Quand les Dieux buvaient - Intégrale 1 : Blanche-Neige et les lance-missiles

Mettre d’un côté ceux qui nous pompent l’air, de l’autre ceux qui brassent du vent. Nous obtiendrons un internet climatisé. C’est ça le génie.

Evariste serra les dents : il lui aurait volontiers flanqué une grande baffe mais, outre qu'une éducation rigoriste lui soufflait à l'oreille qu'il est malséant de lever la main sur un jupon, les deux énormes trolls qui encadraient Blanche Neige le poussaient à admettre que son éducation avait raison.

« Venez, je vous prie. Je vais vous montrer mon chef d’œuvre ! »
Il ressortit par la lucarne et, à petits bonds joyeux, mena Katic de toit et toit jusqu’à un beffroi sommé d’une horloge. Il passa la clef à l’intérieur de l’horloge par une fente du cadran, puis traversa le cadran. Katic le suivit : derrière le petit œil rond de l’horloge régnait un monstre de ferraille, verni d’huile et de poussière. Croustan se mit à le tripoter en sautillant d’allégresse : « Ah, c’est mon chef d’œuvre ! Il n’y a que moi qui sache faire fonctionner cette belle mécanique. Les hommes d’aujourd’hui ont peut-être la science, mais l’Art ! Ah, l’Art, tout est là. Et ils ne l’ont plus, l’Art ! ».
Katic songea qu’ils n’avaient plus la clef, non plus.

Ch@mpi cherchait fébrilement son mot de la fin, pour clamer avec envergure à la face indifférente de ce monde cruel son dépit de finir si bêtement et d'une façon si éloignée de tous ses critères esthétiques. [...] Et Ch@mpi souffla, plus qu'il ne clama, ce qui vient au bout de la langue dans ces cas-là, ce que murmure le type qui a emmêlé la goupille de sa grenade dans les franges de son short, ce qu'on trouve à la fin des enregistrements de toutes les boîtes noires :
"Et merde."

Qu'est ce que c'est con...

C'est aujourd'hui que tu découvres qu'un brave gars face à un gros con, ça fait un brave gars de moins ?

Tu sais aussi que le vrai problème n'était pas l'invasion des anges et des diables, mais leur manque de cohérence. Il n'y a rien de pire que des divinités qui ne savent plus où elles veulent en venir. Moi, je trouvais ça bien, cette idée de rendre aux humains le contrôle de leur destinée. Même si une regrettable erreur de calcul fait qu'il n'y a plus rien à contrôler.

Tant qu’à citer le désarroi des mages, autant préciser : un mage, un sorcier, un magicien ou un mire, comme un druide ou un illusionniste, c’est peu ou prou la même chose, à savoir des hommes qui suent d’abondance sur de vieux grimoires. Ils y dénichent la façon d’utiliser l’énergie éthérée, aussi nommée magie, et en profitent pour s’habiller avec un certain conformisme et prendre des airs qui vont de l’énigmatique à l’acariâtre.

Une baguette magique qui ne sait allumer des feux que par temps sec, chez nous, on appelle ça du bois de chauffe.

Le jour s'était levé, couché et il avait l'intention de se lever encore une fois.