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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1997, à Kaboul, le petit Alì, huit ans, rentre de l'école. Arrivé chez lui, il ne comprend pas : sa maison "devrait être là, mais elle n'y est pas. Il n'y a qu'un amas informe de décombres." (Page 4). Après une longue attente, son frère Mohammed, âgé de dix-huit ans, arrive en pleurant. Leur papa et leur maman sont morts...un missile est tombé sur leur maison.
Ils n'ont plus de famille, pas d'argent, ils sont dans un pays en guerre. L'aîné veut donner une chance à son jeune frère de faire des études. Commence alors pour ces deux garçons, un périple extrêmement dangereux, en passant par le Pakistan, l'Iran, La Turquie, avec l'espoir d'arriver en Grèce, puis en Europe. Cinq ans plus tard, Alì est seul. Il tente d'entrer en Italie. Où est Mohammed ? Que lui est-il arrivé ?

Ce livre est d'une puissance émotionnelle très forte. Il m'a bouleversée.

Cette histoire est celle de l'auteur. Je ne sais pas quelle est la part vraie ni quelle est la part romancée, mais il s'agit du vécu de l'auteur. Il est ce petit Alì, qui n'a plus que son frère sur qui compter. le sujet est brûlant. Cet exode raconté par des yeux d'enfant est poignant. Ce ne sont pas des images que l'on voit à la télé, ce sont des sentiments, des émotions, des peurs, des souffrances, mais aussi, des moments de joie, de l'espoir qui sont authentiques. La puissance des mots est plus forte que celle des images. Ce que le petit Alì ressent nous touche en plein coeur.

"Qu'est-ce ça veut dire "être résigné" ? Ça veut dire qu'ils ont oublié de voler de leurs propres ailes."(page 124) L'amour fraternel est émouvant. Ce jeune homme de dix-huit ans qui entreprend ce voyage pour donner une vie meilleure à son frère, qui essaie de rendre ce périple le moins difficile pour lui, qui essaie de le gâter, m'a fait penser à Guido, ce père juif, déporté avec son fils et qui transforme la vie au camp en un jeu, dans La vie est belle de Roberto Benigni (un film qui me fait pleurer à chaque fois que je le vois). Mohammed ne cache pas à Alì les dangers, mais lui offre des plaisirs, tels que celui de manger une glace.

Dans les pays traversés, les deux frères bénéficieront de mains tendues, mais rencontreront aussi des personnes peu scrupuleuses, subiront le racisme, le vol, la mort toujours présente. Les descriptions des tentatives de fuir, accrochés aux moteurs des camions, sont très précises, et j'ai vraiment ressenti ce que des personnes sont capables de faire pour fuir la guerre et avoir des papiers, pour vivre libres. "Les gens qui parlent des émigrés utilisent souvent le mot"désespérés", mais ce que moi je pense, aujourd'hui, à Rome, dans ma vie italienne, est qu'il n'y a rien de plus semblable à l'espoir que la décision d'émigrer : espoir d'arriver dans un monde meilleur, espoir de réussir, espoir de survivre, espoir de tenir bon, espoir d'un dénouement heureux, comme au cinéma."(page 185)

La narration utilisée rend la lecture poignante. Alì raconte son histoire avec son innocence d'enfant, à la première personne du singulier. Lorsqu'il parle de Mohammed, il s'adresse à lui, par le biais du pronom "tu", ce qui donne au texte une charge émotionnelle très forte.

Le sujet du livre n'est pas de créer de polémiques au sujet des migrants, mais de raconter le calvaire d'un enfant qui fuit la guerre. Ce roman ne donnera pas de pistes pour régler la situation des camps, mais les décrira de l'intérieur, en nous décrivant certaines situations choquantes, mais également des scènes de solidarité humaine. Ce soir, on regardera les étoiles... ne réglera pas le problème politique des migrants, mais fera tomber certains préjugés. Alì Ehsani ne dit pas que les pays européens doivent accueillir tout le monde, il nous raconte son histoire personnelle.

Le dimanche 4 Mars, je participerai au book-club sur la page Facebook le cercle des lecteurs Belfond. Je sens que les discussions vont être très riches.
Merci beaucoup aux Éditions Belfond et au site Netgalley de m'avoir permis de lire ce Ce soir, on regardera les étoiles...

Lien : https://www.facebook.com/Val..
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"Il est normal que tout être humain cherche désespérément à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d'y arriver. "

Se je devais résumer ce témoignage en une seule phrase, ce serait celle là. Des témoignages sur les exilés dû à la guerre en Afghanistan, j'en ai lu plusieurs. La traversée plus que barbare des clandestins, leur conditions de voyage, le marché florissants et pervers des passeurs.

En quoi le témoignage d'Ali Ehsani serait il meilleur qu'un autre? Je dirais l'émotion et l'amour qui transpercent dans chacun ses mots. Ce témoignage est différent de ce que j'ai pu lire avec ce message d'espoir et surtout la naïveté et l'innocence d'Ali au moment où il quitte Kaboul. Ce n'est pas l'homme qui parle mais l'enfant de 8 ans qui se raccroche à son héros.
Ali ne raconte pas son périple dans les détails du point A au point B. Il nous offre avant tout des moments d'amour, de joie à Kaboul d'abord en période de guerre avec ses parents, son grand frère Mohammed et son meilleur ami Ahmed. Et puis au lieu de rentrer dans le pathos avec des détails sordides sur leur périple, il se concentre sur l'amour inconditionnel et le sacrifice de son frère, son héros pour qu'il ait une vie meilleure. Ce roman témoignage est plutôt une lettre ouverte adressée à Mohammed.
Dans le synopsis on sait qu'Ali a atteint son rêve, faire des études en Italie, mais quels chemins a t'il traversés, qu'a t'il perdu à cause de cette guerre.
A aucun moment, Ali nous fait ressentir la tension, la menace. Tout est observé et décrit par le regard d'un enfant innocent qui n'a pas peur de pleurer. Ali trop jeune pour vivre des expériences aussi traumatisantes et qui gardera espoir sous l'oeil attentif de son grand frère.

Touchant. Emouvant. Un très beau message de liberté et de sécurité. Lisez ce très beau témoignage d'amour avant tout!
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Comment résister à une invitation au bookclub du Cercle Belfond ? A ce jour les lectures proposées par Carine Verschaeve m'ont toujours enchantée et grâce à elle j'ai découvert des auteurs qui m'étaient jusqu'alors inconnus. Et un bookclub est une expérience à ne pas rater.
Nous voilà donc, avec ma binôme Gaelle, en route pour cette aventure sur les pas d' Alì Ehsani et son frère Mohamed des terres désolées d'Afganistan aux mirages des côtes Italiennes. Un long chemin semé d'embûches, de rêves, de doutes et d'espoir.
Comment suivre ce témoignage émouvant écho réel d'une tragédie sans en être bouleversée au point de devoir refermer ce livre par moments tellement certains passages vous retournent le coeur et l'âme.
Comment ne pas s'insurger contre la cruauté humaine et même contre l'indifférence des uns et des autres ?
L'histoire d'Alì Ehsani vous remet à votre juste place et quel que soit votre milieu social, car même au plus bas de l'échelle, nous sommes des nantis. Nous ne connaissons pas la peur des bombardements, ni la faim, ni la crainte d'être maltraités... la liste est longue.
C'est avec beaucoup d'émotions donc que nous suivons le périple de l'auteur et son frère Mohamed. Une bataille quotidienne pour survivre et se rapprocher de cette Europe au parfum d' Eldorado. Mais même bien avant que les migrants refluent par vagues vers les côtes Européennes, il n'a pas aisé de passer la barrière entre l' Asie et l' Europe. C'est un périple semé d'embûches, de peur, de sueur et de sang.
J'ai pleuré... souvent.
J'ai pleuré devant le manque d'humanité de l' Homme.
J'ai pleuré en voyant qu'il existe encore des Hommes et des Femmes prêts à des sacrifices pour en aider un autre plus malmené par la vie que lui, lui tendre la main, l'accueillir dans sa famille. Je voudrais être cet homme là.
J'ai été impressionnée par cette solidarité Afghane, par ce peuple démuni qui se serre les coudes, par sa fierté, sa volonté féroce d'offrir aux siens une vie meilleure.
J'ai pleuré devant la cupidité humaine, que ce soit celle des passeurs ou autres profiteurs du système qui profitent de la détresse d'autres humains.
J'ai pleuré devant les à priori (clandestins = voleurs, bagarreurs..., rien ne leur est épargné).
J'ai admiré le courage de l'auteur, sa ténacité, mais aussi celle de son frère Mohamed.
J'ai partagé les peurs, les doutes, l'espoir de protagonistes. Je suis tombée avec eux, me suis relevée aussi, vivant cette aventure comme si j'étais avec eux.
Oui l'auteur nous adresse un vivant et vibrant témoignage de ce récit d'exil qui ne laissera personne indifférent. Narré sous forme de dialogue et au présent, sorte de dédicace à son frère Mohamed disparu. L'auteur nous brosse un portrait très vivant de ses péripéties, favorisant par le mode narratif une proximité avec le lecteur. le rythme est souple et agréable. le tout est très digne. l'auteur ne sombre jamais dans le mélo et fait preuve de beaucoup de pudeur, sans compassion ni colère. Il nous fait partager les épreuves d'un déracinement, la violence du voyage, la peur et la pauvreté et la lente intégration.

« C'est dur, mais c'est mieux que chez nous ».

Des aventures somme toute incroyables pour un enfant de tout juste 8 ans quand il démarre ce voyage dans des conditions inimaginables. Il force notre respect par sa détermination sans faille, sa foi ardente et l'espoir qui se s'éteint jamais.
Un livre à transmettre à tous pour que chacun puisse s'interroger et remettre en question ses rancoeurs envers tous ces migrants qui ne cherchent qu'à fuir des pays en guerre, où dans lesquels ils sont maltraités, qui ne rêvent que d'une vie meilleure.

« En Afghanistan, il y avait la guerre et je croyais que c'était partout pareil parce que je n'avais jamais rien vu d'autre. Tous les jours, un missile partait détruire quelque chose, même si on ne comprenait pas bien qui était contre qui. »

Merci Carine Verschaeve pour ce beau cadeau, merci Ali pour cette belle leçon d'humanité qui nous fait reflechir au sens des vrais valeurs.
Lien : http://missneferlectures.ekl..
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Ce récit est tiré d'une histoire vraie: celle de l'auteur et de son frère Mohammed, devenus orphelins en 1997 lorsque leur maison fut bombardée. Ali Ehsani redevient, le temps du récit, ce petit garçon de huit ans qui doit fuir l'Afghanistan et raconte ce que voit, ce que ressent un enfant qui perd ses parents, qui fuit son pays, et qui surmonte des épreuves inhumaines.

C'est là toute la force du récit, cette voix d'enfant et ce regard naïf, perdu, d'un petit garçon qui ne se rend pas toujours compte de ce qu'il est en train d'accomplir et qui nous ouvre les yeux de manière discrète et sans jugement sur les conditions de vie des migrants.

Ce roman est d'une justesse remarquable. A la fois délicat et subtil, empreint d'émotion mais juste ce qu'il faut. Ni pathos, ni pitié. Juste le récit d'un petit garçon de huit ans qui raconte la vraie vie, les vraies épreuves de deux jeunes afghans orphelins qui fuient leur pays.

J'ai eu beaucoup de tendresse pour ces deux frères. Pour Mohammed, ce grand frère débordant d'amour pour son petit frère et très protecteur. Il endosse le rôle du père et de la mère, lourd tribut pour un jeune garçon même pas majeur. Pour Ali, petit bonhomme à peine âgé de huit ans, innocent, mais avec une force de caractère et un optimisme remarquables.

« Ce soir, on regardera les étoiles… » n'est pas seulement un témoignage. C'est également un hommage à Mohammed, une manière de remercier ce frère qui a permis à Ali d'avoir une vie meilleure.

Je conseille?

Une vraie claque, un ouvrage incontournable, unique, bouleversant…la liste des qualificatifs est longue. Pourtant, aucun ne peut vraiment décrire ce que j'ai ressenti à la lecture. Je ne dirai qu'une chose, merci Ali Ehsani pour ce petit bijou.


Lien : https://ladybookss.wordpress..
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Nous sommes en 1997 et la guerre sévit en Afghanistan. Mohammed et Alì habitent Kaboul avec leurs parents jusqu'au jour où ceux-ci mourront alors que leur maison sera détruite par une bombe. L'aîné, Mohammed, prend sous son aile son petit frère Alì qui n'a que huit ans et décide de l'emmener à l'extérieur du pays. Il veut suivre les conseils de son père et offrir une vie meilleure au plus jeune et pour y parvenir, le seul choix qui s'impose est d'atteindre l'Europe. Ainsi, Alì pourra faire des études!

Pour y parvenir, les garçons devront passer les frontières de différents pays, mais cela ne se fera pas sans embûches. le chemin de la liberté est parfois difficile lorsqu'on est des clandestins...

Le parcours d'Alì m'a fait vivre toute une gamme d'émotions. Par moment, je suis passée de la tristesse, à l'incompréhension, mais aussi par la colère. Je ne veux pas entrer dans un débat politique, loin de là, mais n'empêche que les événements qu'a vécus Alì sont réels et cela m'a profondément touchée et parfois même révoltée! Nous ressentons les émotions vécues par nos deux protagonistes. Cette peur viscérale qui le dévore encore aujourd'hui, comment pourrait-on rester insensible? Impossible!

Au cours de son récit, l'auteur nous permet de rentrer dans son univers et de voir les événements sous ses yeux à lui. Cela crée une différence entre la réalité que vivent ces gens vis-à-vis ce que nous pouvons voir dans les médias. Et ce coup de poing que l'on reçoit en plein visage n'est pas sans heurt. Cela a radicalement changé mon point de vue, car il y a une différence entre ressentir de l'empathie pour ces gens et vouloir en faire plus pour les aider.

Le style de narration m'a particulièrement surprise. En premier lieu, ce sont les écrits d'un jeune homme qui se rappelle les événements sous l'oeil de l'enfant qu'il était à l'époque. le texte s'adresse avant tout à son frère Mohammed. Nous comprendrons en cours de lecture que celui-ci l'a quitté, mais après avoir parcouru tout ce chemin et envisageant celui qu'il lui reste à parcourir pour atteindre ses objectifs de vie, nous sentons qu'Alì continu sur le chemin de la vie non seulement pour lui-même, mais aussi pour son frère.

Les valeurs et l'amour qui transparaissent dans ce témoignage sont impressionnants. Deux jeunes hommes qui décident de traverser plusieurs pays en toute clandestinité sans jamais commettre d'actes répréhensibles et ce, malgré la malhonnêteté de plusieurs passeurs, c'est tout à leur honneur. Un récit poignant tant par les émotions qui nous fait vivre, mais aussi par le réalisme de cette vie si difficile pour tous les peuples qui vivent la guerre! Un parcours parsemé d'embûches, de peur, mais aussi de courage, de détermination et de résilience.

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Ce livre est une pépite ! Il est terrible mais l'auteur a su raconter son parcours tout en émotion, sans en faire des tonnes sur l'horreur (dont on a bien conscience), et avec toujours en ligne de mire beaucoup d'espoir et d'espérance.
Avant de démarrer ma lecture, je n'avais pas relu la 4ème de couverture et je ne me souvenais plus que c'était une autobiographie. Quand j'ai fait le rapprochement après quelques chapitres, j'en ai été que plus bouleversée.
Comment cet enfant, âgé de 8 ans a-t-il pu subir tout ça, vivre tout ça, sans parents, sans manger à sa fin, sans jamais se plaindre, sans jamais perdre confiance en son frère... J'en suis encore toute retournée...
Ce livre est aussi une belle histoire d'humanité, de générosité et de solidarité.
C'est un témoignage à lire absolument, à faire lire à tous car on ne doit jamais oublier ces atrocités qui restent un sujet toujours plus que d'actualité, totalement inadmissibles et intolérables !!
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Magnifique témoignage d'un jeune Afghan qui fuit, à l'âge de 8 ans en compagnie de son grand frère, en 1998, son pays et la guerre.
Alì EHSANI raconte avec beaucoup de pudeur le chemin qui de Kaboul, à travers le Pakistan, l'Iran, la Turquie, la Grèce, le conduira en 5 longues années en Italie. Son histoire écrite en collaboration avec le journaliste Francesco CASOLO est comme une longue lettre à Mohamed, ce grand frère qui l'a conduit sur le chemin de la liberté. C'est la voix de l'enfant avec toute sa naïveté que nous entendons.
C'est aussi un très émouvant hommage à ce frère qui l'a protégé et guidé. Cet un humble Afghan qui n'avait fait aucune étude avait pour seule richesse son l'intelligence et ses qualités de coeur. Il a permis à Ali de conquérir cette liberté qui passait par des études en Europe.
Paru dans la collection le cercle de Belfond, plus habituée aux romans féminins, j'ai bien failli rater ce récit passionnant qui me fera regarder différemment ces déracinés que l'on croise sans les regarder dans nos rues .
Voilà un texte coup de poing que je ne suis pas prête d'oublier.
A faire lire aux jeunes et moins jeunes.

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Cette lecture fût une très belle lecture. Emouvante et originale dans l'écriture, j'ai pris beaucoup de plaisir malgré la dureté du sujet.
Ali et son frère Mohammed vivaient à Kaboul, ils n'étaient pas riches mais ils n'étaient pas malheureux. Entourés de leurs parents et malgré les difficultés, ils vivaient leurs vies d'enfants. Jusqu'à ce que la guerre leur arrache leurs parents et leur maison... Et là, leur vie a pris une autre tournure.
"Il est normal que tout être humain cherche à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d'y arriver".
Et c'est ce voyage, cette quête d'un avenir meilleur que l'auteur qui, n'est autre qu'Ali, nous raconte. Et c'est un voyage difficile. Déjà dès le second chapitre on découvre que les deux frères ont été séparés. Et c'est là que l'originalité de l'écriture se révèle. C'est Ali qui parle et qui s'adresse à son frère. On a l'impression de lire une longue lettre et c'est très plaisant à lire.
Alternant des passages où les 2 frères sont ensemble et d'autres où Ali est tout seul le périple de nos petits orphelins est peuplé de rencontres bonnes ou mauvaises, d'espoirs, de désillusions mais toujours avec force et courage. Ils ne se plaignent jamais, ne s'appesantissent pas sur leurs malheurs, ce sont même des souvenirs heureux de leur passé qu'Ali nous raconte.
"Ici, il n'y a de place que pour l'avenir, nous avons laissé derrière nous un monceau de décombres, de peur et de douleur dont personne n'a envie de parler."
L'auteur qui n'est autre qu'Ali, ce petit garçon fort attachant, nous livre un témoignage très émouvant qui montre, avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, ce que doivent subir tous ces gens qui n'ont d'autre choix que de tout tenter et même au péril de leur vie, pour espérer avoir une vie meilleure. C'est un magnifique roman qui nous montre l'immigration par l'autre bout de la lorgnette.
Profondément touchant et édifiant c'est un roman à lire assurément et à faire lire au plus grand nombre.
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Mon cher lecteur, ce livre, ce roman est une pépite que je te conseille tout simplement pour te mettre à la place d'un petit garçon de 8 ans, Alì et de son frère Mohammed 18 ans quand ils doivent partir de Kaboul.
Plus rien ne les retient, leurs parents sont décédés sous les bombes en pleine journée.
Alì ne le comprend pas ; pour lui la guerre c'est son quotidien ; il a toujours connu ce bruit, ces maisons qui disparaissaient ; pour lui la guerre c'est dans tous les pays pareil.
C'est un petit bonhomme joyeux, innocent comme tous les enfants du monde de cet âge.
Il s'amuse avec son ami Ahmed, il voudrait aussi pouvoir passer du temps avec son papa en tête à tête comme Mohammed le fait pour aller aider son père au travail, mais le papa d'Ali veut qu'il travaille bien à l'école, qu'il ait une situation et c'est le rôle de frère aîné de se sacrifier pour sa famille.

Quand les parents décèdent, Mohammed va jouer le rôle de père et de mère pour Alì, ils ne peuvent rester à Kaboul ; là leurs seules possibilités c'est : ou la mort ou se faire arrêter et devenir un enfant-soldat.
Il veut offrir une chance à Alì et honorer la promesse faite à son père qu'Alì continuera l'école.

Il le poussera tout au long de ce voyage harassant, dangereux en l'encourageant, en le faisant rire ou en lui racontant des histoires pour que ce petit bonhomme ne comprenne pas pourquoi les Patchouns ont de la chance, car ils sont d'une croyance différente, admise par les talibans, qu'avant de pouvoir arriver en Iran ils vont devoir passer par Kandahar puis par le Pakistan. Tout ce que son frère lui promet c'est qu'ils sont comme les oiseaux.
Arrivés à Istanbul, les frères vont être séparés. Alì continuera son voyage jusqu'en Grèce puis jusqu'en Italie.

"Qui me donnera à manger, qui me soignera quand j'aurai de la fièvre, si je trouverai quelqu'un qui aura le temps, je n'ai pas d'ami, je n'ai rien et je ne pense pas cela dans un moment découragement, c'est la pure vérité, un fait avéré"

Comment vous dire à quel point ce livre m'a serré le coeur ?

La détresse que tu sens dans les recommandations de Mohammed à son frère (ne bouge pas, ne fais pas de bruit, ne t'éloigne pas de moi) tu les prends en pleine poitrine, il a tellement peur pour son petit frère, il fait tout pour lui, jamais il ne lui montre la moindre tristesse, mais toujours l'espoir, le but d'y arriver.
Pour se rappeler de leurs parents et passer le temps, ils se posent tour à tour des questions simples, mais quand toi tu les lis tu comprends la peur qu'ils ont de les oublier ; d'ailleurs, un passage m'a vraiment secouée ; c'est quand Alì ne sait plus le nom de son papa.
Il l'a toujours appelé papa jamais par son prénom.
Ils se rappellent le Kaboul d'autrefois avant la guerre, avant la naissance de Alì, quand leurs parents se sont rencontrés, que les rues étaient animées, la musique encore jouée, le cinéma ouvert maintenant, plus rien n'existe, plus d'eau ni d'électricité ; le régime des talibans ne permet plus rien de tout cela.
Quand je lisais ce roman, je me suis dit que l'on ne se rendait pas compte de la chance que nous avions, le confort on le considère comme un acquis ; ces gens ; eux aussi ; ils ont eu le confort et du jour au lendemain ils vivent dans un pays où tout n'est que violence ; où aller à l'école est dangereux, tellement dangereux que les instituteurs sont armés de Kalachnikov.

Il y aura au cours de leur long périple des gens qui vont abuser de la misère humaine, ces passeurs sans scrupules et d'autres qui ont encore le coeur ouvert comme Bekir et Nuragica ; des Kurdes qui ont tout recommencé à Istanbul et seront quelque temps des parents de remplacement, les « oncles » Jamal et Enaiath, un moment où Mohammed pourra se faire de l'argent pour continuer leur voyage en vendant des sacs au bazar de Téhéran.
Il y a aussi la solidarité entre Irakiens, ceux qui ont réussi et ceux qui sont refoulés, tous se souviennent de leur pays sans amertume, mais les larmes dans la voix en se rappelant ceux qu'ils ont laissés aux pays.

Ce livre met fin à tous les préjugés, je n'en avais pas, mais les mots sont plus forts que les armes et j'espère vraiment que les gens, un grand nombre de lecteurs le liront, qu'ils comprendront la désinformation qui circule et ce qu'est la réalité de terrain ; les organisations mafieuses qui profitent des réfugiés ; bien sûr, il y a aussi de bonnes organisations, mais ces gens sont traités pires que des animaux.

Ils n'ont rien demandé, ils sont des êtres humains comme toi, comme moi, ils ne sont justes pas de la bonne branche de l'Islam ou de la bonne caste.
Dans le cas de Alì et Mohammed, ils sont turkmènes, une branche de la religion musulmane (Wikipedia) la pire pour les talibans, des rats que l'on écrase, de la vermine à faire disparaître.

Peut-être que quand tu croiseras un jour un réfugié tu ne te diras pas de suite encore un voleur et que tu changeras de trottoir, mais qu'au contraire tu lui souriras, tu lui tendras la main. Ces gens ne demandent pas grand-chose.

"Les gens qui parlent des émigrés utilisent souvent le mot "désespérés”, mais ce que moi, je pense, aujourd'hui, c'est qu'il n'y a rien de plus semblable à l'espoir que la décision d'émigrer : espoir d'arriver dans un endroit meilleur, espoir de réussir, espoir de survivre, espoir de tenir bon, espoir d'un dénouement heureux comme au cinéma. Il est normal que tout être humain cherche désespérément à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d'y arriver"

C'est un récit d'une très grande humanité, plein d'humilité et d'amour que Alì Ehsani nous livre. Entre chaque page surgit la lumière des étoiles, ce regard de petit garçon inquiet, mais heureux quand même, car non seulement Mohammed a réussi à quitter Kaboul, mais a préservé l'âme innocente de son petit frère.
Un petit frère qui a les yeux ébahis de voir la lumière partout, qui a peur de cette eau qui coule des douches, Alì qui n'en revient pas que les gens se baladent sans avoir peur, hommes et femmes ensembles dans les rues.
Tout cela est nouveau pour lui, la télévision, le cinéma, des billes, un vélo ou même juste un cornet de glace.

"Le moment le plus dur de ma vie a été celui où j'ai pensé avoir fait tant de route pour rejoindre une terre promise qui n'existait que dans nos têtes "

Un roman d'une incroyable beauté renforcée par la narration en tutoiement, Alì Ehsani se livre à son frère, il lui raconte avec son regard d'adulte ce qu'il comprenait à ce moment-là et ce qu'il a compris désormais. Comme s'il lui écrivait une lettre pour lui raconter tout ce qu'il a compris désormais et ce dont il se souvient.

" Selon moi, tu rêvais d'avoir une vie sans peur, ce à quoi tout le monde aspirait"

C'est un cri d'amour et de reconnaissance à ce frère qui l'a mené au but fixé depuis tant d'années : reprendre l'école et faire des études dans un pays où ce n'est pas les bombes qui ornent le ciel, mais les astres lumineux, le soleil et les étoiles

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Un récit d'une rare intensité. Dès les premières pages j'ai rejoint Ali dans les rues de Kaboul, à l'endroit même où se situait sa maison il y a encore quelques heures. Quelques heures qui font tout basculer. le sort de ce petit garçon de huit ans, de son frère Mohammed et de ses parents disparus. Et au milieu des débris et des restes enfumés il y a Ali qui s'agenouille et joue avec un caillou. Une innocence qui existe encore pour quelques instants. Avant que son frère Mohammed ne vienne le chercher et l'arracher à son jeu et ses rêveries, Ali peut encore espérer être dans un rêve dans lequel sa maison va surgir à la bonne place et ses parents juste devant à attendre son retour de l'école.

"- Nous sommes comme les oiseaux, as-tu dit.
- Pourquoi ?
- Parce que les oiseaux volent là où ils veulent et nous, on va voler très loin."

Après c'est le chaos. La tristesse. le chagrin. le déchirement de quitter son pays pour fuir la guerre avec son grand-frère qui est lui aussi encore un enfant. Ali et Mohammed vont découvrir que deux enfants venus d'Afghanistan, perdus, sans le sou, ne suscitent pas forcément la bienveillance des adultes. le racket, le racisme, le vol, la mort rôdent à chaque coin de rue ou presque. Un monde difficile dans lequel doivent évoluer deux gamins déracinés. Des jours et des nuits d'angoisse pour à tout prix s'en sortir et parvenir à aller se réfugier en Europe. Terre de toutes les promesses. Ces deux frères sont courageux et persévérants. La route est longue mais seule la mort peut les empêcher d'arriver en Grèce.

"- Il y a plein de gens qui croient tout savoir, et c'est exactement pour cela qu'ils n'apprennent jamais rien."

L'émotion frappe dès les premières pages pour ne plus nous lâcher. C'est les montagnes russes. Un récit poignant et nécessaire sur le sort des migrants. Pour que chacun se rende compte que ce que vivent ces êtres humains est intolérable et inhumain. Heureusement au milieu de toute cette tragédie et du chaos certains savent encore tendre la main... Une lecture nécessaire et inoubliable.

"Il n'y a rien de plus semblable à l'espoir que la décision d'émigrer : espoir d'arriver dans un endroit meilleur, espoir de réussir, espoir de survivre, espoir de tenir bon, espoir d'un dénouement heureux, comme au cinéma. Il est normal que tout être humain cherche désespérément à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d'y arriver."
Lien : http://aujardinsuspendu.blog..
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