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Critique de Talec0904


Faut d'abord dire que Tristan Egolf répond à l'image légendaire du « hobo ». Né en Espagne, vivant en Europe, aux États Unis. Parent divorcé alors qu'il était enfant .Il n'a que 15 ans quand son père se suicide. Sa mère, un peu dépassée par son fils.
Guenilles, jolie gueule un peu cabossée, il chante des tubes de Bob Dylan, accumulant les métiers, plongeur, projectionniste, promeneur de chiens, employé d'une usine de couches. C'était quelqu'un qui ‘'provoquait les atmosphères." A 23 ans, il est découvert par une bonne fée, Patrick Modiano et rédige un chef-d'oeuvre. Dix ans après, il se tire une balle dans la tête, laissant une fiancée et une fille.
Entre temps, activiste politique, il milite contre la Guerre d'Irak. Lors d'une visite du président G. W. Bush, Il est arrêté par la police car il forme, avec d'autres hommes quasi nus, une pyramide humaine pour dénoncer les tortures dans la prison d'Abou Ghraïb en Irak.
Mais il ne faut pas se laisser impressionner par ces drames, cette fulgurance.
Son Seigneur des Porcheries est un roman visionnaire et apocalyptique
Sur fond d'Amérique profonde, où l'hystérie des méthodistes se répand sur une faune de petits Blancs alcooliques, violents, ignares, plus ou moins dégénérés, John Kaltenbrunner, un autiste génial, éreinté dès son plus jeune âge par une pléthore de catastrophes, va fomenter une révolte avec la portion la plus méprisée de sa ville, à savoir ses collègues éboueurs. La petite ville sombrera, ensevelie sous ses propres ordures. John mourra finalement tel un christ, dans un gigantesque chaos.
Il restera aux éboueurs, ses apôtres, à raconter son "évangile» : la rédemption des humiliés. Tout cela à coups de personnages épiques et de scènes d'anthologie : d'un banal match de basket à l'enfer apocalyptique d'une usine de poulets.
Et le langage est à la mesure. Échevelé imagé, puissant.Des descriptions qui saturent, ne laissant au lecteur aucune place à la rêverie. Qui l'oblige à voir. L'histoire est épique mais le langage l'est aussi,
tel «un mandrill herpétique plongé dans les affres d'une fièvre masturbatoire»
Egolf sait monter la sauce. Et l'on craint la venue de «cent cinquante yuppies végétariens bisexuels montés sur des scooters rose vif», et l'on assiste à des spectacles ébouriffants.
Épique et pyromane.

A sa sortie ,quelques :
--« Cette dure dénonciation de l'Amérique profonde n'est pas nouvelle. Mais la forme de ce réquisitoire est remarquable »
--« si tout le monde dit que c'est un chef d'oeuvre, c'est que ça l'est »
--« Je n'ai pas pris du plaisir à lire ce livre »
Mais surtout : « Chef d'oeuvre ». « Chef d'oeuvre » ont accueilli ce livre.
Je l'ai seulement lu maintenant (caché sur un rayonnage surchargé), le thème est encore plus d'actualité : la révolte des « indispensables », l'écologie. Un « trumpisme » latent.
Le découpage et la langue restent.
Plus que jamais un livre de charivari et un chef d'oeuvre.
Avons-nous tellement besoin de câlins? Ou de tel livre, pour voir le Monde?
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