Citations sur Capitale du Nord, tome 1 : Citadins de demain (33)
Vous êtes hilarants. En attendant, l'histoire de Chamisso Caracola m'a enseigné quelque chose que vous ignorez : l'âme se doit d'être mobile ou elle dépérit. Il faut la projeter : au ciel, vers l'être aimé, à ses proches, au sol dans un instant de rage, car oui, on peut tout à fait se prendre à...
«Je n’arrive pas à y croire: je t’apporte une demi-douzaine des meilleurs harengs du marché et tu ne m’en proposes pas même un ! dis-je sur un ton faussement scandalisé. Quel genre d’ami cela fait-il de toi ?
– Un profiteur et un égoïste, pourquoi ? Et si toi, tu n’offres les meilleurs harengs du marché que pour te les voir offrir en retour, quel genre d’amie cela fait-il de toi ?
– Quelqu’un qui croit en vain à la libre circula- tion des biens, j’imagine. Ou à l’amitié, et toutes ces billevesées
Quand on est heureux, on a moins de mal à accepter le monde tel qu’il est.
-Il me fait vraiment peur, poursuivis-je en tâchant de garder une voix ferme.
-Gardez la tête haute et pensez à votre repas du soir. C'est comme ça que j'ai toujours fait.
Tu n'aimes pas ce que j'ai à te dire, hein ? reprit Ebelin. Ton univers entier est un mensonge, Amalia. Et le pire dans tout ça, c'est que tu joueras des pieds et des mains pour le préserver, parce qu'un mensonge confortable vaut mieux qu'une réalité périlleuse, non ?
Hirion et moi n'étions pas rationnels, mesurés, sages, pragmatiques comme nous étions censés le devenir. Nous étions juste de grands enfants qui n'avaient jamais quitté le nid, qui se pensaient capables de tout parce que c'était ce qu'on leur avait mis en tête, mais qui émotionnellement étaient encore des pages blanches.
Voici comment, pour moi, la page a commencé à s'écrire. (p13)
« J’espère ne pas t’avoir choquée, dit-elle. Racontée ainsi, l’histoire manque singulièrement de romantisme…
– Mère, laissons les histoires d’amour aux Van Hautenluft : je suis plus sensible aux histoires d’ambition. Vous m’élevâtes ainsi, je n’y peux rien. Je t’envie d’avoir dû tes fiançailles à tes propres calculs et non à ceux de ta famille. Je t’envie d’avoir eu des objectifs et d’avoir su les remplir. »
La demeure des De Wautier était grande, outrageusement grande, à la mesure de la fortune de la famille, et pourtant c'était un endroit d'une tristesse sans nom, du moins à mes yeux.
Tout comme je n'aimais pas que mon seul espoir fût de pouvoir contourner les règles juste assez pour rendre mon existence acceptable sans me faire prendre.
– Ce sont des noms havenois, répondis-je.
– Exactement. Ce sont d’anciennes familles de Dehaven. Ils peuvent toujours s’habiller en indigènes pour jeter des tonneaux d’indigo dans leurs propres ports, n’oublie jamais cela : ces insurgés sont des descendants de colons. Ils naquirent là-bas, comme leurs parents, voire leurs grands-parents, mais ils ne sont pas les autochtones qu’ils s’imaginent être. Ceux-là, les vrais, ne feront que changer de maîtres dans l’opération, guère plus.