Découvrant cet automne qu'un inédit d'
Alexandre Dumas sortait, je l'ai acheté tout de suite, puisque j'apprécie tellement cet auteur. Il retrouve son époque de prédilection, le XVIIème siècle avant le Grand siècle sous le règne de
Louis XIII ou plutôt de son principal ministre, le cardinal-duc Armand Jean du Plessis de Richelieu - le tableau d'histoire assez pompier de la couverture le montre bien en majesté. Car oui, il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas tant un roman d'aventures qu'un roman politique, dont le héros n'est pas le jeune et léger comte Moret, mais le politique de génie.
Dumas connaît parfaitement la période, et semble un peu vouloir tout inclure, quitte à nuire au progrès de l'intrigue : précieuses du Marais avec leurs poètes et écrivains, rouages internes du ministère de Richelieu, favoris - et favorites - du roi, romance fleur bleue et désirs sensuels, conspirations de cour, duels acharnés et batailles épiques. Cela peut donc donner une impression un peu confuse, de trop plein, certains personnages étant présentés pendant deux chapitres, pour disparaître ensuite totalement. L'auteur donne aussi beaucoup de précisions sur le contexte européen et les relations entre France et Savoie, un épisode de l'histoire un peu oublié aujourd'hui.
Le comte de Moret est une sorte de dandy, séducteur inconséquent - il jure de d'avoir d'autre épouse que sa fiancée pendant qu'il multiplie les conquêtes, se bat bien comme son père, mais semble n'avoir que peu de principes politiques, ne s'engageant pas clairement pour ou contre Richelieu.
Car c'est bien "l'homme rouge qui passe" pour reprendre la dernière réplique de
Marion de Lorme de
Victor Hugo qui est au centre du roman, le cardinal qui fascine les romantiques. Si dans
les Trois Mousquetaires, il apparaissait comme un antagoniste aux héros qui reconnaissaient néanmoins son génie et son dévouement à la France, ici, on le voit en fonctionnement. Les chapitres où
Louis XIII découvrent l'ampleur du talent de son ministre sont un régal d'humour et de spiritualité.
Si le rythme est inégal et les personnages d'intérêt variable, j'ai lu avec plaisir un roman qui mêle combats épiques (le Pas-de-Suse), analyse du pouvoir et atmosphère sensuelle, ainsi qu'un hommage au génie de
Corneille. Ce n'est pas le chef-d'oeuvre que sont
les Trois Mousquetaires, mais c'est une bonne oeuvre plaisante de Dumas.