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EAN : 9782259191678
900 pages
Plon (20/10/1999)
4.06/5   198 notes
Résumé :
Immense fresque de la bourgeoisie française des années quarante et cinquante, tableau impitoyable des milieux politiques et financiers de l'entre-deux-guerres, cet ouvrage de Maurice Druon a reçu le prix Goncourt, et fait partie des romans les plus célèbres de la littérature française contemporaine. Il a été salué par la critique dès sa publication, traduit dans le monde entier et porté à l'écran avec succès.
Que lire après Les grandes familles - La chute des corps - Rendez-vous aux enfers - La volupté d'êtreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Il n'y a pas que les rois qui soient maudits chez Druon : les vieilles élites aussi, en tout cas cette partie de l'élite française issue de la vieille aristocratie d'avant guerre qui meure lentement pour laisser la place à une coterie de seigneurs moins racés mais plus roués et agiles pour louvoyer dans le nouveau monde.
Il n'y a pas une seconde d'ennui dans cette rutilante saga qui en trois volumes nous fait vivre aux côtés des "dix mille qui font Paris" l'histoire de France vue d'en haut des années 1910 à 1950, à travers la lente décadence de la famille Schoudler, dépassée par les nouvelles générations de politiciens, affairistes et aventurières mais traînant jusqu'au bout sa fin de race au milieu de tout ce que Paris compte de gloires des arts, du barreau ou du théâtre.
Une fin de race puissamment signifiée par la décrépitude physique et la mort de nombreux personnages, au sein d'abord de la famille Schoudler dont les ancêtres n'en finissent pas de pourrir sur pattes mais aussi celles du vieux dramaturge starisé qui agonise dans ses fantasmes ou de la richissime baronne définitivement flétrie mais toujours nymphomane.

J'ai pris un grand plaisir à lire cette saga au style puissant, dans laquelle résonnent les échos des Rougon Macquart parisiens (avec le personnage de Simon Lachaume en écho à celui d'Eugène Rougon et celui de Sylvaine rappelant Nana) mais aussi des Buddenbrook et de la Mort à Venise de Thomas Mann.
Dommage que cette superbe fresque du 20ème siècle,bien que Goncourisée, n'ait pas la même notoriété que les Rois maudits : elle le mérite pourtant pleinement!

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Avant d'explorer le Moyen-Age avec brio, Maurice Druon s'était lancé dans l'auscultation de son époque et a brossé une fresque inoubliable de la bourgeoisie arrogante des années de l'entre-deux-guerres.
Dans sa trilogie "la fin des hommes" dont "les grandes familles" (prix Goncourt 1948) constituent le premier volet, Druon livre un portrait d'une cruauté sans pareille de ces nantis des années vingt et trente.
Tous les notables de la société parisienne de l'époque, où se joue la comédie du pouvoir, vont défiler sous le regard impitoyable de l'écrivain, qu'ils soient banquiers, financiers, politiques, poètes, dramaturges, médecins ou encore aristocrates .....
Bien sûr, tous ses personnages sont ancrés dans la réalité de leur époque, mais pour autant, la description que Maurice Druon en fait ne sent pas la naphtaline, que nenni ! car il a brossé des portraits, archétypes de l'ambition, de l'arrivisme, de la vanité ... dont l'actualité reste brûlante !

Du "petit" Simon Lachaume, obscur professeur et journaliste, dévoré de l'ambition de "réussir" à tout prix, (sans savoir exactement dans quoi, au début de l'ouvrage), ouvert à toute opportunité,
au baron Schoudler, descendant d'une famille anoblie par Napoléon III, présidant aux destinées d'entreprises, de banque, de journal, qui, pour couler un rival détesté, n'hésitera pas à monter de toutes pièces une opération boursière scélérate, sans réaliser les conséquences funestes qu'elle peut avoir sur son entourage !, Maurice Druon nous fait pénétrer dans les arcanes de la vie parisienne avec ses fastes, les coulisses du pouvoir, les ors de la république, les enterrements prestigieux, mais aussi les lieux de plaisir avec ses amours taxées.
Du Balzac au vingtième siècle !

Impossible de livrer ici le moindre résumé, ce serait trahir l'ouvrage, car un grand nombre de personnages s'agite dans cette valse des pantins, et Maurice Druon n'en sacrifie aucun en offrant à tous un rôle non négligeable dans sa partition, menée avec un brio magistral, tant au niveau de l'intrigue que de l'écriture. Une écriture, un style, de facture très classique, comme seul un fin lettré en peut offrir !

"Les grandes familles" sont donc à découvrir et je vous enjoins vivement à vous y plonger ainsi que dans leurs suites : la Chute des corps et Rendez-vous aux enfers.....
Je vous y donne d'ailleurs rendez-vous (si cela vous agrée), très prochainement pour le complément de cette chronique !
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Maurice Druon était avant tout pour moi l'auteur de la saga des "Rois Maudits" dont j'ai si souvent corné les pages et le deuxième homme derrière les paroles du "Chant des Partisans".
Je savais bien que là n'étaient sans doute pas ses seuls faits d'armes, mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressé jusqu'à ce que je tombe en librairie sur une réédition de "Les Grandes Familles" en livre de poche et qu'attrapée par sa quatrième de couverture, je me l'offre.

Cet ouvrage pour lequel Maurice Druon fut le récipiendaire en 1948 du Prix Goncourt constitue le premier tome d'une vaste trilogie "La Fin des Hommes" dans laquelle le père des Rois Maudits brosse un portrait impitoyable de la grande bourgeoisie française de l'entre deux guerres avec une férocité et une finesse toutes balzaciennes, dans la tradition des grands romans français qui savent si bien mêler saga familiale et fresque sociale. C'est à la fois incroyablement moderne et on ne peut plus savoureux.

Paris, 1920. Jean de la Monnerie, grand poète, "romantique de la quatrième génération" vient de mourir. Tout ce que la capitale compte de puissants et d'ambitieux, de politiques et de financiers se presse à ses funérailles: le clan de la Monnerie -aristocrate, arrogant-, Simon Lachaume -modeste professeur et jeune protégé du défunt-, Noël Schoudler -richissime banquier et beau-père de la fille du poète-, Anatole Rousseau -ministre un peu falot-, Lucien Maublanc -le cousin fantasque, le mouton noir-...
Ce sont aux tractations et à la comédie auxquelles se soumet tout ce petite monde que nous convie Maurice Druon avec ces Grandes Familles qui exécutent sous nos yeux un ballet bien orchestré: les familles patriciennes menées par leurs patriarches forment une élite économique et politique qui gravite dans les plus hautes sphères sans se soucier de l'existence des petits, des moins chanceux; pas plus que de certains membres de leur clan qu'ils n'hésitent d'ailleurs pas à sacrifier sur l'autel de leurs ambitions.
Pendant ce temps pourtant, tout change et évolue; le monde des grandes familles est sclérosé et déjà en train de s'éteindre mais ni les Schoudler ni les La Monnerie ne veulent le voir, ce qui les rend presque poignants par moments tant ils mettent d'énergie à ce que rien ne bouge et à lutter contre les jeunes d'une autre génération dévorés d'ambition et qui voudraient bien eux aussi une part de ce pouvoir qu'on leur refuse.
Maurice Druon restitue à merveille le poids de l'atmosphère crépusculaire qui a dû présider à la fin des grandes dynastie de l'entre deux guerres.
Il le fait cependant sans complaisance aucune et semble prendre un malin plaisir à nous mettre face à des archétypes d'orgueil, de vanité et de cruauté pour qui la vie n'est rien de plus qu'un vaste échiquier sur lequel tous les coups sont permis.
Un très grand roman en somme dont je me suis délectée et où la langue de la première moitié du XX° siècle rencontre Balzac.
C'est addictif, très jouissif et d'autant plus captivant que rien n'a vraiment changé aujourd'hui quand on y pense...

Il me tarde à présent que les volumes suivants suivent le mouvement et connaissent la réédition qu'ils méritent.









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En 1916 Noël Schoudler, patriarche d'une grande famille bourgeoise est aussi à la tête d'un empire industriel.
Il est impitoyable et ne recule devant rien pour augmenter sa fortune.
Son fils François s'impatiente de pouvoir prendre la suite pour moderniser cet empire industriel...
Maurice Druon entame avec cette histoire d'une force peu banale le récit d'une tragédie jouée dans une grande famille industrielle française.
La haine et le cynisme font des ravages.
A la sortie du livre Emile Henriot, de l'académie française écrivait dans le monde " Un très bel écrivain est né..."
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Relu pour un challenge, je reste aussi enthousiaste qu'à ma première lecture, en refermant Les grandes familles.
Saga familiale, Paris des années 20, à ma gauche les de la Monnerie, aristocrates fortunés et très soucieux de respectabilité. A ma droite, les Schoudler, noblesse d'empire d'origine autrichienne, mais surtout banquiers et industriels riches et influents. Les deux familles sont unies par un mariage, et Maurice Druon nous dresse un portrait sans concessions de toutes les turpitudes auxquelles ces "grandes familles" sont prêtes, pour conserver gloire, richesse, pouvoir et semblant de respectabilité. Avec un style magistral et une visible jubilation, l'auteur nous passe en revue tous les membres de ces deux familles, mais aussi quelques figures satellites avec leurs vanités et leur besoin ardent de reconnaissance.
Le plus ironique, c'est quand on voit comment Druon se moque gentiment (ou non) de personnes prêtes à tout pour entre à L Académie Française, ou dans un gouvernement politique, et qu'on connait son parcours personnel. Livre prémonitoire ;-))
A lire, vraiment.

Challenge solidaire 2021
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Personne n'avoue jamais sa hantise de la mort ; et cette retenue n'est point, comme on le prétend, dignité ; elle est souci surtout de ne pas effaroucher l'aide d'autrui. L'enfant qui appréhende l'instant où la lumière va s'éteindre persuade à sa mère que c'est par tendresse qu'il attend un baiser ; le soldat qui vocifère à la portière du wagon une chanson grivoise étouffe l'angoisse qui hurle en lui, sans arrêt, comme une sirène détraquée ; la femme qui se pelotonne contre la moiteur de l'amant et le vieux ménage qui continue de faire lit commun nomment amour leur frayeur. Personne, personne n'avoue, de crainte que son aveu ne l'isole comme un pestiféré, parce que la mère, l'amant, le capitaine, eux aussi ont peur ! Tout, les civilisations, les cités, les sentiments, les arts, les lois et les armées, tout est enfant de la peur et de sa forme suprême, unique, la peur de la mort.
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Entre les sociétés de 1910 et de 1920 s'était ouverte une crevasse plus profonde, plus certaine qu'entre la société de 1820 et celle de 1910. Il en était de Paris comme de ces gens dont on dit : "Il a vieilli de dix ans en huit jours". En quatre ans de guerre, la France avait vieilli d'un siècle, son dernier siècle peut-être de grande civilisation; et cette fringale de vie que connaissait Paris était une avidité de poitrinaire.
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Et [Lartois] se mit à redouter l'instant où il se retrouverait, entre les cloisons de l'avenue d'Iéna, les portes closes au milieu de l'immense ruche assoupie des familles et des couples. Les jours ordinaires, cela était sans importance, et souvent même il ne lui déplaisait pas de rester sans autre compagnon que son reflet dans la glace. Mais ce soir, brusquement, la perspective lui en était insupportable. Cette cloche de solitude qui était tombée sur lui, l'après-midi, pendant le lourd silence de la salle, l'emprisonnait à nouveau au milieu de ses convives et la journée qu'il venait de vivre lui avait trop tendu les nerfs pour que les mets et les vins lui produisissent un effet d'euphorie. "Désormais je serai toujours placé à la droite de la maîtresse de maison, et mes articles me seront payés le double, et j'aurai mon nom dans le Larousse... Et puis après... On m'oubliera quand même... et je serai tout de même seul ce soir... Tâchons d'être brillant."
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Soudain, Marie-Ange fit un petit signe à son frère et tous deux, plutôt prêts à la frayeur qu'au rire, observèrent l'aïeul. Le vieux Siegfried finissait sa chartreuse, et comme il avait le nez énorme et que le petit verre gravé d'or était fort étroit, il ne pouvait pas parvenir à se verser la fin de la liqueur dans le gosier; il sortait, pour lécher ce qui restait au fond, une langue violette, recourbée, épaisse, qui se mouvait lentement dans le cône transparent et l'obstruait, comme une espèce de sangsue bien pleine de sang et prête à crever.
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Mais la langue grecque, cet après-midi-là, n'eut pas d'effet calmant. Il parcourait trois lignes et puis pensait : "C'est en ce moment que cela se passe. C'est peut-être déjà fini. Je suis peut-être déjà battu... Ah ! ce ne sera pas drôle la vieillesse." Il n'avait pas même auprès de lui une maîtresse de longue date, une durable affection féminine. "Je les ais toutes trop trompées, voilà !..." Puis revenant à l'obsession académique, il se dit et ses lèvres en remuèrent : "Quand je pense que j'en ai vu au moins quinze tout nus, et que je n'ai que quatorze voix ! ... Quel peut bien être le quinzième ? " Parmi les anatomies qu'il avait eues devant lui, les dos arrondis piquetés de vieux points noirs, les gros ventres surplombant un reste de toison blanche, il cherchait le traître.
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Vidéo de Maurice Druon
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