Citations sur Les maîtres (12)
La science est comme une maladie, une maladie qui progresse en transformant le monde et en le dévorant.
La science est comme une maladie, une maladie qui progresse en transformant le monde et en le dévorant aussi.
La raison ne saurait tout expliquer... Il faut se servir de la raison avec prudence, comme d'un instrument admirable, mais exceptionnel dans la nature, et parfois même dangereux.
M. Rohner n’a dit qu’un très petit mot:
« Alors ? »
Roch a haussé les épaules et a répondu d’une voix qu’il voulait indifférente, peut-être pour atténuer le coup:
« M. Chalgrin est nommé ».
Je suis obligé d’avouer que le visage de M. Rohner est devenu très laid. (…) Il a crié:
« C’est un intriguant ! Nous le savions ! Il n’est entré à l’Académie des Sciences que parce que je l’ai bien voulu. (…) Mais puisqu’il veut la guerre, eh bien ! ce sera la guerre. Je le briserai comme… comme… »
M. Rohner cherchait de l’œil quelque objet fragile et il s’est emparé d’une petite bouteille vide, qui se trouvait sur la table. Il répétait:
« Je le briserai comme cette bouteille ! »
Il a jeté la bouteille par terre, d’un geste furieux. Et il s’est passé la chose la plus ridicule du monde: la bouteille a rebondi deux ou trois fois et ne s’est point cassée. (…) Nous avions envie de rire et nous faisons de grands efforts pour n’en laisser rien paraître.
Je ne crois pas en Dieu, Pasquier, mais le Christ est la plus belle oeuvre de l'humanité. Des millions et des millions d'hommes ont mis des milliers d'années pour faire un Dieu, pour composer, de tous leurs rêves et de toutes leurs espérances, un Dieu. C'est un phénomène respectable. Ceux qui ne le comprennent pas sont de médiocres observateurs. Aujourd'hui, le christianisme est en péril. Il s'est encombré de trop de choses. Il traîne avec soi toutes les fables orientales de l'Ancien Testament, comme s'i l'on devait sauver tout ce sublime bric à brac. C'est une grande faute. Il faut sauver l'essentiel. Il faut sauver cette idée d'un dieu humain et charitable qui s'est cristallisée dans les âmes au prix de tant de souffrances. Et pour sauver l'essentiel du christianisme, s'il faut consentir à sacrifier quelques vieilles légendes barbares, vraiment, qu'est-ce que cela peut faire ?
Voyez-vous, Pasquier, il n'y a pas de bon régime politique. Tous ont leurs vices et leurs inconvénients. Le meilleur, à mon sens, ou plutôt le moins mauvais, c'est celui qui gêne le moins l'individu, celui qui laisse l'individu libre d'exercer avec fruit ses vertus cardinales.
Le romancier est l’historien du présent, alors que l’historien est le romancier du passé.
L'Etat est gouverné par le rebut de toutes les carrières honorables
M. Rohner n'a pas le culte de l'intelligence, il a le culte de son intelligence. Il est parfaitement sûr que lui seul est intelligent et que les autres hommes sont plus ou moins doués pour la stupidité. Ce dédain, il ne le réserve pas au vulgaire, il l'étend libéralement aux esprits réputés pour leurs mérites, pour leurs travaux pour leur ingéniosité. M. Rohner méprise indistinctement tous les autres savants et ne laisse jamais perdre une occasion de manifester son mépris. Je n'ai pas encore, des hommes, une expérience approfondie ; mais il me semble que méconnaître à ce point l'intelligence chez les autres, c'est pêcher contre l'esprit.
Dans les guerres, on fait d'abord tuer les jeunes et l'ont dit, naturellement, que les vieux ne peuvent plus faire campagne. C'est possible. Nous verrons peut-être cela plus tard. Ce dont je suis sûr, c'est qu'on fait tuer les jeunes d'abord parce que les hommes très jeunes ont, plus que les autres, le hautain mépris de la vie. Ils vieilliront, ils connaîtront toutes les douleurs, toutes les hontes, toutes les détresses ; chose terrible à dire, ils se prendront à aimer cette vie misérable et ils n'auront plus la moindre envie de mourir.