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Critique de Renod


Renod
07 février 2020
« Brown's requiem » est le premier roman de James Ellroy. J'y ai donc cherché les prémices de l'oeuvre à venir. Elles ne sont ni dans l'intrigue, ni dans le style qui sont de facture classique. Ellroy adresse un clin d'oeil à Raymond Chandler. Son livre s'inscrit ainsi dans le registre du polar hard-boiled : un détective, médusé par les zones d'ombre d'une affaire qui lui a été confiée, fouine au péril de sa vie pour débusquer les affreux qui tirent les ficelles. le récit est linéaire et n'est pas bâti sur un point de vue multiple; l'écriture ne repose pas sur la scansion de phrases courtes et nerveuses. Mais on décèle dans ces pages le futur Ellroy, notamment lorsqu'il évoque le Dahlia noir par deux fois ; l'obsession est déjà bien présente dans son esprit quelques années avant l'écriture de ce chef d'oeuvre. Les thèmes évoqués sont ceux qui seront développés plus tard. La misère sociale est ici symbolisée par les caddies de golf, engeance qui évolue dans les bas-fonds de la Californie. le vice s'expose sous toutes ses formes : paris clandestins, extorsions, chantages, escroquerie, assassinats, policiers véreux, pornographie. Fritz Brown, le protagoniste, traîne derrière lui un lourd passif à l'âge de 33 ans. Son alcoolisme et son incompétence l'ont contraint à quitter les rangs de la police. Devenu détective, il passe ses journées à récupérer des véhicules dont les traites sont impayées. Ce raté s'interroge donc sur les raisons qui le poussent à persister dans ses recherches. D'où lui vient ce goût pour une justice implacable après des années d'errance morale ? J'ai été marqué par certains passages du roman, notamment la rencontre du protagoniste avec une communauté hippie sur une plage mexicaine ou les échanges entre Brown et son ami Walter, un inadapté hébergé par une mère bigote qui passe ses soirées à engloutir des récits de science-fiction et des litres de picrate. le héros est passionné des compositeurs allemands et la musique classique romantique est source pour lui d'épiphanies. Si « Brown's requiem » n'est pas aussi abouti que le reste de l'oeuvre d'Ellroy, c'est un roman qui mérite d'être lu pour sa puissance et son lyrisme.
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