Le film documentaire « Caniba » de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, sorti l'année dernière, a remis sous les projecteurs la figure d'Issei Sagawa, surnommé dans les médias français,
le japonais cannibale (au Japon, c'était l'étudiant parisien).
Au moment du crime - juin 1981 – Patrick Duval est alors au Japon. Dès lors cette histoire va le poursuivre et pour tenter de la comprendre, il entreprend d'écrire à Issei Sagawa. Nous sommes en juillet 1985. Sagawa lui répond immédiatement. Une correspondance s'en suit, et au début de l'année 1986, Patrick Duval de retour au Japon va le rencontrer.
C'est seulement quelques années plus tard que le journaliste écrira ce livre où il tente donc de décrypter cet acte « cannibal ». On lit donc le portrait d'un homme obsédé depuis sa toute jeune enfance par ce fantasme. Surprenant, (?) il n'a jamais été vraiment soigné : pas de suivi psychiatrique au long cours.
Le livre est fort intéressant – éprouvant aussi dans la description du crime – car Patrick Duval cherche aussi bien dans la culture et la mythologie japonaise, que dans l'expertise psychiatrique les racines du « mal ».
Les longues heures d'entretien permettent de faire la biographie du japonais ; sont citées aussi, de larges extraits du rapport d'expertise des psychiatres pour l'instruction ; de très nombreuses lettres – celles de leur correspondance par exemple ; et pour les férus de psychanalyse, les interprétations de Jean-Claude Jugon, que l'auteur sollicite. le livre permet également de voir les différences entre les système juridiques japonais et français : « considéré comme fou en France (où il a bénéficié d'un non-lieu) mais jugé sain d'esprit au Japon (où il n'est poursuivi, officiellement, pour aucun crime), Sagawa se retrouve dans une situation paradoxale, une sorte de faille juridique inédite, qui lui permet d'échapper à toute poursuite ». le loi japonaise ne reconnaît pas par exemple la perversion sexuelle comme une maladie mentale.