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Critique de soniamanaa


Lorsque Tristan Egolf débarque à Paris depuis les USA, c'est un jeune fou promenant une guitare, un manuscrit et une sébile pour mendier dans les couloirs du métro. Sa rencontre avec Marie Modiano sera l'événement déclencheur de l'édition du Seigneur des porcheries, Patrick Modiano ayant déchiffré un chef d'oeuvre entre les pages envahies d'une écriture compulsive.
Jamais plus bel hommage ne fût fait aux culs de basse fosse, aux bannis, aux miséreux d'une Amérique boursouflée et pseudo civilisée.
John Kaltenbrunner voit le jour à Baker, comté de Green, dans le Midwest profond.
Gamin détonnant, asocial, hameçonné dès sa naissance par une étoile pernicieuse, sa courte vie sera un chemin de croix pavé des pires avanies que peut concevoir une humanité pourtant peu encline à la mansuétude. Figure christique d'un univers dantesque, John incarne malgré lui le rôle d'anti héros d'un film apocalyptique.
Dans cette bourgade imbibée d'alcool, de cupidité, de bassesses, où des siècles de consanguinité ont engendré des générations abâtardies grimées de bondieuseries illuminées, la trajectoire de John sera celle d'un ouragan.
Gamin fiévreux nourri de milles expériences traumatiques, il rejoint l'équipe des torches-collines, les éboueurs, que l'échelle de l'humanité relègue juste en dessous des rats d'égouts.
Et la communauté va basculer...
A mesure que la grève initiée par John fait grandir les tas d'ordures, les citoyens se dépouillent de leur vernis civilisé...
Un livre féroce, jubilatoire, écrit au vitriol pour mettre à nu la réalité d'une Amérique biberonnée aux alcools forts, vouant culte aus principes d'autodéfense armés, détestant son prochain avec une ferveur rachetée pour quelques dollars à des prédicateurs en veine de foi mais non de cupidité.
Il y a tant de critiques dithyrambiques à propos de ce livre que mon apport personnel ne rajoutera rien. C'est une claque littéraire qui réussit l'incroyable pari de faire naître des fleurs sur un océan d'immondices.
Quelle énergie désespérée a t'il fallu à Tristan Egolf pour extraire de ses tripes juvéniles ce premier roman époustouflant ?
Les génies ont la peau plus dure que le coeur. Apprendre qu'une balle "autoportée " l'a rayer du monde à 33 ans ne m'a pas surprise. Quelque part, à l'image de John, son probable alter ego, peut-être lui a t'il fallu aller jusqu'au bout de son propre évangile.
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