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sur 100 notes
Alors que jusque là John Tallow faisait son boulot de flic sans réelle motivation, il change de philosophie le jour où Jim Rosato, son partenaire, est descendu par un forcené à poil dans un vieil immeuble new-yorkais. C'était Jim le bon flic, celui que tout le monde appréciait, qui s'y connaissait en bagnole, en conduite et qui passait toujours le premier lors des interventions. Alors John flingue le pourri qui a tué son coéquipier et, encore souillé du sang et de la cervelle de son ami, commence ses investigations dans l'immeuble. Ce faisant, il découvre un appartement blindé, véritable cache d'armes où au moins deux cents flingues en tout genre sont artistiquement disposés du sol au plafond. Sommé par sa chef de régler cette affaire au plus vite, John se rend compte que les armes ont servi à commettre des crimes non résolus, qu'il est seul sur le coup et que sa hiérarchie va enterrer l'affaire et sa carrière avec. Heureusement, dans son malheur il a la chance de tomber sur deux TSC (techniciens de scène de crime) un peu barrés mais très doués qui vont mettre toutes leurs compétences au service de la quête de celui qu'il a baptisé ''Le chasseur'', cet homme insaisissable qui a fait de Manhattan son terrain de chasse et tue en toute impunité depuis des décennies.


Si Warren ELLIS est surtout connu pour son travail de scénariste chez Marvel, il ne démérite pas avec ce polar sombre et déjanté très réussi. Manhattan, comme si on y était, avec son lot de crimes et ses flics en patrouille. L'auteur nous donne d'ailleurs à voir une police bien loin de l'image idéale véhiculée par les séries du genre. Ici, pas de solidarité, pas d'amitié, pas de soutien. Les gradés ne pensent qu'à leur carrière et à une éventuelle promotion, personne ne veut se mettre son supérieur à dos, en bref, personne ne veut se mouiller. Carriérisme et corruption sont érigés en valeur et les flics de base de débrouillent avec la rivalité entre services, le manque de moyens, le manque d'effectifs et les coups tordus de la hiérarchie. Au travers de ses personnages de flics désabusés qui font de leur mieux tout en pressentant que leur affaire finira aux oubliettes, ELLIS dresse le portrait d'une société américaine où le crime est un fait banal dont l'individu lambda se tient pour préserver sa tranquillité et qui n'intéresse le flic que dans la limite où il peut en tirer bénéfice. Mais, là où il aurait pu se contenter d'écrire un énième scénario pour un épisode de NYPD blue, il a su se démarquer en raconter aussi l'histoire de la ville depuis l'époque où elle était le territoire des amérindiens. Anecdotes historiques, légendes amérindiennes et physionomie de l'ancienne Manna-hata des Lepones émaillent un récit vif et percutant que l'on dévore avec jubilation. John Tallow , anti-héros partagé entre sa volonté d'aller jusqu'au bout et son envie de tout lâcher est un personnage qu gagne en épaisseur au fil de l'histoire et qu'on aurait plaisir à retrouver dans d'autres enquêtes, surtout s'il est encore une fois secondé par Bat et Scarly, les deux énergumènes du service technique qui apportent la dose d'humour nécessaire pour contrebalancer les horreurs décrites par le menu.
Un polar qui tient la route, efficace et addictif.
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Quatre ans après « artères souterraines », un polar trash et drôle aux dialogues percutants, Warren Ellis revient avec "Gun machine" et un tueur en série impitoyable aussi furtif qu’un guerrier Sioux dans la plaine. Sauf que c’est dans un New York qui a des allures de Gotham City, qu’il se déplace silencieusement. Le mal égrène sa litanie sur la radio de la police en d’innombrables faits divers horribles, qui laissent des victimes en bouillie sur le bitume. C’est d’ailleurs la seule radio qu’écoute John Tallow, flic asocial, déprimé et blasé , dont l’équipier vient d’être abattu par un forcené dans un immeuble recelant la planque d’un criminel qui collectionne les armes de ses forfaits.. C’est un étrange trio complètement déjanté, qui va mener l’enquête. Deux inspecteurs de la police scientifique plutôt originaux rejoignent Tallow : Scarly , la flic lesbienne mariée depuis peu à la sculpturale Tallia, et Bat...diminutif de Batmobile, un grand escogriffe passionné d’armes à feu. Le désordre de leur labo dissimule totalement leur conception de la rigueur scientifique, on n’est pas dans un épisode des experts ! un roman qui distille de façon efficace le désir de savoir ce qui se cache dans les écuries d’Augias de la grosse pomme, quel complot les élites ont fomenté pour aboutir à cette série de meurtres qu’on ne veut pas vraiment élucider en confiant l’enquête à une équipe de loosers ...Plus efficace qu’on ne croit, l'équipe en question! animée par une espèce d’énergie venant d’on ne sait où... l’alchimie de leur association et l’urgence de réussir ou disparaître, sans doute. Les dialogues sont savoureux, le récit très cinématographique, c’est sanglant à souhait, parfait pour les vacances. J’adore la longue tirade de Bat sur les séries policières et leur vertu cathartique pour la société. On sent que le Britannique Ellis pointe quelques peurs contemporaines, l'anonymat des grandes villes, la privatisation de la sécurité, le lobby des armes, le contrôle des données numériques. Un polar efficace, bien mené qui nous révèle une facette différente de cet auteur original.
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Un bouquin avec un titre pareil et un pistolet en couverture ? Sûrement sponsorisé par le lobby des armes, par la NRA. Il y a pas mal d'armes là-dedans et on y découvre les caractéristiques de certaines, c'est presque un catalogue. Ouvrir les pages de Gun Machine, c'est comme entrer dans un temple consacré aux armes. Des armes qui ont déja tué. Des armes qui sont loin d'être froides. Aucun meurtre n'a jusqu'ici été résolu. Sans arme du crime, en même temps, pas évident pour les flics de résoudre une affaire. Pas évident, non plus, d'avoir une affaire sur les bras qui tourne autour de centaines et de centaines d'armes trafiquées. En fait, on ne nous donne jamais le nombre total des armes de l'appartement 3A de Pearl Street. Si ça se trouve, il y en a des milliers ? Enfin, tout ce qu'on sait, c'est qu'il y en a du sol au plafond, et qu'elles sont agencées d'une étrange façon, comme si elles signifiaient quelque chose, comme si elle étaient reliées entre elles et à autre choses, comme par un fil invisible. Reste plus qu'à espérer que les armes ne se retournent pas contre nous et qu'elles nous explosent pas la cervelle.
John Tallow, le flic, fait la connaissance du tueur en série, en pénétrant par effraction dans son antre, en défonçant carrément un mur parce que la porte est plus qu'ultra sécurisée, en s'engouffrant donc, dans l'appart 3A de Pearl Street, dans la 1ère circonscription de New-York, à Manhattan. Où situer ça sur une carte ? Et quelle carte prendre ? Une des cartes de la boîte à gants de la voiture de Tallow ? La carte de la fréquence de la police qui annonce les crimes à chaque coin de rue ? La carte du réseau de sécurité de la ville établie par les caméras de surveillance ? La carte du réseau souterrain où circulent les données de Wall Street, sous condition de pouvoir fracturer le mur de Wall Street comme Tallow a défoncé le mur du 3A ? Ou la carte du tueur schizophrène qui lit la ville autrement, lui qui erre entre l'Ancienne Manhattan et la Nouvelle Manhattan ? Tallow saura-t-il retrouver le tueur, lui qui connaît comme sa poche l'histoire de la ville de New-York, lui qui collectionne les coupures de presse, les anecdotes, les affaires insolites comme celle des frères Collyer, ces frères aussi bordéliques que lui et ses collègues ? Possible mais pas sûr, car c'est un sacré bordel qu'il a sur les bras, là, Tallow.
En bref, un roman policier à la sauce américaine efficace, plutôt fun avec quelques persos bien barrés (en même temps c'est l'auteur de Transmetropolitan, le comics carrément taré), efficace, pas parfait, certes, car c'est de plus en plus difficile, je crois, de ne pas tomber dans la caricature du flic, déjà, et dans la caricature du criminel aussi, parce qu'en écoutant la radio de la police dans la voiture de Tallow, on a comme l'impression qu'il y a des psychopathes partout et qu'ils agissent quoi, toutes les 5 secondes et tout ça dans un même secteur. Il n'y a jamais un coup de feu anodin sur la station, non, c'est toujours un truc horrible, ce qui crée une surenchère, et on est loin de ce fameux raffinement dans le mal. Là c'est juste gratuit. Alors qu'une arme, bien choisie, on l'a jamais pour rien, elle a toujours un prix, le prix de la vie. On tombe aussi inévitablement dans le bouquin dans ce schéma type de la course poursuite flic/criminel, avec le chasseur qui finit par se faire chasser, tout ça parce que son chien n'est pas un chien, un vrai, une bête quoi, mais une simple pièce mécanique, un rouage du Gun Machine.
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Vous aimez suivre un lieutenant de police un peu barje sur les bords qui enquête dans une histoire pas du tout comme les autres, aidé d'un duo de bras cassés frappadingues, oscillant entre le génie et l'autisme pour le public relation ?

Vous aimez les coups retors dans le dos et les magouilles en haut de l'échelle ?

Vous avez un faible pour les dialogues pas piqué des vers et le langage argotique vous met en joie ?

Alors voilà un roman noir fait pour vous, messieurs dames !

John Tallow est un flic new-yorkais, à Manhattan. le genre de flic qui se la coule douce. Mais voilà qu'après la mort de son collègue, abattu par un gros forcené tout nu, notre John Tallow se met à jouer les John Wayne, refroidit le gars et sans le faire exprès, met la main sur un appart entièrement tapissé de flingues.

C'est à kiki tout ça ?? On ne le sait pas…

Au bas mot (et Obama), il y a au moins 200 armes correspondant à quelques 200 homicides non résolus… le tout rendrait la Lilly Rush de Cold Case folle de joie et en transe orgasmique.

Tallow, lui, il s'est mis tout le monde à dos et va se retrouver obligé de bosser avec deux techniciens de scène de crime (TSC) totalement hors-normes !

Quand tout le monde vous lâche ou tente que vous couliez tout seul dans la maison poulaga, parce qu'ici, ben, on est pas dans la série Blue Bloods (ou une autre) où tout le monde y s'aime et qu'il est solidaire, loin de là ! La grande famille, c'est pas chez les flics, ici, c'est chacun pour soi et tous contre John, presque.

Quand on vous colle dans les pattes Bat, un technicien bricoleur de génie mais un peu zot (fou, en bruxellois) et une autre – Scarly – tout aussi disjonctée, lesbienne et pas faite pour les relations humaines… Oh my god !

Oui, ça fait des étincelles ce super trio qui s'étoffera au fil des pages et vous fera vivre un récit des plus atypiques, à l'exact opposé des sentiers battus de ce que l'on pourrait s'attendre avec un roman composé d'enquêteurs ou de policiers new-yorkais (genre scénario de NYPD Blue).

Un petit roman noir aux dialogues jouissifs, plaisant, amusant, avec du suspense, du mystère, un méchant des plus étrange, un roman qui m'a entrainé dans les bas-fonds de Manhattan, m'apprenant des tas de petites choses sur la ville, son Histoire et me faisant lever les yeux au ciel de bonheur devant les dialogues argotiques et d'une composition littéraire loin d'une symphonie de Mozart. Ici, ça cause mal.

Mais putain, qu'est-ce que c'était bon !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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D'aucuns pourraient être dubitatifs en voyant un scénariste de Marvel comics se mettre au polar. Moins peut-être s'ils savent que Warren Ellis est aussi le scénariste de la bande dessinée RED adaptée il y a quelques années au cinéma avec Bruce Willis, John Malkovich ou encore Helen Mirren et Morgan Freeman dans laquelle des agents de la CIA à la retraite et pas tous très équilibrés tentent d'échapper à des tueurs de l'agence. Car c'est bien cette ambiance, très comics, très série B, que l'on va retrouver dans Gun Machine.

On est ici à New York avec John Tallow, archétype du flic de roman, solitaire, désabusé, un léger penchant pour l'alcool et la provocation, qui voit lors d'une intervention banale son coéquipier se faire descendre par un forcené sous anabolisants. En vidant son chargeur sur celui qui a abattu son collègue, Tallow troue le mur d'un appartement voisin dans lequel il découvre des centaines d'armes, dont beaucoup sont anciennes. Les premières analyses de cet arsenal révèlent que toutes ces armes ont été utilisées dans des meurtres non élucidés. de quoi faire chuter les statistiques de la police de New York et valoir à Tallow, malchanceux découvreur, une haine tenace de la part de ses collègues. C'est seul, puis avec l'aide de deux membres de la police scientifique aussi déséquilibrés que lui que Tallow se lance donc à la recherche de celui qui collectionne ces armes et, semble-t-il, aime à s'en servir.

Se plaisant à utiliser les archétypes du polar urbain – le flic solitaire en rupture, les scientifiques complètement tarés et obsédés, le tueur aussi fou qu'impitoyable, les chefs de la police essayant de préserver leurs postes, d'enterrer une affaire embarrassante et de préserver leurs amis chefs d'entreprises – Warren Ellis réussit à écrire un polar bien balisé par l'utilisation de ces codes tout en les distordant juste assez pour en faire quelque chose de nouveau.
Cela tient essentiellement à l'utilisation parallèle de procédés qui relèvent de l'autre carrière d'Ellis, celle de scénariste de comics. Ainsi instille-t-il dans son roman une atmosphère particulière due à une légère déformation de la réalité. Les flingues font plus de bruit, la violence – rappelée par la longue litanie des interventions de la police sur des faits divers atroces que crache sans cesse la radio de la voiture de Tallow – est omniprésente et sans conteste bien supérieure à la réalité quotidienne, le tueur, schizophrène, évolue entre deux New York, tout comme Tallow lorsqu'il découvre deux réalités cartographiques de New York se superposant grâce au réseau mis en place par une entreprise qui n'est pas sans rappeler dans une certaine mesure l'OCP de Robocop.

Tout cela donne à Gun Machine une réelle originalité et en fait un excellent divertissement porté par une histoire débridée au service de laquelle se met une écriture pas foncièrement extraordinaire mais efficace et bourrée d'humour. Bref, de quoi passer un très bon moment de lecture sans prise de tête. Un roman popcorn qui fait plaisir à lire.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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John Tallow est flic à New-York. C'est l'archétype même du flic désabusé, solitaire et peu soucieux de son travail, alors que son équipier, James Rosato, est au contraire l'image du parfait policier, apprécié par tous. Dans la cage d'escalier de son immeuble de Pearl Street au sud de Manhattan, un forcené complétement nu tire sur tout ce qui bouge. Les deux équipiers sont appelés en intervention. Rosato se fait descendre, et Tallow, impuissant, décharge son flingue sur le forcené. Les techniciens de scène de crime arrivés sur place sont intrigués par un appartement voisin dans lequel une décharge a traversé le mur, mais personne ne répond et la porte est impossible à ouvrir. Tallow décide de défoncer le mur de l'appartement. Et les voilà face à une quantité incroyable d'armes de toutes sortes, fixées sur les murs, du sol au plafond... un premier rapport balistique portant sur quelques armes prises au hasard montre qu'elles correspondent à des armes utilisées lors d'affaires de meurtres non élucidées.
Convoqué par sa supérieure, Tallow passe un mauvais quart d'heure : non seulement son super équipier est mort, mais en plus les voilà avec un arsenal d'armes, et de ce fait sans doute un montagne de « cold cases » à comprendre et à résoudre. C'est une affaire qui s'annonce bien compliquée. Et d'ailleurs qui sait s'il faut réellement la résoudre. Tallow va devoir mener l'enquête avec l'aide de deux techniciens à première vue assez peu fiables.
Le voilà sur les traces des premier bâtisseurs de la cité de Manhattan, des tribus amérindiennes et de leurs sortilèges. Et surtout face à un tueur en série, un tueur fou à lier, qui évolue dans un monde parallèle, celui de cette autre Manhattan des premiers temps, celle des peaux rouges et de la suprématie de la nature sur l'homme. Mais face à un « chasseur » qui est en fait un tueur azimuté qui agit dans l'ombre depuis de très nombreuses années sans se faire prendre.
On y croise aussi des chefs de la police un peu véreux, des chefs d'entreprise corrompus, des agents de la police technique et scientifique complétement allumés mais particulièrement doués cependant pour résoudre une affaire impossible. Malgré tous ces morts, ces évènements sanglants et cette litanie de meurtres et de crimes diffusée en particulier, et comme un rappel de l'horreur, sur le canal radio de la police, le livre est écrit avec une forme d'humour et un rythme tout à fait particulier qui fait qu'on s'y attache et qu'on a envie d'en connaître l'issue. Même si le scénario de ce tueur en série est au final bien peu crédible. le récit et les dialogues aux traits quelque peu exagérés nous permettent d'imaginer Tallow et son « chasseur » l'arme à la main, façon BD et Comics, la spécialité de l'auteur, on parcourt avec eux les rues d'une Manhattan inconnue et mystérieuse.
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Alors que John Tallow, flic désabusé faisant son boulot plus par habitude que par passion, et son coéquipier Jim Rosato, flic débonnaire apprécié de tous, sont appelés dans un vieil immeuble de Manhattan pour mettre fin au tapage d'un locataire qu'une menace d'expulsion a passablement énervé, tout dérape, et l'intervention de routine se transforme en carnage. Jim, que son corps trahit, se prend une balle en pleine tête, et John riposte en abattant l'excité armé. Sans avoir réellement pris conscience de ce qui vient de se passer, Tallow suit son instinct et, attiré par un trou dans la cloison d'un appartement, jette un coup d'oeil à l'intérieur et découvre l'impensable. La pièce renferme en effet un butin sans pareil: du sol au plafond, sur les quatre murs, s'étalent des dizaines et des dizaines d'armes, exposées comme autant de trophées.
Dans une fuite en avant visant à ne pas s'écrouler, le policier en qui personne n'a foi – pas même lui -, va se jeter à corps perdu dans une enquête qui s'annonce comme la plus ardue et risquée de sa carrière. Avançant à tâtons, épaulé par deux membres perchés, mais motivés, de la police scientifique, il va mettre à jour une terrible alliance dont l'élément central est un homme en marge de la réalité pour qui chaque meurtre relève de l'expérience mystique.

Le premier mérite de Warren Ellis est de nous plonger d'entrée dans l'action. le meurtre de Jim Rosato et la découverte de l'appartement interviennent en effet dans les premières pages. Pas le temps de faire connaissance avec les protagonistes, pas le temps non plus de se poser des questions… les balles fusent et l'enquête débute! C'est un choix d'une redoutable efficacité et on reconnaît bien là le talent du scénariste de comics ( Ellis écrit en effet depuis des années pour Marvel ).
John Tallow est un personnage principal convainquant. Bien loin du cliché de l'habituel vieux flic qui se fout de tous et de tout, et qui recourt à des pratiques qui n'ont plus rien à voir avec la légalité et le sens de la morale, il endosse sa solitude, son caractère asocial et son air désabusé avec une certaine dignité. Jusque là porté par son coéquipier, il apprend au fil de l'enquête à agir seul et, surtout, à entrer en interaction avec son entourage. Obligé de travailler avec Scarly et Bat, scientifiques calés mais complètement barrés, il doit malgré lui s'ouvrir aux autres et leur porter un minimum d'intérêt. Plus il avance dans ses découvertes, plus nous, lecteurs, en apprenons sur sa personnalité.
Ses nouveaux coéquipiers de choc sont d'excellents personnages secondaires dont les dialogues pimentés donnent du rythme au récit. Possédant tous deux une personnalité bien marquée et un humour décapant, ils n'hésitent pas à bousculer John et à le faire sortir de sa réserve. Rapidement convaincus par ses talents d'enquêteur, ils sont tout acquis à sa cause et mettent tout en oeuvre pour l'aider.

Le deuxième mérite de l'auteur est de livrer un roman policier finalement très visuel. Alimentant notre imaginaire à grands coups de descriptions détaillées et parlantes, il donne à son récit des allures de long métrage. le développement de l'intrigue, les personnages, le rythme et l'action… tout y est.
Son choix d'un coupable souffrant de maladie mentale et très attaché à l'héritage amérindien de la presqu'île de Manhattan est également bien trouvé. Il nous livre ses pensées et ses habitudes dés le début du livre, en parallèle de celles de Tallow, la distance entre les deux se réduisant au fur et à mesure que l'enquête progresse. Il en fait un meurtrier attaché au passé, dont chaque acte a un sens profond et qui ne laisse rien au hasard. Tenant tout à la fois du fou, du génie, du serial killer et du collectionneur, il fait jeu égal avec celui qui le traque jusqu'à ce que ses relations de « travail » le perdent.
Le suspens est constant et rien ne laisse présager le dénouement de l'affaire. On avance pas à pas, presque main dans la main, avec John Tallow et ses acolytes.

Ce fut donc une deuxième expérience réussie en matière de roman policier, et j'aurais plaisir à découvrir l'autre titre de Warren Ellis: « Artères souterraines ».
Les droits de « Gun machine » ont été achetés par le cinéma – c'était prévisible -, donc nous devrions pouvoir bientôt retrouver John Tallow sur grand écran.
Lien : https://mllejuin.wordpress.c..
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Jim Rosato, c'est le bon flic, celui que tout le monde apprécie et adule. Son coéquipier John Tallow, en revanche, fait figure de vilain bougre, récalcitrant, hors-cadre et has been, qu'on méprise à mots couverts. Or, Jim va se faire malencontreusement buter par un taré lors d'une fusillade dans un immeuble. Son coéquipier, John, toujours prompt à la riposte, le liquide sans scrupule, en arrosant généreusement les murs adjacents. Ce faisant, il transperce un mur, mettant à jour les tréfonds d'un appartement. Après une petite visite des lieux, John Tallow se rend compte qu'il vient de lever un sacré lièvre : l'appartement est rempli d'armes, du sol au plafond, chacune renvoyant à un homicide non élucidé. le vilain lieutenant va avoir du pain sur la planche pour remonter dans l'estime de ses supérieurs et collègues…

« Gun Machine » est un sympathique polar urbain qui décape à l'envi. Son auteur est Warren Ellis, « scénariste de comics britannique reconnu. Il a participé au renouveau du label Marvel dans les années 1990 et a travaillé sur de nombreuses séries telles que Iron Man, Transmetropolitan, The Authority, Ministry of Space et Planetary. Son premier roman, Artères souterraines, a été publié en 2010. Gun Machine est en cours d'adaptation pour la télévision », ainsi que l'indique la quatrième de couverture.
La dimension Comics transpire à chaque page, donnant à l'intrigue un aspect décapant, corrosif et réjouissant. Pour son enquête, Tallow est flanqué de deux sbires bien déjantés, deux collègues de la police scientifique. Et bien sûr, en dépit des nombreux obstacles qui se dressent sur son chemin, il va parvenir, fragment par fragment, à recoller les morceaux d'une vérité dont il va saisir l'énormité.
L'intrigue de « Gun Machine » prend place dans la jungle urbaine de la New York actuelle et entremêle habilement la modernité architecturale et technique du monde contemporain avec l'histoire de la colonisation de l'Amérique et la place occupée par les Indiens à l'époque. Quand on ajoute un soupçon de folie, New York se transforme vite en un terrain de chasse vibrant où caracolent prédateurs et proies, sans oublier quelques incorruptibles cowboys toujours à l'affût de la justice.

Un polar sans temps mort (et sans mauvais jeu de mots !), original, corrosif et plaisant, même si l'humour peut parfois sembler un peu lourd ou trop appuyé.
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Si vous aimez les auteurs atypiques, alors il vous faut absolument et en urgence, découvrir l'univers de Warren ELLIS !

Après son très remarqué « Artères souterraines » publié en 2010, celui-ci vient de sortir aux éditions du Masque son second roman « Gun Machine ». Venu du monde de la BD, où il a collaboré, entre autre, avec l'éditeur MARVEL comme scénariste, Warren ELLIS apporte véritablement une touche originale au genre, par la vitalité de son écriture, sa capacité à imprégner ses romans de cette même atmosphère qui fait la spécificité des comics américains.

A cela se rajoute sa prédilection pour des histoires bien barrées , son goût pour des personnages déjantés, son penchant pour des dialogues percutants, et vous avez là tous les ingrédients réunis pour une déflagration littéraire des plus réussies !

Il y a des jours comme çà où tout part en vrille. John Tallow n'est pas le genre de flic à briller par ses états de service. Lui est plutôt du style désabusé et dépassé, le type de flic sur la pente descendante d'une carrière sans relief.

C'est pour rappeler à la raison un hurluberlu qui prend très mal le fait d'avoir reçu un avis d'expulsion de son appartement, et qui terrorise le voisinage en se baladant à poil, les roustons en étendard, un fusil dans les mains, que Tallow est amené à intervenir dans cet immeuble délabré de Pearl street.

Il ne se doute pas que quelques instants plus tard c'est maculé des restes de la cervelle de son coéquipier qui le précédait dans les escaliers, qu'il videra son chargeur sur ce citoyen un poil irrité, et qui vient d' exploser la tête de son collègue comme une vulgaire pastèque.

Mais quand la poisse vous tombe dessus, elle passe toujours une deuxième couche ! Dans la cohue Tallow a éventré une partie du mur de l'appartement voisin. A l'intérieur, une bien curieuse découverte. Une véritable fresque d'armes à feu. Des dizaines et des dizaines de pistolets et revolvers accrochés au mur, non sans une certaine harmonie dont le sens échappe encore.

Or il s'avèrera rapidement que chacune d'elle a servi à tuer, et que les meurtres auxquels elles sont reliées remontent pour certains à près de vingt ans, et reste310nt tous à ce jour non élucidés.

Autant d'affaires que Tallow déterre bien malgré lui et qui par cette maladresse, les remet sous les feux de l'actualité, lui valant l'animosité et l'hostilité de ses collègues et de ses supérieurs.

C'est sans doute pour cela qu'il se retrouve seul avec toutes ces affaires sur les bras, histoire qu'elles s'enterrent à nouveau grâce à l'incompétence espérée de Tallow , emportant sous leur poids ce policier has been et indélicat. Pourtant dans sa quête de la vérité, il pourra compter sur l'aide de deux flics de la scientifique avec qui il va remonter progressivement le fil de cette inextricable et invraisemblable énigme.

On retrouve dans ce roman tous les codes et les ingrédients classiques d'un polar efficace. le flic paumé, solitaire, revenu de tout , qui noie parfois ses illusions au fond d'un verre d'alcool. le serial killer, redoutable et diaboliquement efficace, insaisissable et imprévisible. On n'oubliera pas non plus la dose de corruption policière, de connivence avec la finance, l'obnubilation des supérieurs hiérarchiques attachés à ne pas faire de vague et préserver leurs privilèges.

Cela pourrait donner un roman d'une facture classique, mais sous la plume de Warren ELLIS , à partir de ces mêmes ingrédients des plus communs, l'auteur parvient à réaliser une oeuvre vraiment originale, transposant celle ci dans une dimension aux contours laissés volontairement plus ou moins flous , incertains.

C'est là que réside , en particulier, la force et l'originalité de cette oeuvre. Car le passé de New York, son histoire, aliène son présent et de fait la trame de ce roman, à travers notamment ce serial killer qui navigue en alternance entre une vision contemporaine de la ville, et une autre, amérindienne et sauvage.

Un homme tantôt citoyen lambda noyé dans la masse grouillante des passants de la rue, tantôt chasseur assoiffé de sang et de violence, qui déambule dans la forêt à la recherche de sa proie ,quand dans son esprit les buildings et les gratte-ciels s'estompent et laissent la place aux grands arbres.

Un « gun machine » bien décidé à récupérer ses armes et à reprendre le cours de son oeuvre démarrée bien des années plus tôt et brutalement interrompue par l'intrusion de ce flic dans cet appartement.

Rajoutez des personnages bien barrés comme les deux acolytes de la Scientifique, l'un quasi autiste et l'autre lesbienne assumée, au langage à faire rougir le pire des taulards. Agrémentez le tout d'un soupçon de sauvagerie délivré tout au long du roman par une radio de police qui ne cesse d'énumérer toutes les atrocités dont l'homme est capable de faire à ses semblables, et vous aurez un aperçu de ce roman à l'atmosphère si particulière où paradoxalement l'humour n'est pas absent.

Un roman fou, fou , fou, particulièrement réussi , qui ne laisse aucun répit à son lecteur, mais lui donne déjà l'envie d'attendre le prochain roman de Warren ELLIS avec impatience !
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Gun machine -à ne pas confondre avec Machine gum qui n'a rien à voir puisque c'est une BD sans texte que j'ai lue récemment- est un polar qui commence de manière étonnante, entre le tragique et le comique comme la première fusillade. Et ça continue comme cela dans un registre très moderne : phrases et chapitres courts, mots d'argots voire inventés, jurons (je n'ai pas compté les "chiotte" échangés entre Rosato et Tallow), expressions fabriquées de toutes pièces, bref, un langage oral, fleuri, familier (dans certains types de lieux ou de professions, parce que perso, je parle pas comme ça), voire vulgaire ou grossier. Je salue ici le travail de Claire Breton, traductrice qui a dû en baver, même si parfois certaines phrases sont mal écrites, bizarrement, celles qui font appel à un autre registre de langage : "Mais ça n'a pas suffi à vous exonérer de je ne sais quelle punition elle estimait que vous méritiez ?" (p.63) Voilà donc un polar qui commence bien. le problème c'est qu'on a l'impression qu'il ne fait que commencer tant il se traîne en longueurs et en longueur. Page 130, même si l'on est entré dans le vif du sujet, on ne sait toujours pas trop de quoi il retourne. de même on a à peine fait connaissance avec les personnages : on sait que Tallow est sur la touche, qu'il vit seul, lit beaucoup, refume, que Bat et Scarly sont les deux flics scientifiques complètement barrés qui l'aident, contraints et forcés. Et puis, je ne comprends pas tout ce que je lis, le langage qui peut paraître plaisant est parfois abstrus, Tallow agit sans que l'on sache pourquoi, on nous l'explique bien après si bien qu'on lit des pages dont on ne comprend pas réellement l'intérêt : assez déstabilisant. de même, le côté déjanté de Bat et Scarly est un petit peu too much, les meilleures blagues sont celles qui ne durent point trop, même si j'aime le comique répétition -encore faut-il savoir en user. Lecture fatigante à la longue.
Peut-être suis-je trop conformiste pour apprécier toutes les subtilités de ce roman, mais je pense que subtilité il n'y a pas et que Warren Ellis avance au contraire avec des gros sabots, bien lourds et cradingues ? Mais je ne demande qu'à être contredit. A bon entendeur...
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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