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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec Les Grandes Familles, qui obtient le Prix Goncourt en 1948, Maurice Druon entame sous le titre général La Fin des Hommes, une trilogie romanesque, poursuivie avec La Chute des Corps et Rendez-vous aux enfers. Il brosse un tableau réaliste, féroce et prodigue en péripéties, de la grande bourgeoisie d'affaires de l'entre-deux guerres. Une société en sursis sous la menace de la guerre et où rivalités et manoeuvres, adultères et retournements de situation, affairisme et tragédies individuelles ponctuent une action prenante, riche en tableaux et en portraits mémorables...
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Tout est bon dans ce Druon ! La peinture de la société bourgeoise et aristocratique de l'entre-deux-guerres, celle du monde des affaires et des fortunes économiques, celle des apparences.
Il y a des pages fortes qui étrillent les uns et les autres, d'autres qui montrent une observation sans concession de la vieillesse, de la mort, des honneurs ou des jeux de séduction.
Un regret: avoir les images du film de Denys de la Patellière qui viennent parfois imposer l'acteur devant le personnage du roman.
Un second regret peut-être: avoir attendu si longtemps pour découvrir ce livre.
Un plaisir à venir vraisemblablement avec la lecture des autres volumes..

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J'avoue que j'ai un a priori défavorable sur l'auteur et par conséquent sur son roman. Et bien j'ai grand tort. La peinture qui y est faite de la bourgeoisie est précise, fine et acérée. On s'attache au fil des pages aux personnages tous imbus de leur personne, tous soucieux de leur paraître et de leur notoriété. Un monde d'entre soi où les intrus de classe sont rarement admis sauf à être utiles à l'ambition. On se prend par moment à les comprendre et à les adopter ces aristocrates, ces gens de pouvoir et ces parvenus, ce qui est tout de même une prouesse de l'auteur.
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Maurice Druon était avant tout pour moi l'auteur de la saga des "Rois Maudits" dont j'ai si souvent corné les pages et le deuxième homme derrière les paroles du "Chant des Partisans".
Je savais bien que là n'étaient sans doute pas ses seuls faits d'armes, mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressé jusqu'à ce que je tombe en librairie sur une réédition de "Les Grandes Familles" en livre de poche et qu'attrapée par sa quatrième de couverture, je me l'offre.

Cet ouvrage pour lequel Maurice Druon fut le récipiendaire en 1948 du Prix Goncourt constitue le premier tome d'une vaste trilogie "La Fin des Hommes" dans laquelle le père des Rois Maudits brosse un portrait impitoyable de la grande bourgeoisie française de l'entre deux guerres avec une férocité et une finesse toutes balzaciennes, dans la tradition des grands romans français qui savent si bien mêler saga familiale et fresque sociale. C'est à la fois incroyablement moderne et on ne peut plus savoureux.

Paris, 1920. Jean de la Monnerie, grand poète, "romantique de la quatrième génération" vient de mourir. Tout ce que la capitale compte de puissants et d'ambitieux, de politiques et de financiers se presse à ses funérailles: le clan de la Monnerie -aristocrate, arrogant-, Simon Lachaume -modeste professeur et jeune protégé du défunt-, Noël Schoudler -richissime banquier et beau-père de la fille du poète-, Anatole Rousseau -ministre un peu falot-, Lucien Maublanc -le cousin fantasque, le mouton noir-...
Ce sont aux tractations et à la comédie auxquelles se soumet tout ce petite monde que nous convie Maurice Druon avec ces Grandes Familles qui exécutent sous nos yeux un ballet bien orchestré: les familles patriciennes menées par leurs patriarches forment une élite économique et politique qui gravite dans les plus hautes sphères sans se soucier de l'existence des petits, des moins chanceux; pas plus que de certains membres de leur clan qu'ils n'hésitent d'ailleurs pas à sacrifier sur l'autel de leurs ambitions.
Pendant ce temps pourtant, tout change et évolue; le monde des grandes familles est sclérosé et déjà en train de s'éteindre mais ni les Schoudler ni les La Monnerie ne veulent le voir, ce qui les rend presque poignants par moments tant ils mettent d'énergie à ce que rien ne bouge et à lutter contre les jeunes d'une autre génération dévorés d'ambition et qui voudraient bien eux aussi une part de ce pouvoir qu'on leur refuse.
Maurice Druon restitue à merveille le poids de l'atmosphère crépusculaire qui a dû présider à la fin des grandes dynastie de l'entre deux guerres.
Il le fait cependant sans complaisance aucune et semble prendre un malin plaisir à nous mettre face à des archétypes d'orgueil, de vanité et de cruauté pour qui la vie n'est rien de plus qu'un vaste échiquier sur lequel tous les coups sont permis.
Un très grand roman en somme dont je me suis délectée et où la langue de la première moitié du XX° siècle rencontre Balzac.
C'est addictif, très jouissif et d'autant plus captivant que rien n'a vraiment changé aujourd'hui quand on y pense...

Il me tarde à présent que les volumes suivants suivent le mouvement et connaissent la réédition qu'ils méritent.









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Délectable par ses descriptions de l'être, du paraître … comme le savoir et le savoir faire.
Un régal pour l'étude des caractères avec leur réalité, leurs faux semblants et leurs espérances. Mais je n'imagine pas les jeunes actuels pouvoir se délecter de cette époque complètement révolues sans être si lointaine.

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J'avais été subjugué par les Rois maudits, j'avais adoré Les mémoires de Zeus et une fois encore je suis époustouflé par Les Grandes familles : Druon est un conteur fabuleux. C'est le Balzac de notre siècle (pour les natif du XXe) : le portrait de la bourgeoisie est assassin : les riches possédants sont rendus misérables par l'esprit rabougri qui les caractérise. Les petites gens ne sont pas épargnées non plus, lorsque, comme ceux dont elles tentent de se rapprocher, elles se laissent aller au pêcher « capital » (c'est le cas de le dire) de l'envie. Une superbe trilogie qui n'a rien perdu de sa pertinence.
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Quel cynisme !

Rien de grand, rien de beau sous les dorures des beaux quartiers, une noirceur épaisse habite les hommes . Les pauvres ne sont pas mieux nantis, pour quelques billets ou pour une ascension sociale ils sont prêts à toutes les distorsions.

Les "grands" hommes sont entièrement voués à l'argent et au pouvoir . Les femmes ont une place secondaire, utilitaire . L'affection, les sentiments ne doivent jamais prendre le dessus, on se doit de tenir d'une main de fer les affaires et la famille.

Décrépitude de la famille Schoulder que l'auteur se plait à raconter au travers du délabrement physiques des corps vieillissants qui sont à l'image de leur moralité.

C'est une sacrée critique sociale que l'auteur nous livre là, qui n'est pas sans évoquer Zola .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Je me suis lancé dans le défis de lire tous les Goncourt. J'y vais un petit peu au hasard et voici que l'on m'a offert celui-ci. Druon, pour moi, c'était surtout les Rois Maudits (avec l'impression que Robert d'Artois est le modèle de Robert Baratheon). C'etait donc une référence, mais j'avais un peu l'impression que, comme GRR Martin du coup, la saga écrasait le reste de l'oeuvre.
Quelle surprise de découvrir ce roman. Ça fait longtemps que je n'avais découvert une histoire aussi prenante.
Il n'y a pas de personnage principal. Nous ne suivons pas l'ascension ou la chute d'un homme, mais la modification d'un milieu. Il y a les vieilles familles aristocratiques et les banquiers, quelques académiciens et des gens de rien qui se taillent une place.
Personne n'est vraiment bon dans ce monde, mis à part peut-être François ou quelques dominicains. Personne n'est parfaitement mauvais non plus. Nous sommes dans une zone grise pleine de rancoeurs, de regrets. Ils ont puissants mais ils restent humains et faillibles. Les stratégie, l'argent et l'honneur semblent être les seuls moteurs. Les puissances de l'argent s'affrontent en écrasant tout sur leurs passages. Les conflits se règles pas de basses manigances.

On ne sort pas indemne de cette lecture. On trouve déjà le génie qui anime les rois maudits et, même, les intrigues du trône de fer. Je conseille cette lecture à tout le monde.
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Envie de relire Druon que j'avais adoré il y a plus de trente ans. le plaisir est intact. Une description sans complaisance de la société de l'entre-deux-guerres. Les personnages sont admirablement campés dans leurs ambitions, leur médiocrité, leur absence de scrupules, leur goût des honneurs. Constat pessimiste et désabusé de ce que l'âme humaine peut avoir de plus sombre. Et, de surcroît, une extraordinaire qualité d'écriture. Un bonheur absolu de lecture… Bien vite, je vais relire le second
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On connaît surtout Maurice Druon pour sa fameuse saga des Rois Maudits, qui a notamment inspiré une oeuvre un peu anonyme et très confidentielle intitulée A Song Of Ice And Fire, elle-même à l'origine d'une petite série télé sans grande envergure nommée Game of Thrones. Rien que ça.

Ce que l'on sait moins, et que j'ignorais absolument totalement, c'est que Druon ne s'est pas limité à cette faramineuse entreprise : avant les rois de France du Moyen-Âge, c'est à la grande bourgeoisie de l'entre-deux-guerres qu'il s'intéresse au travers d'une grande fresque couronnée du prix Goncourt en 1948.

Oui, on part vraiment sur un CV correct.

Les Grandes Familles, puisque tel est le titre dudit roman lauréat, retrace le parcours de deux familles unies par le mariage de deux de leurs enfants : les de la Monnerie, grande lignée aristocratique dont le patriarche siège à L Académie Française et jouit d'une immense renommée grâce à sa poésie, et les Schoulder, clan mené par ses irréductibles patriarches, solidement installé à la tête de florissantes industries.

Le tableau semble figé ainsi dans le temps pour l'éternité. Les dirigeants engoncés dans leurs certitudes, les fortunes si solides qu'elles peuvent se permettre toutes les prises de risque, les décès qui ébranlent sans faire défaillir, les femmes mises en position d'infériorité, bref, l'ordre établi.

Mais l'entre-deux-guerres bouillonne de sa furie reconstructrice, la société grogne, l'économie se chamboule, les ambitions se réveillent, et les Schoulder sont bien vite entraînés dans une fascinante et effrayante décadence, au fur et à mesure que le monde autour d'eux mute vers quelque chose d'inconnu et d'incontrôlable, que les vieilles générations se laissent dépasser par des successeurs qu'ils n'ont jamais pris le temps de former, par cupidité et jalousie, que les années défilent et emportent avec elles les vestiges d'une époque qui n'a plus sa place dans le Paris des années folles.

L'auteur s'amuse et se gausse de personnages qu'il a lui-même hissés vers des honneurs qu'ils n'ont jamais mérités, au fur et à mesure qu'il révèle leur insoutenable superficialité et leur avidité sans nom. Il les brosse à grands coups de pinceau littéraire intransigeant, leurs défauts plus éclatants que jamais, leur condamnation irréversible, leur perte fatale.

Le roman se dévore avec la même sensation délicieuse que celle qui accompagne le visionnage d'une série particulièrement savoureuse, avec force trahisons, manipulations et retournements de situation. C'est, en quelque sorte, le Dallas de l'époque, avec un peu plus de sophistication littéraire et d'inventivité dans les descriptions.

(J'assume entièrement cette comparaison.)

Plus sérieusement, le roman s'offre à la fois comme un exquis divertissement et une critique tout à fait acerbe d'une société encore contemporaine pour l'auteur, ses codes périmés et ses exigences qui ont cessé d'être tenables. A travers les patriarches grotesques et pourrissants sur pattes qu'il décrit dans son oeuvre, c'est à un ordre des choses tout entier qu'il s'attaque. Qu'on s'entende bien, Les Grandes Familles n'est pas non plus un brûlot révolutionnaire, ne serait-ce par exemple que par le rôle minoritaire qu'y tiennent les femmes - qui ont parfois de vraies intrigues propres, mais toujours liées à des histoires de mariage ou de grossesses. le roman est ancré dans son époque, certes, mais résonne toujours très fortement par certains aspects avec la nôtre, notamment par sa critique des inégalités, des déconnexions d'avec la vie réelle, des prestiges stériles, des sphères imperméables au reste de la société.

C'est exquisément écrit, c'est drôle, c'est fluide, c'est prenant, c'est malin, c'est formidablement bien construit, bref, c'est à découvrir.

PS : les tomes 2 et 3 de cette trilogie ne sont manifestement pas édités. C'est un scandale. Je proteste. J'ai besoin de ma dose de drama familial. SVP le Livre de Poche. Ne me laissez pas seule dans mon aporie littéraire.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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