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Citations sur Le grand soir (45)

à cinquante-sept ans ! à essayer encore une fois de faire tenir debout une anguille de vie, que ses mains savent plus comment la retenir
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on reste jamais que ce petit bout de vie, si fragile ! qui toujours appelle pour qu’on vienne à lui, qui appellera toute sa vie et encore à la dernière seconde avant de tout lâcher en espérant… Espérer quoi ?
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Voilà ce qu’il était devenu Courbet, un témoin… témoin de la bande qui entourait Monet ce jour-là, Pissarro, Daubigny, Renoir, Sisley et Manet ! des jeunots, encore à leurs trente ans. Il avait dû le sentir ce jour-là, le monde changeait et il n’en était pas !… il faisait du surplace quand les autres gambadaient. C’est ça vieillir, on voit courir les autres, on pourrait encore mais à quoi bon, ce qu’ils en rapportent nous laisse perplexes, on ne s’y reconnaît pas, on est devenu comme un miroir qui ne reflète plus le monde, le vivant, celui qui s’agite, et on se dit qu’il serait bien étonnant qu’il se révélât différent de l’autre qu’on ne connaît que trop bien hélas, alors à quoi bon ! Courbet avait vieilli.
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— Ah, on va vivre ! On a commencé ! Ce matin, en me levant je me suis dit : Marius t’as trente-cinq ans et c’est maintenant que tu commences à vivre !… Merde ! Va falloir se rattraper, y a du chemin à faire ! Je t’en ai une de ces envies de vivre nom de Dieu ! pas toi ?…

— L’emmerdement c’est que moi j’ai cinquante ans !

— Alors faut y aller, faut y aller !… T’es pas encore moisi, on l’a bien raide encore à cinquante ans, un roc comme toi… à soixante-dix ans, t’aurais vu le grand-père chez moi…Il s’était mis à siffler entre ses dents et son bras allait et venait, le poing bien fermé.

— Nom de Dieu Courbet, le paradis c’est maintenant qu’il nous le faut ! Ici qu’on le veut pour qu’on le laisse à nos petits… qu’ils n’aient plus qu’à faire pousser des fleurs et se rouler dans l’herbe. J’ai toujours aimé ça moi, me rouler dans l’herbe, pas toi ?…

— Oui, mais avec une bergère pour lui sucer les tétons !
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Il fuyait toujours… Il n’y avait rien à faire qu’à attendre que ça passe, parce que rien ne tient ici-bas. Il ne restait pas sans peindre, mais en vagabond, l’œil lisse aussi… Il avait trop vu, trop fait, où qu’il aille maintenant, il en avait vite fait le tour.Après quelques mois, il avait trouvé le Bon-Port… un signe ! une ancienne auberge, les pieds dans l’eau, près de Vevey, libre, qui l’attendait… il n’avait pas hésité. (…) La vue était belle, il pouvait se baigner à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il n’y avait que là que son corps ne lui pesait plus, et aussi le froid de l’eau le rassemblait… parce qu’on pouvait saisir ses toiles, manger sa fortune, il y avait pire encore… la part profonde de son être n’était pas dans de bonnes mains et il le ressentait dans tout son corps, comme si on lui arrachait un bras, une jambe.
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S’il se racontait des histoires… s’il ne pouvait plus se fier à ce sens qui l’avait conduit à ne rien faire comme les autres, son outil de travail en somme, s’il l’avait abîmé ou perdu, alors… Alors ?Alors, tout allait de travers ! (…) Tout qui lui retombait… Une anguille de vie, pire, une matière informe, une bouse chiée là, condamnée à se sécher… A payer !
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il a vieilli, il a vécu… C’est peut-être ça vivre, la nature de vivre, rien qui dure ! Il n’a rien tué du tout… Il a seulement épuisé le vivre, ce n’est que sa soif qui se lamente, qui veut encore et encore…
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C’est peut-être une histoire d’amour la Commune, des hommes et des femmes touchés par la grâce… C’est une grâce l’amour, un rayon de soleil qui vient vous réveiller en pleine nuit, personne ne le voit que vous… là, c’était une ville qui s’était réveillée et qui en oubliait presque ses morts. Jamais Paris n’avait autant baisé et gaiement s’il vous plaît, des couples qui se formaient dans les rues, dans les réunions, on n’en finissait plus de se réunir… tu me regardes, je te regarde ! c’est pas compliqué l’amour quand ça veut bien… et ça voulait rien d’autre ! Jusqu’au Comité central qui avait voté en faveur de l’union libre… pour qu’il n’y ait plus de bâtards qu’on disait. Tu parles ! C’était dans l’air qu’on s’envoyait, union libre ou pas ! et ça urgeait, on n’avait pas attendu le vote…
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— Au fond qu’est-ce qu’on voulait ?… D’abord en finir avec cette connerie de guerre, peu importe l’autre qui était en face… en finir ! place au peuple ! Mais le peuple ?… C’est un peu comme être heureux, c’est pas bien facile à cerner. C’est tout le monde le peuple… quand on est à la Bastille, on peut dire que c’est là, maintenant, le peuple… Là, c’est facile on l’a sous la main, à toucher, tout le monde en est… mais après c’est plus que des morceaux, on voudrait qu’ils tiennent ensemble… C’est ça le peuple, des morceaux qui tiennent pas bien ensemble, on essaye par tous les bouts et parfois ça marche, alors on se dit que c’est possible… pas trop longtemps, mais possible quand même…
On se dit que c’est tout le contraire de Thiers et de tous les jean-foutre, les napoltrons ! ça peut pas être leurs saloperies, c’est propre le peuple… C’est pas toujours le même qui brille, c’est des élections, c’est être tous égaux, heureux, égalité, fraternité… C’est rien que vouloir le bien pour l’autre… non ! ça c’est les curés ! ils en ont plein la bouche et on l’a déjà bouffée cette soupe… l’autre aussi d’ailleurs, l’égalité ! ça donne pas du propre à l’arrivée…
— Non, le peuple c’est pas ça… le peuple c’est… inventer… Oui voilà, il faut inventer maintenant, une autre vie, un autre monde.— Ça s’invente pas la vie.
— Comment ça ? Et pourquoi pas !
— Ça ne change pas les hommes.
— Que si ! Serait-ce que tu ne veux pas que je change ?
— Je veux, mais…
— Alors, ne commence pas par dire que ça peut pas !
— On n’est pas les premiers à vouloir.
— Et pourquoi on ne serait pas les premiers à réussir ? Y en a bien des premières fois ! des inventions ! non ?
— …
— T’es rien qu’un pessimiste, un mange-merde…
— Oui peut-être.
— Pas peut-être, c’est sûr ! L’homme a l’esprit pour inventer… C’est rien que ça un homme, sinon c’est une bête.
— On est peut-être des bêtes.
— Que non ! Est-ce qu’on serait là à parler comme ça ? On va leur montrer tout ce qu’on peut inventer. Place à l’Homme ! Place à la Commune, à l’Invention…
Là on ne peut plus rien dire, les inventeurs ont toujours le dernier mot… tant qu’ils n’ont rien inventé.
On en était là dans la nuit du 17 au 18 mars, on allait inventer et ça allait être beau, la nuit était belle et personne n’avait tiré parce que de l’autre côté il s’en racontait aussi des histoires, ça gambergeait, ça voulait que du bien… on appelle ça l’espoir
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Retrouver ce jus qui fait pousser les œuvres, il passe par la femme c’est pas une découverte, le désir, l’inspiration, la créativité c’est du même, les branches d’un même tronc.
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