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Quand l'urbanité se fait épopée littéraire…

Le cycle de la « Tour de garde » est un projet ambitieux dont il convient de rappeler les fondements : deux capitales, deux trilogies écrites chacune par deux auteurs, respectivement Claire Duvivier (présente à de nombreuses tables rondes lors des récentes Utopiales de Nantes) pour la capitale du Nord et Guillaume Chamanadjian pour la capitale du Sud. Deux ambiances totalement différentes, presque opposées, deux façons de vivre et deux cultures antagonistes. Des liens subtils entre les deux villes sont entrevus dès les premiers tomes. Avec une pincée de fantasy dans chaque trilogie apportant son lot de mystères et une ambiance teintée d'étrangeté et d'onirisme. Un projet de fantasy urbaine française qui plus est !

La capitale du Nord est Dehaven, ville inspirée par l'Amsterdam du Siècle d'or, cité bien organisée, traversée par des canaux, ville portuaire prospère économiquement en grande partie grâce à l'exploitation de ses colonies ; la capitale du Sud est Gemina, ville tentaculaire et bouillonnante, ville de la poésie, de la gastronomie et du vin inspirée par Sienne et la Florence de la Renaissance. Une cité chaotique aux rues protéiformes gérée par factions suscitant jalousie et luttes pour le pouvoir.
Alors que le tome 1 de Capitale du Sud était tout en sensualité et sensorialité, c'est un texte logiquement plus froid, moins clinquant et surtout moins poétique, plus structuré à l'image des personnages qui les traverse et à l'image de la ville, qui nous est proposé avec Capitale du Nord.
Nox était la voix de Capitale du Sud, c'est désormais Amalia, intelligente et pragmatique, qui nous guide dans ce premier volume de la trilogie nordiste « Citadins de demain ». Amalia est entourée de deux compagnons, Hirion également noble et Yonas roturier destiné à prendre la suite de son père à l'écluse. Amalia, est en lien avec Hirion depuis la plus tendre enfance, les deux familles nobles projetant l'union des deux jeunes gens, héritiers tous deux des deux familles les plus aisées de la capitale. Yonas, lui, est arrivé plus tardivement et a pu rejoindre Hirion et Amalia et bénéficié de la même éducation, le père d'Amalia étant redevable au père de Yonas d'une chose dont on devine peu à peu les contours.
Les enfants se voient enseigner une très large palette de connaissances pour former les citadins de demain, des citadins éclairés par la science et l'expérience, et éloignés des superstitions, de la religion ou des connaissances uniquement basées sur les mythes et les fausses croyances.
Amalia est vive, intelligente face à un Hirion plus fragile et très affecté par la maladie de sa soeur, chagrin qui va le mener à essayer de trouver des remèdes s'éloignant des remèdes habituels de la médecine traditionnelle.
Yonas est un personnage intéressant à cheval entre les deux mondes, celui basé sur la raison des nobles et celui de la plèbe où les légendes et les mythes sont des éléments importants de transmission.

Les enfants ont grandi ensemble et sont à présent de jeunes adultes, témoins de dissensions politiques de plus en plus nombreuses liées notamment à la gestion problématique des Colonies. Parallèlement à cette montée des tensions, le trio découvre, fasciné, une cité par-delà un simple miroir à main, ville étrange qu'ils vont nommer Nehaved. Une découverte faite au départ par Hirion désireux de soigner sa soeur Delhia par des moyens moins conventionnels. Une découverte d'autant plus fascinante que leur éducation les a toujours totalement éloignés des légendes, de la magie, des mystères. Troublés, ils se demandent si cette ville miroir est une vision du passé de leur propre ville, ou au contraire une vision du futur de leur ville ou enfin un parallèle possible de Dehaven, une voie qu'elle aurait pu suivre.
Cette découverte fait écho à celle de Nox dans Capitale du Sud qui avait découvert de même une sorte de ville parallèle, plus sombre et angoissante, qui lui permettait de se déplacer sans être vu…
A noter que ces éléments de fantasy sont, dans chacune des trilogies, apportés avec subtilité et que l'essentiel reste, pour ces premiers tomes en tout cas, les intrigues respectives bien réelles qui se déroulent dans chacune des villes. La fantasy est distillée avec parcimonie, telle une pincée de sel ravivant les plaies bien réelles dont souffrent la ville et nos protagonistes. Car en effet, à chaque fois que la fantasy intervient, dans les deux trilogies, un événement funeste se déclenche dans la ville. Et à chaque fois cela influe sur l'humeur et l'état psychologique de celui ou de ceux qui sont l'objet de ces événements surnaturels. Lien subtil qui m'intrigue, m'interpelle et me tient en haleine pour le reste des deux trilogies.

Notons que les références à Gemina sont bien présentes et pour tout lecteur de Capitale du Sud, ces références sont plaisantes et nous place en connivence avec le récit. Les deux villes ont un point commun : le jeu de la Tour de garde, jeu stratégique très proche de lui des échecs. On y croise des personnages venant de Gemina, comme Casimux dont nous avions vu le départ de Gemina avec Guillaume Chamanadjian, ou au contraire sont évoqués des personnages de Dehaven partis pour Gemina et que nous avons pu croiser en lisant le tome 1 de Capitale du Sud. On perçoit sinon des tensions dans les deux villes, les événements malheureux de l'une se renvoyant en écho à l'autre ville.

« Dehaven m'apparait plutôt comme ce qu'elle est : le phare de la civilisation. Une mécanique aux rouages parfaitement huilés, même si parfois il peut leur arriver de se gripper, comme ce qui se passe aujourd'hui", ajouta-t-il avec un geste en direction de la porte par laquelle van Hautenluft venait de disparaitre. Toutefois il ne précisa pas sa pensée et enchaina : "Gemina, en comparaison, est l'image du chaos : personne ne sait qui la dirige, rien ne distingue plus les aristocrates de la plèbe ; les clans s'entredéchirent sans cesse. le dessin même des rues est à l'avenant : les chantiers urbains sont aux mains d'un clan occulte qui n'a que son propre intérêt en tête. Vous ne verriez pas une Grille sortir de terre là-bas"
- "il est donc heureux que ces pauvres gens puissent se consoler avec la nourriture" hasardai-je. Moerman sourit de nouveau, amusé cette fois.
- "Et le vin, Amalia. Surtout le vin. C'est le sang, le sang mêlé de cette ville".

Claire Duvivier dans ce premier tome met les éléments en place, prend son temps avec une certaine indolence, insiste sur les liens qui se nouent entre les personnages, creuse en profondeur la psychologie de chacun, le tout dans un style assez épuré, beaucoup plus distant et froid que le tome sudiste de Guillaume Chamanadjian que j'avais trouvé si savoureux et poétique, plein de rebondissements. Si ce style plus axé sur la psychologie des personnages m'a beaucoup gênée jusqu'au tiers du livre (je n'arrêtais pas de comparer ces deux premiers tomes), j'ai ressenti ensuite un réel intérêt d'avoir ainsi deux styles bien marqués, à l'image des villes décrites. C'est cohérent à l'aune du projet à quatre mains, intéressant, et même très bien vu pour donner une coloration propre à chaque trilogie. Une singularité à chacune. Je me suis ensuite laissée embarquée, réjouie et convaincue par ces différences.
C'est par ailleurs une lecture qui fait réfléchir et qui ouvre de nombreuses pistes de réflexions sur la gestion d'une ville, sur le colonialisme, sur l'éducation, sur les inégalités sociales, sur l'ouverture et le progressisme intellectuel, sur le rôle et la place des femmes dans la société (Dehaven est une ville matriarcale contrairement à Gemina), sur l'émancipation des êtres face à leur destin, sur les rapports de domination au sein d'une collectivité.


Le tome 1 de Capitale du Nord « Citadins de demain », est très complémentaire au tome 1 de Capitale du Sud « le sang de la Cité », tant dans le fond que dans la forme. Ces deux textes très différents forment étonnamment un ensemble harmonieux et cohérent. A la poésie et la sensorialité de l'un, répond le style soigné, épuré et fluide de l'autre. A la gourmandise de l'un, l'idée de la gourmandise de l'autre. Ces deux tomes sont très prometteurs pour le reste du cycle urbain de la Tour de garde. Ce sont des récits que même les non férus de fantasy, dont je fais partie, peuvent apprécier, et qui soulèvent d'intéressantes et riches questions sociétales. Un cycle à poursuivre, assurément !
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Que c'est bien écrit. Même très bien écrit. Trop peut-être au point d'être légèrement indigeste ?

Dans ce tome introductif de la deuxième trilogie de la saga La Tour de garde, écrite à quatre mains, un auteur pour chaque trilogie, la lenteur s'empare du récit pour ne la quitter seulement les cent dernières pages. Mais attention, la lenteur peut être un délice quand la plume étreint le lecteur et l'immerge avec délicatesse dans un nouvel univers. Ou bien dans la tête d'un personnage. Et là est le paradoxe. L'écriture qui m'a paru lourde, pompeuse, s'avère être tout simplement adaptée au personnage principal, Amalia, une jeune femme appartenant à l'élite de son pays. C'est elle qui nous raconte son histoire avec le registre approprié à son rang dans la société décrite. Et Amalia, elle peut se montrer...franchement pénible avec sa condescendance et sa prétention de petite princesse ! Pourtant, elle est fascinante!

Qu'en conclure alors ? Que Claire Duvivier parvient néanmoins, avec un son style rigoureux, conceptuel, maîtrisé et intimiste, à déployer un univers complexe, certes austère, mais qui s'habille progressivement de mystère. L'intrigue et les personnages se mêlent à une profonde réflexion sur l'éducation et les élites nobles et bourgeoises. le tout manque cependant, à mon goût, d'un brin de fantaisie et de poésie. Mais quel final ! Brutal et explosif !

Je lirai donc la suite, avec curiosité et davantage d'émotion je l'espère. Veuillez me pardonner le caractère "pompeux" de ma chronique,mais que voulez-vous, je ne suis qu'un humain...avec son cortège de contradictions !

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Entreprise de fantasy ambitieuse à la française, le cycle de la Tour de Garde entrelace deux trilogies dans le même univers mais écrit par deux auteurs différents. D'un côté, Guillaume Chamanadjian et sa Capitale du Sud (Gemina), de l'autre Claire Duvivier et sa Capitale du Nord (Dehaven).
Après une première incursion en avril dernier en compagnie de Nox, voici cette fois que nous arrive Amalia, jeune héroïne de Citadins de Demain, premier volume de la trilogie prenant place dans la Capitale du Nord, Dehaven.
Aux manettes, Claire Duvivier que l'on a découvert chez le même éditeur avec le sublime Un Long Voyage. Inutile de dire que l'on attendait beaucoup de ce nouveau roman toujours superbement illustré par Elena Vieillard.
Mais qu'en est-il vraiment ?

Former la jeunesse
S'éloignant de la tentaculaire cité de Gemina, Claire Duvivier nous fait découvrir une autre ville portuaire avec Dehaven. Première différence avec sa cousine du Sud, Dehaven n'est pas divisée entre maisons nobles, ou du moins de manière bien moins ostentatoire que pour Gemina. Pas de système à la Game of Thrones ici mais un monde plus classique et certainement moins excitant de prime abord. Claire Duvivier nous présente un trio de personnages avec Hirion, héritier de la famille de Wautier, Amalia, héritière de la famille van Esqwill et Yonas, roturier destiné à prendre la suite de son père à la tête de l'écluse.
Deux nobles pour un petit bourgeois, deux mondes qui pourtant se côtoient grâce aux idées progressistes de la famille van Esqwill qui tient à enseigner à leurs enfants la plus large palette de connaissances pour en faire de véritables « citadins de demain ». C'est ainsi que dans leur grande mansuétude, Yonas bénéficie quasiment des mêmes largesse qu'Amalia et son meilleur ami, Hirion.
Les années passant, les enfants grandissent et entrent dans l'âge adulte, découvrent les interdits et les problèmes d'une vie compliquée dans une cité en proie aux dissensions politiques, notamment autour de la question épineuse des Colonies qui n'en finissent pas d'attiser les convoitises des uns et des autres. En parallèle de l'apprentissage de la vie d'adultes, les jeunes trublions vont finir par découvrir d'étranges possibles alors qu'Hirion, fasciné par le mystère et les légendes — choses que leurs parents ont toujours refusé de leur enseigner — découvrent une cité par-delà le miroir : Nevahed.
Une ville antérieure à la leur ? Une projection du futur ? Une réalité parallèle ?
Alors que l'exploration de Nevahed commence, les évènements se bousculent dans la vie d'Amalia qui nous raconte le sinistre chemin emprunté par son ami Hirion …
Nous le savons depuis Un Long Voyage, Claire Duvivier n'aime pas le spectaculaire et le clinquant. Elle préfère s'attarder sur l'intime et les relations qui se nouent entre les personnages, tricotant une humanité poignante entre les lignes, dévoilant du bout des lèvres les secrets les plus profondément enterrés de ses personnages. Citadins de demain renouvelle l'expérience de son précédent roman tout en mêlant l'intime de ses protagonistes aux évènements politiques qui entourent ce joyeux petit monde.

L'attrait des légendes
Là où Guillaume Chamanadjian affrontait son récit avec des artifices narratifs plus classiques, jouant sur les rivalités entre maisons nobles, dégainant régulièrement l'épée et offrant à sa ville un caractère fort, Claire Duvivier délaisse un tantinet ce côté pour se concentrer sur les états d'âme de la jeune Amalia et sur l'influence des évènements extérieurs sur la relation entre elle et son futur promis, Hirion. Claire Duvivier tisse avec lenteur l'histoire de ces jeunes privilégiés, esquive les évidences et dissémine les indices sur nombre de penchants et de rumeurs entourant tantôt Hirion tantôt Yonas.
Dehaven, même si elle manque certainement de la fantaisie de Gemina, devient un terrain de jeu parfait pour une intrigue fondée sur les sentiments et sur les renversements, entre fiançailles d'intérêt, sacrifices parentaux et folles espérances pour l'avenir. Ce qui intéresse Claire Duvivier, ce sont les coups qui pleuvent sur la tête de ce trio pourtant promis à un grand avenir et comment ils y font face… ou pas, accablés par certaines blessures, certains non-dits.
Amalia a pour elle l'intelligence et le réalisme tandis qu'Hirion n'arrive pas à se dépêtrer de la souffrance qui le ronge lui et sa famille devant la maladie qui affecte sa soeur, Delhia. C'est d'ailleurs cette blessure qui le pousse à chercher des chemins de traverse, fasciné par les légendes et par le surnaturel.
Hirion va finir par déterrer des artefacts qu'il ne comprend pas tout à fait et jouer avec des forces qui le dépasse largement. Claire Duvivier, comme à son habitude, distille le fantastique dans son récit et n'y saute pas à pied joints comme Nox le fait dans sa propre histoire à Gemina. le côté surnaturel n'est ici qu'entraperçu, la plupart du temps en regardant au-delà d'un miroir, cherchant un Lapin Blanc pour pénétrer dans Nevahed, cette ville-reflet de Dehaven que l'on soupçonne emplit de terreur. Entre les lignes, Citadins de demain parle également de l'autre, qu'il soit dans les colonies, exploité sans vergogne et finissant par se révolter, ou qu'il soit roturier, syctes, éclusier, tous ces petites gens que, finalement, Hirion et Amalia ne connaissent qu'en surface. Et puis pour compléter le trio, on trouve Yonas, un pied dans chaque monde, celui des nobles et celui du peuple, qui connaît les légendes et l'utilité de leur morale et qui connaît le fardeau de la responsabilité, du pouvoir, aussi limité soit-il pour lui.

Que ferons-nous du changement ?
Bien sûr, Citadins de demain propose pas mal de connections avec le Sang de la cité. On y mentionne plusieurs fois Gemina, on y retrouve la fameux jeu de stratégie de la Tour de Garde, on y perçoit des échos d'évènements funestes qui causent mort et malheur. Mais là où le Sang de la cité semble davantage se concentrer sur un jeu de pouvoirs et sur un fantastique évident, Citadins de demain s'avère plus feutré, plus proche d'un récit de littérature générale avec une ambition différente mais pas moins fascinante, au contraire même.
Claire Duvivier s'interroge sur l'éducation et ses buts, sur la connaissance des matières qui ne sont pas « nobles », sur l'influence du fantastique sur le réel, sur la condition d'une femme dans un monde qui change et où d'autres femmes lui ont ouvert la voie, montrant que les positions de pouvoir ne sont pas réservées qu'aux seuls hommes. Au fond pourtant, la question n'est pas tant sur le plan du genre que sur celui du pouvoir. Pourquoi changer et éduquer différemment si c'est pour conserver un statu quo social ?
Citadins de demain jette de nombreuses pistes de réflexion, sur le colonialisme, sur le progressisme intellectuel et sur la fragilité d'une société inégalitaire.
Mais surtout, Citadins de demain parvient à suggérer, à jouer avec les non-dits et les tabous pour sous-entendre que même dans les milieux les plus progressistes de Dehaven, le chemin sera encore long pour faire bouger réellement les lignes…

Essai transformé pour Claire Duvivier avec cette première histoire prometteuse autour de Dehaven et de ces trois personnages attachants et émouvants confrontés à une société en pleine mutation. Citadins de demain renoue avec cette veine intimiste qui sied si bien à l'écriture de son autrice pour nous emmener sur ces terres rudes où l'âge adulte vient chasser les restes de l'enfance.

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Autant l'avouer de suite, Dehaven la Capitale du Nord m'a beaucoup moins envoûtée que Gemina la Capitale du Sud.
Peut être parce que Gemina a des allures plus féodales et que Dehaven, avec son port de commerce et ses aristocrates portés sur le bien-fondé de la science au détriment du magique se fait bien plus progressiste.
Mais, il n'y a pas que cela, je crois.

Si les personnages principaux m'ont bien plu, j'ai eu tout de même plus de mal à les suivre dans leurs aventures. A vrai dire, j'ai eu un peu de mal à comprendre leurs faits et gestes. Ici, tout est effleuré. Rien n'est vraiment dit clairement et cela m'a perturbé. Les relations entre les personnages restent un peu nébuleuses et j'ai eu souvent l'impression qu'il me manquait un certain nombre d'éléments pour bien comprendre l'histoire et les réactions de certains personnages.
Le voile sera peut être levé dans les deux tomes suivants... à voir.

J'enchaîne d'ailleurs directement avec la suite de Capitale du Nord afin de mieux saisir les allusions à ce qu'il s'est passé dans le premier. Déjà que je m'y perds alors si je laisse passer trop de temps, j'ai bien peur de tout oublier.

Ceci dit, j'aime beaucoup le mystère qui entoure les deux villes. On sent bien qu'il y a là une intrigue commune et c'est ce qui le charme de ces deux trilogies.


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Des enfants élevés dans un but scientifique. Pas d'histoires ni de récits. Que des faits, prouvés, vérifiés. Voici l'éducation proposée aux quatre fils et filles de deux familles de la haute noblesse de Dehaven, capitale du Nord. Fruits d'une expérience promettant des êtres supérieurs, elle se solde, bien évidemment, par des échecs, plus ou moins graves selon les individus. La narratrice, Amalia van Esqwill semble la moins touchée. Cela ne l'empêche pas de se retrouver au centre d'un maelström de plus en plus puissant, qui va entraîner la cité entière. Et plus encore, peut-être ?

Et l'on découvre donc l'existence de cette jeune fille et de son meilleur ami et comparse d'expérience, Hirion de Wautier. Les deux autres enfants n'ont qu'un rôle mineur : la première, Delhia, soeur d'Hirion, a perdu l'esprit et ne parvient même plus à communiquer avec les autres ; le second, demi-frère d'Amalia, est parti faire carrière militaire et ne reviendra qu'au milieu du roman. Pour éviter le tête-à-tête, Claire Duvivier adjoint à cette paire Yonas, simple roturier, mais meilleur ami du couple aristocrate. Elle est assez banale en fait. Et cette mise en place des personnages m'a semblé un peu longue. Il faut le temps d'installer tout le monde : les personnages principaux, leur entourage, la ville et sa structure (et on sait combien la ville est importante, quand on a lu le Sang de la cité de Guillaume Chamanadjian ; même si Claire Duvivier n'utilise pas ce ressort de la même façon, ne serait-ce que parce que Dehaven, la capitale du Nord, est bien moins vertigineuse que Gemina, la capitale du Sud). Et ensuite, seulement ensuite, l'action démarre vraiment.

Peut-être ce sentiment de lenteur est-il également dû à moi. On sait bien que le lecteur apporte beaucoup à un livre et je n'étais peut-être pas suffisamment disponible. En tout cas, ce sentiment a vite été effacé quand l'action s'est lancée. Car Hirion, malgré une éducation de scientifique, fait des expériences faisant appel au surnaturel. Il « envoûte » des objets. Et cela fonctionne. Trois objets, trois pouvoirs. Dont, pour le miroir, celui de laisser apercevoir une autre ville, que les jeunes gens surnomment Nevahed, la ville-miroir. Cette dernière fait penser, indiscutablement, à cette ville parallèle dans laquelle se rend Nox, le héros du Sang de la cité. Elle est déserte, quasiment sans végétation, vaste, inquiétante. Et elle induit des effets qui se font sentir peu à peu, délétères. L'irruption de ce côté fantastique est fort bien réussie : dans ce cas, le rythme m'a paru idéal, faisant progresser, sans précipitation, le malaise. Quelques signes avant-coureurs, un ou deux indices, et le drame qui se noue, brutal, violent. Une réussite.

Citadins de demain est donc le premier tome de « Capitale du Nord », deuxième partie de la double trilogie initiée par Guillaume Chamanadjian avec le Sang de la cité, premier tome de la trilogie « Capitale du Sud », paru en début d'année. Comme le précise David Meulemans, le directeur de la maison d'édition Aux forges de Vulcain, s'embarquer dans cette série de six volumes au total n'est pas un pari en l'air. En effet, à la différence de certains cycles en cours d'écriture, « au moment où les Forges se sont engagées dans cette aventure, les six volumes étaient déjà écrits : je savais donc que la série avait une fin, que les volumes allaient crescendo ». Et pour le lecteur aussi, c'est rassurant. Rassurant de savoir que l'histoire a une fin (on peut penser à « Game of Thrones » dont les aficionados sont plus ou moins en deuil, tant George R.R. Martin semble être passé à autre chose). Rassurant de savoir que l'histoire a un arc défini, avec une cohérence pensée. Rassurant enfin de savoir que cela va aller crescendo car, comme je l'ai écrit plus haut, j'ai trouvé que ce roman de Claire Duvivier mettait du temps à démarrer. Mais que quand l'action était enclenchée, le rythme était trépidant.
David Meulemans a, selon moi, placé sa confiance au bon endroit, lui qui se dit « confiant : je crois que personne d'autre qu'eux deux n'aurait pu entreprendre cela. » Autrement dit, écrire une série pour les amateurs de fantasy, mais aussi pour les autres, ceux que les éditeurs de littérature de l'imaginaire cherchent à attirer, enfin, dans leur filet, ces lecteurs occasionnels que les mots « science-fiction » ou « fantasy » rebutent et font fuir en courant. Alors que parfois, ils en lisent sans réellement se l'avouer, tant les éditeurs généralistes en publient, en douce, sans trop le dire. Ne serait-ce que, secret de polichinelle, le prix Goncourt De l'année, L'Anomalie d'Hervé le Tellier. En tout cas, David Meulemans fait confiance à Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier pour cela : « Il y a dans cette série une ambition chez ces deux auteurs, de ne pas écrire pour les happy few, les vieux routards de l'imaginaire, mais d'écrire une vraie oeuvre grand public - ce qui n'est pas aisé car, écrire pour toutes et tous, tout en restant ambitieux, c'est extrêmement difficile. » Et c'est parfaitement réussi. Même un vieux lecteur de SFFF comme moi a trouvé du plaisir dans cette histoire. Car, malgré mes réserves, le bilan est tout à fait positif.

J'ai aimé découvrir le destin de la jeune Amalia, cobaye des idées révolutionnaires de ses parents, apprentis sorciers maladroits et inconscients. J'ai aimé cette ville où les tensions gagnent du terrain malgré la volonté des habitants de sauvegarder les apparences. J'ai aimé l'irruption du surnaturel et du double de Dehaven, en me demandant bien où tout cela va nous mener. Et j'ai vraiment hâte de lire la suite de ces deux histoires, espérant qu'elles vont trouver un point commun plus fort que les bribes entraperçues jusque-là. Vivement avril et octobre 2022 !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Amalia et Hirion sont deux jeunes gens aristocrates de Dehaven, la ville la plus importante du nord, qui sont étroitement liés à Yonas, un roturier, avec lequel ils ont reçu une éducation très ouverte, basé sur les sciences et l'humanité.
Mais on a pourtant l'impression qu'ils ne sont pas "des citadins de demain", leur destin semblant déjà scellé....Jusqu'à ce qu'Hirion se prête à des expérimentations magiques qui vont bouleverser leur avenir.
J'avoue qu'en commençant cette lecture, je ne m'attendais pas à ce type d'univers, proche du notre au XVIII -ème siècle. J'ai été très vite immergée dans cette ville de Dehaven, qui sert de cadre à l'intrigue. On découvre les principaux quartiers au fur et à mesure, tout comme les enjeux commerciaux et politiques, sans être noyés. C'est bien écrit, plusieurs trames sont menées, nous permettant de ne pas nous ennuyer une seconde. Quelques petites allusions par rapport à Hirion et leur séjour sur une île je crois me semblent encore flous et je ne sais pas si c'est moi qui ai raté quelque chose ou si on en saura plus après. En tout cas j'adore l'ambiance et j'ai vraiment hâte de lire la suite. En attendant je vais lire Capitale du sud qui m'attend depuis un moment.
Merci à Babelio et aux éditions Aux forges du Vulcain !
Challenge Mauvais genres 2021
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Côté nord.

Amalia van Esqwill est une jeune aristocrate de Dehaven. Elle et deux autres enfants suivent une instruction rationnelle sans mention de contes et légendes. Mais un rite ancien pourrait faire resurgir la magie à Dehaven.

Cette fois-ci l'action se déroule à Dehaven au nord. Elle est inspirée de Bruges. Celle-ci est plus "raisonnée" que Gemina. Tout est cadré, droit. L'ambiance est plus calme, voire froide. Ce sont les intérêts politiques et économiques qui prédominent ici.

J'ai eu plus de mal à m'attacher à Amalia. Son éducation rationnelle la rend froide et elle semble ne pas ressentir d'émotions. Par moment elle m'a donné l'impression d'avoir un complexe de supériorité. J'ai trouvé son compagnon d'études Yonas bien plus sympathique.

Plusieurs personnages voyagent entre Dehaven et Gemina. Ainsi certains personnages apparus dans le premier tome apparaissent ou sont mentionnés. Il en va de même pour les événements qui se déroulent en parallèle à Gemina.

Bref, je suis impatiente de voir comment les événements des deux cités vont faire avancer l'histoire.
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Une saga fantasy qui me tentait depuis longtemps et l'occasion s'est présentée via NetGalley ! Après l'avoir commencé j'ai vu qu'il était préférable de lire les volumes dans l'ordre de parution donc que celui-ci est le second du Cycle de la Tour de Garde !

Dehaven est la Capitale du nord, identique dans l'esprit aux villes de la Ligue Hanséatique où le commerce est est roi. C'est une ville portuaire tirée au cordeau, prospère grâce à l'exploitation des colonies et où les strates sociales sont préservées.

Amalia est de haute naissance et c'est par elle que nous allons découvrir Dehaven et ses habitants. Ses compagnons d'études sont Hirion, de même classe sociale et Yonas, fils d'éclusier, qui les a rejoints car le père de l'une est redevable au père de l'autre.

Amalia est intelligente et pragmatique et de fait plutôt rigide, leur éducation éludant les histoires, contes et légendes, ne considérant comme profitables que les faits avérés ! Yonas leur apporte cette liberté d'imagination donnée par la fiction. Ils sont éduqués de façon à devenir les citadins de demain, but affirmé de parents trop idéalistes et peu au fait des évolutions humaines.

Petit à petit Hirion est aspiré vers une magie ancienne en cherchant des solutions pour les problèmes qui se présentent et découvre une cité miroir.

Malgré tout l'intérêt que j'ai éprouvé pour l'histoire et en sachant qu'il fallait prendre le temps de présenter les personnages et le contexte, j'ai trouvé quelques longueurs qui, combinées à un langage soutenu à la formulation parfois obscure, m'ont un peu lassée !

J'aurais apprécié une plume un peu plus nerveuse tout au long du déroulé et non pas une précipitation sur les dernières pages. J'ai eu l'impression que des sujets, certes à priori secondaires, avaient été écartés un peu rapidement.

J'ai très envie de savoir comment les choses vont se poursuivre et je vais devoir lire le tome 1 de Capitale du Sud avant de poursuivre plus avant.

#Citadinsdedemain #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2023

Challenge Féminin 2022/2023
Lecture Polar Thématique octobre 2023 : de l'eau sur la couverture
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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J'essaye de lire La tour de garde dans le sens de parution. Aussi, après avoir lu cet été Capitale du Sud T1, j'attaque cet hiver Capitale du Nord T1.

Que dire ? On trouve ici un ouvrage de fantasy historique. L'autrice prend le temps de nous dépeindre Dehaven, une capitale en mutation, avec une vieille noblesse mais des évolutions sociales et sociétales qui ont poussé deux familles à élever leurs enfants respectifs selon un nouveau modèle éducatif, pour qu'ils deviennent les Citadins de demain.

Ce principe posé, on suit notre protagoniste principale, Amalia, l'une de ces enfants. Autant je trouve l'univers intéressant, de même que les personnages, autant j'ai du mal à m'attacher à ce protagoniste principal, froid et très rationnel. Mais cela vient de son éducation après tout donc on pourrait y voir une sorte de réussite.

Pour ce qui est du scénario, j'ai eu l'impression d'être dans un tome introductif : présenter la capitale, les enjeux politiques qui la sous-tendent qui ne sont pas sans rappelés des éléments de notre propre Histoire, présenter les trois personnages, Amalia et ses deux compères de toujours, présenter aussi une forme de magie un peu déroutante.
Cette lecture m'a plu mais je ne suis pas conquise tout simplement parce que pour l'instant j'attends de voir. J'attends de voir comment la situation va évoluer. J'attends de voir comment l'autrice va mettre en lien tous ces petits cailloux qu'elle a placé au fur et à mesure du récit. j'attends de voir comment ce récit va s'entremêler avec celui de Capitale du Sud.
Avec cette sensation, j'ai eu du mal également à rentrer dans l'histoire. J'ai fini par rentrer dedans. Pour au final en ressortir au chapitre 10 que j'ai trouvé bien déroutant, partant sur deux temporalités, l'une à découvrir en filigrane de l'autre. En revanche, la fin est telle qu'on est de nouveau happé et désireux de connaître la suite.
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Issus de l'aristocratie de Dehaven, cité de la raison, de la rigueur, du sang noble qui doit rester le plus pur possible, Amalia et Hirion, accompagnés de Yonas, au contraire issu de la roture, mais lié à la famille d'Amalia pour une raison qui nous sera expliquée au fil du récit, sont les citadins de demain. Ils sont de jeunes gens, au crépuscule de leur adolescence, qui ont été éduqués d'une nouvelle manière, dans davantage de réflexion, de libre arbitre, d'esprit critique, pour que la cité elle-même parvienne, enfin, à se renouveler.

Mais lorsque Hirion se sert de cette éducation pour s'initier à des arcanes beaucoup plus transgressives, qui plus est à Dehaven, l'existence de nos citadins de demain, et de leur entourage, s'en trouve bouleversé. Dans le même temps, les colonies de la cité se rebellent, et la conscience, dans l'esprit des aristocrates, qu'une guerre risque de poindre, ne vient que renforcer l'idée de chaos ambiant qui commence, elle aussi, à poindre, à travers tous ces évènements.

Je n'ai que peu de souvenirs du premier tome de Capitale du Sud, qui est le pendant de ce premier tome de Capitale du Nord, trilogies écrites et publiées à quelques mois d'intervalle par Guillaume Chamanadjian pour l'une, et Claire Duvivier pour l'autre : ce n'est pas que je n'avais pas apprécié, c'est juste que j'étais dans une période où ma mémoire faisait un peu trop le gruyère - merci COVID. Je serai donc bien incapable de faire un parallèle pertinent entre les deux tomes préliminaires, je ne m'intéresserai donc qu'à celui de Claire Duvivier, pour l'instant.

Comme pour Un long voyage, qui avait été pour moi une sacrée découverte, l'autrice, sous un abord très classique, nous mène vers une intrigue à laquelle l'on ne s'attend pas forcément. En effet, les ruptures dans l'harmonie de la cité, tant à ses portes qu'en son sein, progressives, troublantes, tant pour les protagonistes que pour les lecteurs, nous entraînent dans une aventure envoûtante - même si j'ai trouvé les dialogues parfois trop artificiels -, des premiers mots de notre narratrice, Amalia, qui nous dresse un portrait riche de Dehaven, de son fonctionnement, des familles qui y sont centrales, la sienne comprise, de ses compagnons ... au terrible dénouement qui vient conclure le récit, et qui m'a affreusement envie de lire la suite sous peu...

Mais je vais d'abord relire le premier tome de Capitale du Sud, pour me consacrer au second tome de cette même trilogie, et ainsi suivre l'ordre de publication. L'attente sera longue avant d'en arriver au second tome de la seconde trilogie !
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