- POLICE, OUVREZ !!
- Messieurs-dames, que puis-je faire pour vous ?...
- Donc, si je comprends bien, quand vous vous retrouvez face à un monstre translucide potentiellement extraterrestre, votre premier réflexe, c'est de prendre des photos et de les poster sur Twister ? Si un jour vous tombez sur une ogive nucléaire, vous faites quoi ? Vous la vendez sur E-Discount ?
[ photographe ]
Quand j'ai découvert Twister, j'ai cru avoir enfin trouvé un outil pour partager ce que j'aimais. Sans ambition. Sans filtre. Sans argent. Pour le plaisir… Mais petit à petit, j'ai senti que je devenais l'esclave d'autres valeurs tout aussi médiocres. Le regard des autres. Et le verdict du public.
[ ▪️ Doug a posté : l'ancien sanctuaire qui domine le Loch
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▪️ Sandy a posté : mon chaton tro minion
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La rancœur s'est installée progressivement. J'ai commencé par haïr les photos de chatons. Puis à haïr les chatons eux-mêmes.
J'ai tenté de résister. J'ai fait une série de photos de loutres. Mais je ne regardais plus les choses de la même façon. Je regardais leur potentiel.
Twister me transformait en marchandise. Alors j'ai tout arrêté.
De publier. Et de prendre des photos.
Avertissements :...
Les personnages sont donc, eux aussi, purement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, sans distinction de couleur, de sexe, de langue, de sexualité, de religion, de Mac ou de PC, d'opinion politique, d'origine sociale ou toute autre situation amoureuse, en couple, célibataire ou "c'est compliqué", ne serait que pure coïncidence.
BiDiBiDip BiDiBiDip BiDiBiDip
- « viens ici tête de bit ! ! ! viens ici que je te défonce le processeur !!! »
- « Ce n’est pas « tête de bite », c’est ta mère qui vient d’apprendre, par l’intermédiaire de son facteur, que son fils se ridiculise devant les caméras. »
Bien plus que le triangle des Bermudes, le monstre du Loch Ness ou la disparition des dinosaures, la femme demeure la plus grande énigme dans l'histoire de l'humanité.
#Douglas McMurdock
La Nature se vengera. Elle sait où tu vis!
DOUG : (public)
À tous ceux qui me menacent : vous êtes prêts à lyncher un homme à distance, sans le connaître, bien planqués derrière votre ordinateur. La seule différence entre le chasseur et vous, c’est que le chasseur regarde sa victime en face.
Colonel de l'armée écossaise : Monsieur McMurdock, lors de votre rencontre, l'animal a-t-il eu un comportement menaçant ? A-t-il manifesté un comportement de chasseur ?
McMurdock : Non. Mais je n'ai pas eu le temps de lui proposer de l'alcool ou de parler politique...
Doug, bon bougre hirsute, solitaire et misanthrope vit dans une solide maison de granite au bord d’un lac d’Ecosse à Castle Loch. Vareuse marine, boucle d'oreille et bonnet en laine visé sur le crâne, Doug est un sympathique alternatif. Photographe sans succès, il tire financièrement le diable par la queue et doit laisser des ardoises pour subvenir à ses besoins courants auprès de Maggie, gérante du General Store le plus proche.
L’apparition d’un gentil monstre juste devant sa maison, sorte de sympathique dragon translucide rappelant une méduse, laisse à Doug le temps de le photographier et de publier numériquement ses photos sur Twister. C’est le début d’évènements cataclysmiques qui viennent balayer la tranquillité des lieux.
Des hordes de journalistes zélées suivie de la police, de l’armée et de militants de tout acabit vont venir bouleverser cette paisible lande celtique. Dans un ballet vindicatif jubilatoire, chasseurs contre opposants, féministes voir « femens » contre bigots viennent en découdre par un enchainement irrépressible des causes. Les anticapitalistes et nationalistes, les écologistes et nationalistes, les anti-nucléaires contre scientistes en viennent à manifester ensemble au milieu de nulle part et au nom de causes supérieures.
Dans un capharnaüm indescriptible, notre gentil monstre réapparait aux yeux de tous. Immédiatement, une multitude de drones laisse place aux hélicoptères lance-roquettes de l’armée comme une suite crescendo aux conséquences dramatiques.
À travers une satire sociale féroce et au regard de notre besoin viscéral de reconnaissance, Bruno Duhamel interroge nos pratiques numériques, notre appétence aux réseaux sociaux, notre addiction aux nouvelles technologies. Entre cynisme 2.0, ego surdimensionné et superficialité, Duhamel dénonce notre abêtissement collectif, nos sur-réactions, notre passion pour le futile.
Dessins semi-réalistes aux couleurs pastel, chatoyantes et gaies, visages caricaturaux et attachants, scenario enlevé et rythmé, tout concourt à clouer un lecteur qui recherche son souffle.
Bienvenu dans le monde merveilleux des réseaux sociaux.
Cet homme est un monstre. Voilà le résultat d'une société qui abandonne ses valeurs morales au profit de cette vulgaire course à la popularité.
Ça passe à quelle heure ? Il faut que je prévienne les copines !