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EAN : 9782081478398
304 pages
Flammarion (21/08/2019)
3.96/5   660 notes
Résumé :
Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation.
Ce roman est l'histoire d’un homme qui travaille dans un abattoir (…).

Le tour de force d’Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ sans difficulté. Elle y parvient en nous précipit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (216) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 660 notes
°°° Rentrée littéraire 2019 #25 °°°

Rouch, je suis soufflée et très impressionnée par l'audace dont fait montre cette jeune auteure argentine qui ose un premier roman au postulat de départ complètement dingue : le cannibalisme légal.

Dans un monde d'anticipation qui ressemble furieusement au nôtre, les animaux ont été décimés par une pandémie, la GGB ( Grande Guerre Bactériologique ), rendant la consommation de leur chair impossible. Les autorités du gouvernement de type totalitaire ont convaincu la population de manger de la viande humaine.

Cela fait très longtemps que je n'avais pas lu des pages au bord d'un malaise quasi nauséeux ( depuis certaines scènes des Bienveillantes, je pense ) et j'ai la couenne plutôt coriace en général. Mais là, dès les premiers mots «  Demi-carcasse. Etourdisseur. Ligne d'abattage. Tunnel de désingection. », uppercut direct, pas de préliminaires lubrifiants ton esprit pour le préparer au choc. le descriptif minutieux, clinique, du développement industriel de la consommation de chair humaine, de l'élevage à l'abattage, est insoutenable.
L'écriture d'Agustina Bazterrica est polysensorielle, au fil des mots, des visions, des odeurs surgissent, des sons aussi, tu as beau les refouler, ils sont bien présents, et tenaces. Oui. Tous les lecteurs ne pourront pas supporter ou n'auront pas envie de s'y plonger. Normal.

Normal, mais j'ai pourtant dévoré ( ha ha ) ce roman en quelques heures. Pas par masochisme mais parce que derrière l'atroce, il y a du fond. L'horreur n'est pas gratuite juste pour jouir de son caractère quelque peu fascinant.
Agustina Bazterrica décrypte avec pertinence les ressorts du totalitarisme comme la propension du quidam à croire un discours officiel et à accepter de faire des choses inimaginables sans se poser plus de questions de cela sur la propagande déversée qui présente cela comme une solution à la pauvreté ou la surpopulation. La novlangue de ce cannibalisme institutionnalisé censure des mots perçus comme aussi subversifs que le fait d'avoir des relations sexuelles avec un de ces êtres humains élevés pour être manger : on ne peut plus dire « homme » mais «  tête », on parle de «  viande spéciale », d'"extrémité supérieure » pour éviter le mot « main » etc.

Derrière cette façade totalitaire, on peut également lire une critique sans concession de notre société de consommation tout court, bien évidemment de la consommation de viande et des méthodes actuelles d'élevage et d'abattage des animaux, même si le pamphlet vegan va bien au-delà de ce simple point.

Tout est dérangeant dans ce roman, mais ce qui est évident, c'est le talent de cette auteure pour construire avec brio un récit glaçant, pour nous faire accepter comme réel un postulat ignoble et dingue. La montée vers l'horreur finale est d'autant bien maitrisée qu'elle s'appuie sur un personnage principal à laquelle notre empathie s'accroche comme une bouée lumineuse dans le chaos. On a tellement envie de voir en lui un peu d'humanité que la fin nous cueille, terrible.
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J'ai été glacée en lisant les premières pages de Cadavre exquis.
Une Grande Guerre Bactériologique (GGB) a eu lieu et il n'a plus été possible de manger des animaux car ils avaient contracté un virus mortel. Des scientifiques ont créé une nouvelle race à partir de génomes humains, qui servira de bétail. Carlos Tejo, bras droit des abattoirs Krieg, lors de son travail, doit visiter les élevages, les tanneries, les boucheries...
Les descriptions sont vraiment horrifiantes, parfois à la limite du soutenable. J'ai parfois dû m'obliger à poursuivre ma lecture tant il y avait de cruauté et d'inhumanité dans les pratiques. Et voilà qu'un élément nouveau survient lorsqu'un éleveur fait cadeau à Tejo d'une femelle...
Ce premier roman de l'auteure argentine Agustina Bazterrica m'a obligée à sortir de ma zone de confort. C'est un roman fortement déstabilisant qui montre d'une part, que les hommes de pouvoir peuvent parvenir quasiment à tout, nous manipuler avec de fausses études, de fausses informations et l'appui de scientifiques soudoyés et arriver à faire taire les foyers de protestation. D'autre part, ce roman de science-fiction n'est autre qu'une caricature géante de ce que l'homme, depuis des décennies fait subir aux autres animaux. Je ne suis pas végane, seulement flexitarienne et en lisant ce livre, je revoyais les étals de viande dans les supermarchés, les expériences récentes avec les vaches à hublot ou les terribles conditions d'abattage dévoilées par l'association l'214.
Les descriptions faites par l'auteure sont effroyables et, à mon avis, prennent trop de place dans le roman et sont exagérément gores, un peu moins aurait suffi à rendre compte.
Par bonheur, le personnage de Tejo, homme malheureux, décrit ainsi " Un type dont le bébé est mort et qui se traîne dans la vie avec un grand trou dans la poitrine. Un type marié à une femme détruite. Son boulot consiste à abattre des humains pour subvenir aux besoins de son père dément qui est enfermé dans une maison de retraite et qui ne le reconnaît même plus " apporte une note "humaine", non dénuée de poésie. J'ai été très sensible aux évocations de son enfance avec son père, au zoo; cet amour filial est abordé à plusieurs reprises. de même, lorsque Tejo s'éprend peu à peu de cette femelle Première génération et va petit à petit, à l'insu de tous, en prenant des risques énormes, la traiter comme un être humain.
Le suspense va aller crescendo dans les derniers chapitres jusqu'au dernier paragraphe et à la dernière phrase qui m'a laissée pantelante ! Impossible de sortir indemne de ce bouquin qui m'a parfois fait penser à l'excellent Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message (Prix Orange 2016).
Le gros reproche, et pas des moindres, que je lui fais, ce sont ces trop nombreuses scènes trash qui risquent d'indisposer pas mal de lecteurs et leur faire stopper leur lecture avant la fin, ce qui serait dommage. Ma conclusion sera donc : "âmes sensibles, s'abstenir"...
NB : Une mention particulière pour la couverture : son originalité, la photo et les teintes choisies résument bien ce roman de SF.

Livre lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Bon appétit !
Il en faut pour mastiquer ce roman saignant dont le titre résume parfaitement l'histoire.
Je sais que ce billet a un petit goût de réchauffé car ce récit d'anticipation morbide a déjà rencontré un vrai succès et il a bénéficié d'un excellent bouche à oreille crue, en passant aussi par la brochette des petits doigts de nombreux Babeliotes. Mais tant pis, je ne suis pas le roi du micro-ondes des plats déjà cuisinés pour rien et je vous livre ma recette en drive.
Dans un futur plus ou moins conditionnel, tous les animaux et pas seulement ces pauvres pangolins, sont frappés par un virus mortel transmissible à l'homme. A défaut de masque, l'homme extermine toutes les bestioles de la surface du globe.
Sans plus aucun os à ronger et face à une demande carnée acharnée, l'humanité décharnée légitime puis réglemente le cannibalisme sans prononcer ce mot aussi indigeste qu'interdit. Bizarrement, ni l'auteure, ni personne n'a eu l'idée de rendre le véganisme obligatoire. Il y a des limites à l'horreur.
Pour que la morale soit sauve, les consciences apaisées et les estomacs rassasiés, après avoir d'abord mitonné les plus pauvres, les migrants, les vieux et les malades, un élevage de bipèdes avec le statut de « viande spéciale » est organisé.
Ce roman possède l'atmosphère d'une chambre froide. C'est la bureaucratie Kafkaienne au milieu des carcasses labellisées.
Marcos, le héros, travaille dans un abattoir qui met à mort le bétail humain dont on a coupé les cordes vocales pour leur ôter le langage et certainement la capacité de se plaindre à un syndicat. Une façon d'éviter la révolte des colis d'Amazones.
Marcos a conscience de l'atrocité de son quotidien, mais il doit continuer à travailler pour financer le placement de son père sénile. La perte de son enfant et le départ de sa femme l'ont vacciné contre toute sensibilité. Néanmoins, il finit par garder chez lui une femme promise à l'assiette. Au début, il ne sait pas trop quoi en faire mais il trouve rapidement le mode d'emploi et retrouve par la même une part d'humanité.
J'en reste à l'entrée et vous laisse découvrir le plat de résistance mais sachez que le comble du chic dans ce roman est de disposer dans les bonnes familles de sa propre créature pour la découper peu à peu tout en la laissant en vie pour réussir ses diners mondains. de la Pâta negra qui bouge.
La force du roman d'Agustina Bazterrica tient pour moi à son ultra réalisme. Elle pousse le processus de deshumanisation de nos sociétés à son paroxysme, décrit la dictature du paraître, la capacité de chacun à se mentir pour accepter l'intolérable face à un système qui peut normer légalement des abominations, légiférer sous les hourras des horreurs, noyer la masse à l'eau tiède, et je peux continuer encore longtemps pour rendre cette phrase interminable.
Ce récit est aussi une fable. En tuant les animaux, c'est la fin de l'état sauvage et le triomphe de la domesticité de l'homme. L'auteure y glisse aussi un peu de poésie à travers les visites de Marcos dans un zoo abandonné.
J'ai lu dans plusieurs critiques que les âmes sensibles devaient s'abstenir. Il est certain que ce n'est pas du Jane Austen mais je préconise au contraire au plus grand nombre d'ouvrir le menu.
Les scènes gores ne sont pas gratuites. Il ne s'agit pas d'une série Z avec un psychopathe armé d'une tronçonneuse chassant des étudiantes courtes vêtues dans une forêt mais de la description d'une inconscience collective poussée à son paroxysme. La construction du récit est habile et l'issue imprévisible.
Je suis omnivore, mais j'ai un coeur. A point. Pour ne pas virer au bleu après cette lecture, je continuerai à manger un peu de viande tout en évitant de donner un nom à mon steak.
Chérie, y'à quoi à manger ? Pour une fois, j'essaierai bien tes trucs verts qui ressemblent à des virus. Oui, des brocolis, c'est ça. Non, non, je vais bien.
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Mais il provient de qui
Ce cadavre si exquis ?
Est-ce celui d'un animal ?
Et alors ce serait normal ?
Élevage intensif sans limites
Puis abattage à la va-vite.

Sauver l'humanité à tout prix
Même à consommer l'inouï ?

Le concept est odieux et par ce tour de passe-passe extraordinaire, l'auteure réussit à déclencher une empathie sans commune mesure avec celle éprouvée d'ordinaire pour les animaux voués à être avalés et pourtant déjà immense.

Une fois de plus, seules les étoiles, mais aussi la couverture, m'avaient attirée ; c'est si mignon un écureuil !

Point de noisettes au menu, mais un assortiment de plats plutôt épicés. Quelques salades servies avec aplomb par la société, un plat de résistance consistant et pimenté comme aucun grand chef n'avait osé le faire. Et pour le dessert, une petite surprise au coulis aigre-doux.

Pour le digestif, il est absolument indispensable : vous reprendrez bien un doigt d'eau-de-vie ?

Les scientifiques se mettent au service des cuisiniers, mais qui du bétail ou de l'homme est le plus bestial ? Nourriture trafiquée, le trafic finit par devenir légal.

Et la femme qu'on diffame?
Qui sans enfant se sent infâme ?

Nos pupilles se dilatent
Nos papilles se rétractent

Les pages offrent des satyres
Dans cette excellente satire
Parce que ça tire à bout portant
Ça tire à tout bout de champ.

Même si très tôt j'ai deviné la fin
Vous devinez que je n'ai plus faim.

Un livre très profond qui bouscule.
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Imaginons un monde futur où toute espèce animale a été disséminée suite à un virus. Les animaux domestiques euthanasiés pour éviter toute propagation de la maladie. Monde apocalyptique où le cannibalisme devient à la mode. Plus de cimetières, quelques boucheries hors de prix où se vendent têtes, doigts, langues, pénis, de la chair bas de gamme à celle de luxe à travers les foetus et enfants en bas âge. Glauque n'est-ce pas...

Marcos est un de ces hommes qui travaille dans l'abattoir de l'horreur. Depuis que son père est placé, que sa femme l'a quitté, que sa vie s'est effritée, il voue un dégoût certain pour ce travail. Lui, il ne mange pas de viande. Il bosse pour payer la maison de retraite de son père.

Bon bon, ce roman m'intriguait fortement. Un sujet certes épouvantable (le cannibalisme) mais combien singulier avec cette possibilité de susciter réflexions et d'amener une trame pertinente et efficace.
Dégoûtant c'est le mot qui me vient en premier à la fin de ce livre. Dégoûtant parce qu'on vit quelques heures en autarcie dans cet abattoir de l'horreur. Rien ne nous est épargné. Des procédés d'abattage, les génomes humains traités comme du bétail, servant de cobayes, déshumanisés jusqu'à l'extrême. Et c'est sûrement là que le bât blesse. L'histoire est une grande et dégoûtante autopsie clinique. L'abattoir en toile de fond les trois quart du livre. Les personnages évoluent peu ou pas. Ils semblent tous résignés, amnésiques d'une vie antérieure empreinte d'éthique, dépourvus d'empathie, d'amour, de sentiments, d'éducation, de moral, d'émotions. Ils sonnent creux. Ils se mangent entre eux parce qu'il faut se nourrir, que l'humain est devenu comestible, légalisé. Ça renvoie à notre propre mode de consommation carnivore. Sauf qu'ici on imagine le goût en bouche de l'oreille de son voisin.

Je n'ai pas été choquée comme certains par le plus laid dans ce roman, j'ai trouvé un certain côté addictif et interrogatif. Ça interroge aussi notre conscience sur le problème de surpopulation qui nous pend au nez, les dérives de l'homme, d'une société immorale, guidée par un ventre criant famine. Par contre, le passage sur la maltraitance de chiots m'a été insupportable....

Malgré tout, c'est un roman qui m'a semblé horriblement froid, trop clinique, trop descriptif dans les scènes d'horreur. J'attendais un sursaut d'humanité, une note de couleur sur le tableau noir, une psychologie plus marquée et totalement absente ici. J'ai rarement lu un roman aussi froid. On s'imagine un tournant en seconde partie quand Marcos s'attache à une « femelle » enchaînée chez lui mais la fin est tellement incohérente par rapport au profil de Marcos que je suis plus que perplexe. Une impression que l'auteure voulait expédier son histoire et la clôturer vite fait. Mais cela ne tient pas la route à mon humble avis.

Impression plutôt en demi-teinte. Je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou détesté ce roman. Je l'ai lu sans ennui et avec entrain même. Convaincue ou pas, je n'en sais strictement rien.
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critiques presse (2)
Actualitte
04 novembre 2019
Une tension bien gérée, une fin à couper le souffle, à laquelle je ne m’attendais absolument pas. Âmes sensibles s’abstenir pour ce roman qui interroge nos habitudes de consommation et le spécisme de façon plus générale. Un roman d’actualité en somme !
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
01 octobre 2019
Tout l’art de cette dystopie ­glaçante est de souligner la façon dont les digues morales ont cédé l’une après l’autre, permettant à une pratique hier abominable de devenir parfaitement admise, en fait encouragée par le système ­capitaliste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (127) Voir plus Ajouter une citation
- Il faut respecter la nourriture, cavaler. Toute assiette contient de la mort. Prenez-le comme un sacrifice que d'autres ont fait pour vous.
De nouveau ses ongles ont frôlé sa main, un frisson le parcourt. Il a l'impression de pouvoir entendre les crissements sous la peau d'Urlet, ce hurlement sourd, cette présence qui cherche à sortir. Il avale les fresh fingers pour en finir le plus vite possible et s'en aller. Il ne veut pas deviser avec Urlet de ses théories artificielles. Il ne lui dira pas qu'un sacrifice, normalement, requiert le consentement du sacrifié, pas plus que si tout contient en effet de la mort, et pas seulement ce plat, alors lui aussi, Urlet, meurt à chaque seconde qui s'écoule, comme n'importe qui d'autre.
Il se surprend à constater que les doigts sont exquis. Il se rend compte à quel point manger de la viande lui manque.
Un assistant apporte un plat unique et le pose devant le chasseur qui a tué le musicien. Solennellement, il annonce :
- Langue d'Ulises Vox marinée aux fines herbes, servie sur son lit de kimchi et de pommes de terre au citron.
Tout le monde applaudit en riant. Quelqu'un dit :
- Quel privilège de manger la langue d'Ulises. Après tu nous chanteras l'une de ses chansons, on verra si ça rend pareil.
Ils éclatent tous de rire, sauf lui ; lui, il ne rit pas.
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Lorsque Spanel a ouvert sa boucherie, elle imitait la découpe traditionnelle des bovins pour que le changement ne soit pas trop abrupt. On se serait cru dans une boucherie d'antan. Petit à petit, cela a changé, doucement mais sûrement. D'abord, il y eut les mains sous vide, sur le côté, cachées entre les milanaises à la provençale, l'aloyau et les rognons. La barquette portait l'étiquette de la viande spéciale, et dans un coin, la mention "extrémité supérieure", pour éviter stratégiquement le mot "main". Avec le temps, Spanel s'est mise à proposer des pieds en barquette, qu'elle présentait sur un lit de salade verte avec l'étiquette "extrémité inférieure", puis plus tard, un plateau avec des langues, des pénis, des nez, des testicules avec un petit panneau qui disait "Délices Spanel".
Au bout d'un moment, et en s'inspirant des morceaux du cochon, les gens ont fini par appeler "pattes avant" les extrémités supérieures et "pattes arrière" les extrémités inférieures. Grâce à cette licence et à ces termes qui abolissaient l'effroi, l'industrie les a classifiées ainsi.
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Pendant la Transition toutes les boucheries ont fermé, et ça n'a été qu'après, une fois le cannibalisme légitimé, que certaines ont rouvert. Mais elles restent réservées à une élite, tenues par des patrons intransigeants sur la qualité. Peu parviennent à avoir deux boucheries, et le cas échéant, la seconde est souvent gérée par un parent ou un proche digne de confiance.
La viande spéciale vendue en boucherie étant pratiquement inaccessible, s'est développé un marché noir où l'on peut en acheter de la moins chère ; moins chère, parce qu'elle échappe aux contrôles et aux vaccins, et parce que c'est de la viande facile ; de la viande avec un nom et un prénom. C'est ainsi qu'on appelle la viande illégale, celle qui est chassée puis transformée après le couvre-feu.
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— Avez-vous déjà mangé un être vivant ?
— Non.
— Ça a une vibration, une chaleur douce et fragile qui le rend particulièrement délicieux. Mordre dans une vie. C’est le plaisir de savoir que, par votre intention, par votre action, cet être a cessé d’exister. C’est sentir expirer doucement cet organisme complexe et précieux, et qui a d’ores et déjà commencé à faire partie de vous-même. Pour toujours. Ce miracle me fascine. C’est une possibilité d’union indissoluble. 
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Il sort de la tannerie et se sent soulagé. Une fois de plus, il se demande pourquoi il s'inflige cela. Et la réponse est toujours la même. Il sait pourquoi il fait ce travail. Parce que c'est lui le meilleur et qu'on le paie en conséquence, parce qu'il ne sait rie faire d'autre et parce que la santé de son père ne lui laisse pas le choix.
Parfois, on doit porter le poids du monde sur ses épaules.
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