AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Meps


Ellroy décide de donner une suite à son Dahlia Noir. Là où le premier opus du quatuor de Los Angeles était très personnel pour l'auteur puisqu'il était également un hommage à sa mère décédée, ce deuxième tome permet à Ellroy de développer un type de narration qu'il utilisera de façon aboutie dans la trilogie Underworld USA.

En effet, ici l'histoire est racontée par trois protagonistes séparés. L'histoire, bien que totalement crédible et inscrite dans son contexte historique, est une invention d'Ellroy. Mais le style inimitable du "demon dog" fait qu'on se prend à aller vérifier si les personnages qu'il décrit n'ont pas réellement existé. L'auteur parvient à être plus réel que la réalité ! Comme souvent avec Ellroy, les personnages ont leur faiblesse, leurs travers, leur violence pas trop rentrée. Ils en sont d'autant plus attachants car ils prennent une profondeur que les films en 3d ne parviennent pas à nous offrir ! Les deux dimensions de la page de roman suffisent parfois bien mieux à nous mettre face aux humains, si l'auteur a du talent bien sûr.

Ce livre est aussi pour moi l'occasion de continuer ma réflexion sur le personnage Ellroy, qui ne peut être dissocié de l'auteur. A l'heure des questions autour des Polanski ou des Woody Allen, on ne peut éluder qu'Ellroy est souvent décrit comme raciste, macho, violent, détestable personnage. Ce qui est sûr c'est qu'Ellroy éprouve une fascination (morbide ?) pour cette époque des années d'après-guerre où la violence permise aux forces de l'ordre était quasi sans limite et où les opinions sur les Noirs, les homosexuels ou les communistes étaient bien tranchées. J'ai pu lire dans certaines interviews que cette fascination était teintée de nostalgie chez Ellroy.
Il faut d'abord dire que cette époque est tellement éloignée de nous dans les comportements (alors qu'elle ne l'est pas tant que ça dans le temps) qu'elle en devient fascinante. Pour ce qui est du "personnage" Ellroy, je conseillerais de lire justement ce "Grand Nulle Part" et de me dire si un homme profondément raciste, misogyne et homophobe (comme on le décrit parfois) aurait pu imaginer une fin comme celle-là à son roman.

En bref, Ellroy décrit si bien ses personnages qu'il ne semble pas pouvoir vivre autrement qu'en leur ressemblant. Sa plongée dans le passé de la société américaine l'a sans doute rendu fou... mais que serait les artistes sans la folie ?
Commenter  J’apprécie          262



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}