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Critique de Luniver


Le cimetière de Prague n'a pas vraiment une thématique très grand public, et j'imagine que bon nombre de lecteurs se lasseront rapidement du roman.

Heureusement pour moi, je me suis toujours délecté, avec un sentiment de supériorité un peu vain, des récits, vidéos et blogs racontant comment les juifs détiennent le monde de la presse et de la finance, que Sarkozy est une créature des franc-maçons déterminé à imposer un gouvernement mondial, et qu'Obama est en réalité une créature extraterrestre reptilienne qui a sournoisement pris le contrôle du monde. Outre la créativité et l'imagination débordante qu'on ne peut qu'applaudir, il me semble essentiel de comprendre comment l'esprit humain peut absorber aussi aisément de telles âneries. J'ai eu également une courte période ésotérique à la fin de l'adolescence (sur l'interprétation des rêves) qui s'est rapidement terminée, mais je suis toujours ébahi de voir des adultes à la tête apparemment solidement installée sur les épaules à adhérer à ces thèses. J'ai perdu d'innombrables heures à lire des histoires de ce type, et je n'en étais pas très fier ; aussi, savoir que quelqu'un comme Umberto Eco l'a visiblement fait aussi me met un peu de baume au coeur.

L'écrivain met un scène un homme, Simonini, faussaire de génie et nourri aux thèses antisémites par son grand-père, qui va forger à lui tout seul une bonne partie de la littérature complotiste qui a fleuri au XIXe siècle : protocoles des sages de Sion, complots jésuites, dénonciations d'adorateurs du diable, rituels de la franc-maçonnerie, … La littérature a été particulièrement abondante sur le sujet.

À la manière d'un Forest Gump des siècles passés, Simonini va toujours se retrouver au bon (ou mauvais?) endroit au bon moment, et sera chargé de réaliser quelques textes inspirés pour les services secrets de divers pays. Il croisera de nombreux personnages qui ont croisé l'histoire du siècle : Garibaldi, les participants de la Commune de Paris, l'affaire Dreyfus, Drumont, … et d'autres faussaires qui ont à leur époque défrayés la chronique : Léo Taxil, l'abbé Boullan, …

Si on a déjà goûté à cette curieuse littérature, on appréciera certainement de voir tous ces noms connus inspiré par une seule et même personne, d'autant que Simonini est assez pittoresque et attire facilement la sympathie. Dans le cas contraire, j'imagine que l'accumulation de ces complots sans queue ni tête irritera bien vite le lecteur, et même l'écriture d'Eco ne suffira pas à les retenir longtemps dans ces pages.
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