes à prendre dans les moments de tension.
C'est là que le bât blesse et qu'un bon nombre se satisfait alors d'avoir un patron pour gérer les crises.

Bien jolie lecture
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En ce du 22 mai 1968, rien ne va plus, la France ne tourne plus rond, on peut même dire qu'elle ne tourne plus du tout.
Tout est ralenti, le pays est paralysé, la rue est envahie par les manifestants, les pavés s'envolent et les barricades se dressent.
Pauline Dreyfus choisi de nous faire vivre cette journée dans l'un des plus prestigieux palaces parisiens, l'Hôtel Meurice, où le Prix Roger Nimier doit être remis à un tout jeune écrivain, Patrick Modiano pour son premier roman « Place de l'étoile ».
Mais le palace n'est pas épargné, entraîné dans la mouvance des événements, le personnel a décidé d'en destituer le directeur et de prendre les rênes de l'établissement.
Rien ne se passera comme prévu pour ce déjeuner, le menu même en sera chamboulé, faute d'approvisionnement, au grand dam de Florence Gould, milliardaire, mécène du Prix littéraire.
Nous découvrons une galerie de personnages célèbres ou anonymes, à la fois cocasses et pathétiques dans leurs excès.
Qu'il s'agisse de Madame Gould et de ses pékinois, de Salvador Dali et de son léopard « de compagnie », ou de Modiano et de sa timidité, on sourit, on rit même parfois.
Les anonymes ne sont pas en reste, j'ai particulièrement aimé Denise, Madame Vestiaire, toujours fidèle au poste, qui sait tout sur tout et sur tout le monde.
Ce roman est truculent, jubilatoire, l'écriture est alerte avec un humour caustique, efficace, irrésistible mêlé à un sens aigu de l'observation sociologique, de la conscience professionnelle et des vanités.
Un vrai régal !

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Chère Mme Pauline Dreyfus

Votre livre remarquable et remarqué notamment par Jérome Garcin n'a pas pu se hisser en tête des ventes, alors que "ne poussez pas mémé dans les orties" a fait un tabac.
Ce n'est pas la qualité de l'herbe fumée qui prime mais le détail qui rend l'auteur accessible en le faisant pour un instant descendre de son piédestal.
Amicalement et n'étant pas un gourou, je me suis modestement mis en quête d'idées pour encanailler vos livres.


Publier à la rentrée littéraire 2017, un livre qui allait par la force des choses s'écouler jusqu'en mai 2018, afin de se jeter dans le fleuve de la commémoration de mai 68, et se laisser porter par les intellectuels, qui feraient aussi l'éloge, des livres parus en 68, était une brillante idée, une opportunité que bien des auteurs ont su envelopper dans une satire à l'érudisme germanopratin.


Évoquer la journée du 22 mai 1968, à l'hôtel Meurice, était l'occasion de dérouler une fiction croustillante, de vieux académiciens, de collaborateurs discrets, de mécènes incultes mais richissimes, dans un Paris où les étudiants voulaient faire passer un vent nouveau.


Las !, là où le bas blesse, c'est le choix édulcoré des mots, des mots de la haute ou des mots d'immortels. Des mots ennuyeux comme au hasard ; journée rude, événements tragiques, bafouiller, jean Chalon intarissable sur louis XVI, Modiano taiseux comme un auvergnat....

En alternative de Modiano bafouille, on peut tenter Modiano mâchonne ses mots comme un suspect de la Stasi,
ou pour journée rude, une journée pourrie comme un chancre,
pour intarissable, soporifique tel un immortel devrait convenir,
taiseux comme un auvergnat, n'est pas acceptable pour les cafetiers de Paris, aussi parlons, mais de taiseux comme une belon avant de dégorger, comme une bernicle sur son rocher, comme un volcan du Cantal, comme un ministre venant d'avaler une couleuvre, comme le dormeur du val....

Vous trouverez les alternatives utiles, de quoi provoquer une polémique et sortir de l'anonymat.


L'autre idée s'intéresser au vrai peuple, celui d'en bas, aux personnages délaissés, isolés, veufs, seuls... Dans votre livre des personnages me sont sympathiques, très sympathiques.
Denise méritait mieux avec une gouaille à la Renaud, le chanteur, elle pouvait faire disjoncter un invité connu, Dali par exemple. Denise à son poste stratégique le vestiaire, est le passage obligé de toutes les sommités, et donc pourquoi pas leur bête noire.


Votre belle invention le Notaire, son rôle est mince c'est dommage il pouvait vous représenter, vous permettre de remettre tel ou tel invité à sa place comme Jouhandeau ou de vous esclaffer quand par mégarde un mécène fait une bourde. Vous suggérez que le notaire a des choses à confier à Patrick Modiano, et vous oubliez de les faire parler à notre grand désespoir, ce seront les dernières heures de von Choltitz qui nous seront contées.


À l'inverse il faut absolument se moquer des puissants. Pourquoi ne pas mettre dans la bouche de Florence Gould, après quelques mots partagés sur le Petit Prince, « Ah oui j'ai rencontré le Prince de Saint Ex, hier dans la cour Carrée du Louvre », et le notaire de s'esclaffer sans mettre dans l'embarras les littéraires.
Pour marquer la confusion de Modiano, il pouvait s'excuser en avouant ; j'ai cru, oh, une hallucination, reconnaître le Nain Jaune, Mr jardin venu de Zurich, son pays d'adoption, pour saluer des anciens collaborateurs...


Si Anne Brigaudeau a décelé une satire désopilante sur un palace en plein délire, un livre caustique et qui brocarde d'anciens locataires de Vichy, je n'ai pas lu la bonne version. En citant cette pique pour parler de Modiano ; "cet étudiant au nom de machine à laver", je suis convaincu d'avoir lu un autre livre !


Madame, je ne pèse pas lourd devant Mme Brigaudeau, je vous laisse le plaisir de lui donner raison.

Écrivez un récit si l'érudition vous passionne, mais si vous désirez nous séduire, et publier un pamphlet un vrai, lâchez les chiens, faites sauter les barrières, plus de retenues ni de propos de salon, des mots crus, vivants, charnels, percutants, puissants.

Un lecteur admiratif. le 27 mai 2018
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Mai 68 :un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître; comme disait la chanson.
Mai 68 c'est une révolte, dans le quartier Latin mais pas que ( nous l'avons vécu en direct de notre balcon à République, les arbres et les voitures flambaient).
Mai 68 vu par Pauline Dreyfus c'est un mouvement social des personnels
dans les salons feutrés du Palace le Meurice mais qui ne vont pas jusqu'à annuler la remise d'un prix littéraire remis à Patrick Modiano , jeune écrivain d'une vingtaine d'année, pour son premier roman "La Place de l'Etoile".

Cette journée restera comme celles du 1er de l'an au Moyen-âge quand, pour 24h, les rôles et les rangs étaient inversés.

Une description du mouvement étudiant pour un avenir meilleur calqué aux personnels du Palace qui en ce jour des fous remet aussi en cause ses acquis et son destin.

Une lecture plaisante avec une pointe d'ironie mais aussi de bienveillance.
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J'ai tellement aimé Ce sont des choses qui arrivent (2014) que ce nouvel opus de Pauline Dreyfus a été l'un des premiers inscrits sur ma liste des courses pour cette Rentrée littéraire. J'aime sa plume caustique au service d'un propos toujours très fort et je n'étais pas mécontente de la retrouver dans un exercice moins sombre que le précédent mais néanmoins tout aussi passionnant. Et sur lequel planent des fantômes dont il semble difficile de se défaire complètement.

Car dans ce court roman aux allures burlesques se mêlent passé, présent et futur dans un espace-temps resserré et parfois même suspendu. L'action se situe en plein "Mai 68" dans un Paris aux rues désertées où les deux rives s'observent, la droite craignant la contagion tandis que la gauche résonne des revendications étudiantes. Ce 22 mai 1968 est un jour particulier à bien des égards pour le personnel de l'hôtel Meurice. D'abord, il a pris le pouvoir et conduit les affaires courantes en mode autogestion... sans aucunement abandonner le sérieux de l'organisation attendue d'un établissement de ce type. Ensuite, le Prix Roger Nimier doit être remis lors de l'un des déjeuner de Florence Gould, la milliardaire américaine qui occupe à l'année la meilleure suite de l'hôtel. le lauréat est un certain Patrick Modiano dont le premier roman La place de l'étoile a séduit le jury. de nombreux invités ne pouvant se déplacer, on se dépêche de convier d'autres résidents de l'hôtel tels le couple Dali ou le milliardaire américain J.P. Getty et même le notaire Aristide Aubuisson qui, se sachant condamné est venu s'offrir un dernier séjour de rêve dans la capitale. Déçu de trouver musées et monuments clos, ce déjeuner va être pour lui une distraction proche de l'émerveillement...

... tout comme pour le lecteur. Car le lieu dont il est question n'est pas anodin. Quelque 25 ans auparavant, les dignitaires nazis y avaient installé un de leurs quartiers généraux et c'est ici que le Général von Choltitz a fait le choix que l'on sait. Avec Modiano, hanté par la période de l'occupation et son livre dont le sujet ravive des souvenirs que certains convives préfèreraient oublier, le passé s'invite à table sans jamais être frontalement évoqué. Et dans ces moments, l'ironie mordante de Pauline Dreyfus fait merveille et l'on retrouve avec appétit sa façon d'épingler la bourgeoisie bien-pensante et quelque peu frivole.

Mais elle nous offre également une fresque presque tendre du petit monde qui s'agite en silence dans les coulisses du palace et se trouve confronté aux promesses d'une proche révolution. Prendre le pouvoir ? Pas si simple dans un palace où tout fonctionne selon un ordre parfaitement établi. Entre employés amenés à décider et patrons contraints à l'oisiveté, l'auteur nous campe quelques scènes savoureuses qui montrent avec humour les limites du jeu de rôles. Quant au personnage du notaire (le seul élément fictif parmi les personnalités ayant vraiment assisté à ce déjeuner), il traverse l'histoire comme une sorte de candide dont la sincérité apporte sa part d'humanité à l'ensemble.

Les différents niveaux de l'intrigue se superposent et s'imbriquent à la perfection, et l'unité de temps et de lieu renforce la dramaturgie de cette satire réjouissante. Pauline Dreyfus possède cette élégance un peu surannée de celle qui égratigne sans rien laisser paraître. Plume assassine et visage d'ange. Personnellement, j'adore la lire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Merci au site Net Galley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce roman en avant première :)
J'en suis d'autant plus ravie que j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman, une petite pépite de la rentrée littéraire :)
Nous sommes en mai 1968, plus précisément le 22 mai, la France est en grève, paralysée par tous les corps de métier.
Mais à l'hôtel Meurice se tient le prix littéraire Roger Nimier qui doit couronner un jeune auteur : Patrick Modiano.
Seulement c'est aussi le jour où les employés ont décidés que l'hôtel serait autogéré par le personnel.
S'en suit une journée étrange, pour notre plus grand plaisir à nous lecteurs :)
J'ai aimé tous les personnages, nous avons là une galerie haute en couleur, de l'employé à la milliardaire. J'ignorais que Salvador Sali avait un ocelot, que j'ai découvert ici et qui va avoir son rôle à jouer dans cette folle journée ;) Je ne connaissais pas non plus la milliardaire Florence Gould dont le portrait est excellent.
C'est bien écrit, mordant, drôle et vraiment je me suis régalée.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde, et j'ai pris plaisir à dévorer le déjeuner des barricades.
C'est un immense plaisir que je mets cinq étoiles, et que je vous invite à le lire à votre tour :)
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Une satire plaisante de la haute bourgeoise, confrontée au Paris révolté et barricadé de Mai 1968. J'ai bien aimé ce roman, assez prenant, dont les situations sont drôles et décalées. J'adore lorsqu'un auteur (comme P. Dreyfus) mélange des personnages réels et fictifs pour tourner la société en dérision : c'est très bien fait dans ce livre.

Le roman relate un déjeuner mondain, qui – en pleine grève générale et crise politique – est prévu au luxueux Hôtel Meurice dans le cadre du prix littéraire Roger-Nimier, qui doit être remis au jeune écrivain Patrick Modiano. Ce contexte révolutionnaire va perturber son organisation, tant au niveau des invités que du personnel de l'Hôtel touché par le virus de l'autogestion.

Entre Dali, Blondin, Morand et le timide Modiano, je me suis régalé tout au long de ce « déjeuner des barricades ». Il a le mérite d'aborder Mai 68 et l'Occupation, de confronter le changement et la continuité, la révolte et la stabilité. Ce livre moque le sens premier de révolution : un mouvement qui ramène périodiquement au même point.

Le texte est rythmé, sans coupures : un flux continu qui m'a emporté par son humour et son style. Je vous le conseille.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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22 mai 1968, Paris , Hôtel Meurice. le Palace est aux mains du personnel qui occupe l'hôtel au nom de l'autogestion. Mais, ce jour-là , au cours d'un déjeuner très mondain qui rassemble le gratin de la littérature française, le prix Roger-Nimier - soutenu par le mécénat de la milliardaire Florence Gould, doit être remis à un jeune auteur de 22 ans, Patrick Modiano, pour son ouvrage La Place de l'Etoile.
J'ai failli abandonner ce livre le trouvant futile au premier abord. Après quelques recherches, j'ai constaté que tout était était vrai dans cet ouvrage. J'ai donc poursuivi la lecture avec un oeil tout différent. On assiste au choc de deux mondes, l'un vivant dans une bulle de nantis étrangers aux soucis du peuple, l'autre celui de la jeunesse revendicatrice de nouveautés et juchées sur des barricades. Elle a entraîné dans son sillage tous les secteurs économiques. Paris -et la France - est à l'arrêt : pas de transports, pas de culture, les industries ont débrayé, le personnel occupe les entreprises.
Pas de quoi réjouir le gratin mondial courant Paris en quête de distractions.
En fait, ce livre plein d'humour et d'ironie mérite une réflexion plus approfondie sur la société française. (et d'ailleurs peut-être)
Les choses ont-elle changé depuis mai 68? Je ne crois pas. La société est toujours aussi divisée et le fait savoir. Pour preuve les Gilets jaunes.
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