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Critique de Tachan


Après avoir découvert Capitale du Sud, il était forcé que j'aille jeter à oeil à son siamois qui se déroulait dans le Nord avec des héros ayant la même passion pour ce jeu inspiré des jeux de plateau : La Tour de Garde. L'expérience fut à nouveau très agréable quoique différente et peut-être un peu plus légère, jeunesse même dans un premier temps, avant que le mystère s'empare à nouveau de mois.

Avant ce roman, de Claire Duvivier je ne connaissais que Un long voyage, un roman qui a notamment remporté le prix Elbakin.net et qui doit arriver en poche d'ici sous peu, mais que je n'ai pas encore découvert. C'est à travers son deuxième roman que voilà que je découvre sa plume simple et fraîche, franche et sans chichi, qui colle à merveille à l'univers de la cité-état de Dehaven, une ville commerçante gouvernée par la raison, qui se retrouve à l'extrémité nord du continent, à l'opposé donc de la Gemina de Nox, qui était une ville tentaculaire, berceau de mythes et poésie. Qu'est-ce qui les relie ? La passion de leurs habitant pour La Tour de Garde dans lequel les deux joueurs s'affrontent en duel jusqu'à détruire la ville de l'autre, un thème singulier vu le concept de cette double saga à quatre mains.

Ici, pas de jeune homme mystérieux qui déambulent dans les quartiers mal famés de la ville et va suivre une carrière d'assassin, non à la place nous suivons un trio d'amis issus des familles les plus côtées de la ville, des amis qui aiment fureter sur le port, mais qui suivent surtout de nombreux cours pour forger leur esprit affûté pour devenir demain des citoyens qui offriront un nouveau modèle de raison pure.

Les premiers temps sont enjoués, on découvre la ville et ses mécanismes en déambulant sans souci dans celle-ci aux côtés de nos jeunes héros. le ton est léger, entraînant, prompt aux chamailleries et gentilles moqueries aussi. On découvre tranquille les relations qui lient chacune des familles, leur place dans cette société toujours très hiérarchisée et placée sous le joug du commerce. On fait le lien avec l'histoire de Guillaume Chamanadjian en la personne de Yonas, issu de la famille Russmor, dont l'oncle Carl s'est rendu à Gemina pour le grand projet de construction qui les y occupe. Les pages se tournent s'en qu'on s'en rendent compte.

On suit nos héros dans les plans mis en place par leurs familles pour les lier, à savoir un mariage arrangé entre les deux plus riches d'entre eux. Rien de surprenant. On cherche un peu la magie et la fantaisie ici. Mais celle-ci débarque un jour au détour d'un miroir magique qui permet de voir une ville très différente, quand le fiancée d'Amalia Hirion, décide de défier l'éducation raisonnée qu'il a reçue, pour lancer un sortilège oublié. Même si ça n'a pas le panache et l'angoisse du Sang de la cité, c'est fascinant de voir peu à peu leur monde glisser et basculer. L'autrice couple les contraintes de leur monde qui obligent Amalia à passer trop vite de l'adolescence à l'âge adulte à l'introduction de la magie qui transforme aussi son monde et surtout son fiancé qui peu à peu glisse vers ce nouveau monde à travers le miroir, en faisant une obsession qui l'accapare tellement qu'on ne le reconnaît plus et qu'on le soupçonne d'avoir perdu la tête comme sa soeur. C'est fascinant.

Si j'ai trouvé le début un peu facile malgré son côté entraînant, j'ai beaucoup aimé l'introduction progressive d'un univers plus complexe fait de contraintes dues à leur statut d'enfants de riches et de mystère au sein de cette magie oubliée qui ressurgit. J'ai aimé voir ce qui unit les trois amis, cette relation hors de toute contrainte sociale ou genrée, on en ressent une grande liberté et c'est lumineux de voir des parents offrir une éducation aussi libre à leurs enfants dans le cadre très corseté pourtant où ils vivent. Mais j'ai encore plus aimé quand la magie s'en mêle. Suivre les héros dans la ville avec leur miroir pour cartographier cette autre ville qu'on ne voit pas est fascinant et entraînant. Comme dans le volet de Guillaume Chamanadjian, j'ai eu le sentiment de me retrouver par moment dans un récit de Robin Hobb, plus précisément dans Les cités des anciens cette fois. On y retrouve le même voile de mystère et la même absence de réponse pour le moment.

Alors certes, le récit de Claire Duvivier avait un air plus jeunesse que celui de Guillaume Chamanadjian qui était d'emblée plus sombre et complexe, mais le glissement vers un univers plus fantastique s'est fait avec la même élégance et le même mystère entêtant. Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont chacun des héros à l'autre bout du continent l'un de l'autre tombe à sa façon sur les reliquats d'une civilisation passée ou future qu'on ne peut voir à l'oeil nu mais qui cohabite bien avec eux sans que personne ne le sache, une révélation qui va changer radicalement la vie des héros et les héros eux-mêmes. Comme chez Guillaume, Claire offre un final explosif avec une scène inattendue, dramatique, qui rebat toutes les cartes et risque de nous plonger encore plus dans le drame. J'ai beaucoup aimé !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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