– Et où allez-vous, Raoul ? demanda ce dernier, voyant que Bragelonne s’apprêtait à sortir.
– Chez moi, monsieur, répondit celui-ci de sa voix douce et triste.
– C’est donc là qu’on vous trouvera, vicomte, si l’on a quelque chose à vous dire ?
– Oui, monsieur. Est-ce que vous prévoyez avoir quelque chose à me dire ?
– Que sais-je ! dit Athos.
– Oui, de nouvelles consolations, dit d’Artagnan en poussant tout doucement Raoul vers la porte.
Raoul, voyant cette sérénité dans chaque geste des deux amis, sortit de chez le comte, n’emportant avec lui que l’unique sentiment de sa douleur particulière.
– Dieu soit loué, dit-il, je puis donc ne plus penser qu’à moi.
Et, s’enveloppant de son manteau, de manière à cacher aux passants son visage attristé, il sortit pour se rendre à son propre logement, comme il l’avait promis à Porthos.
Les deux amis avaient vu le jeune homme s’éloigner avec un sentiment pareil de commisération.
Seulement, chacun d’eux l’avait exprimé d’une façon différente.
– Pauvre Raoul ! avait dit Athos en laissant échapper un soupir.
– Pauvre Raoul ! avait dit d’Artagnan en haussant les épaules.