Citations sur Angélina, tome 1 : Les mains de la vie (24)
Mais, répète-toi cette phrase de mon maître à penser, Voltaire : "Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent".
Dès que je croise Philippe, je ne cesse d'y penser. Admettons que je devienne sa femme, il va forcément découvrir que ne suis plus vierge...Il ne me pardonnera pas de l'avoir dupé sur mon innocence, et, si je lui dis la vérité avant nos noces, il me rejettera. Un docteur en obstétrique, vous me comprenez, je ne peux pas lui faire avaler des couleuvres...
Gersande de Besnac s'empara à nouveau des mains d'Angélina et les étreignit.
- Dès que j'ai fait ta connaissance, j'ai senti que tu souffrais beaucoup d'avoir perdu tes grands-parents du côté maternel et paternel. Je suis flattée et touchée de pouvoir veiller sur toi. L'épidémie de choléra a endeuillé tout votre pays.
Le tilleul a des vertus calmantes, et le miel vient à bout de nombreuses infections...
Ici, dans nos vallées, on grimpe où on veut et sans se plaindre jusqu'à quatre-vingts ans ou plus.
- Tant que tu resteras honnête et sage, tu me feras honneur, même habillée d'un sac en toile de jute. N'oublie pas que la modestie et la pudeur sont des valeurs sûres.
- Oui, papa! soupira-t-elle en sortant la première de l'atelier.
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- Inutile de te justifier, papa. Je sais que tu as souffert de mon absence. J'aime bien Madame Marty. Et ne t'inquiètes pas, je préfère retourner chez ma chère amie Gersande. J'irai dès que j'aurai défait ma valise. Puisque tu es passé aux aveux, je dois t'annoncer quelque chose à mon tour. Nous aurons de la visite, au mois de juillet. Le docteur Philippe Coste. Il viendra te demander ma main.
En proie au doute, Angélina demeurait sur la défensive. Même si le bohémien au regard de braise lui semblait familier, elle se méfiait.
Dès qu'elle pénétra dans l'hôtel Dieu aux proportions monumentales, ses préoccupations s'envolèrent. Il y avait de quoi être intimidée. Une porte intérieure en chêne clair s'ouvrit tout à coup. Une femme apparut, en longue blouse blanche, un foulard également blanc sur les cheveux. Très grande avec une poitrine imposante et les traits durs, elle pointa l'index en direction d'Angélina.
- Mademoiselle Loubet ?
- Oui, Madame.
- Je vous attends depuis vingt minutes. Dans cet hôpital, le temps est compté. Les autres nouvelles patientent dans le réfectoire, où le dîner sera servi à dix-neuf heures. D'ici là je dois vous exposer le règlement. Suivez-moi.
"Je ne me rendais pas compte de ma chance, pensa-t-elle une fois dans la cour. Mes parents ont tenu à ce que j'aie de l'instruction et je n'ai jamais manqué de rien. Mademoiselle Gersande a veillé à parfaire mon éducation. Comment ai-je pu me plaindre de la trahison de Guilhem ? Je dois le rayer de ma vie. Je chérirai mon fils, il sera instruit, beau et fort. Et moi, sa mère, je serai fière de lui. Je ne suis pas à plaindre, ça non !"