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Citations sur La foi au prix du doute: «Encore quarante jours...» (26)

Croire que l'on a la solution des problèmes politiques ou économiques est une des catastrophes de notre société : les plans, la planification dans tous les domaines sont, autant que la prévisionnite, une maladie mortelle. En ce sens notre société est pire que celles où l'on vivait dans un univers religieux, car ces sociétés connaissaient le doute et les incertitudes, alors que le croyant en des solutions scientifiques et techniques est l'inexpiable bourreau collectif de notre monde, insensible aux remords autant qu'aux scrupules.
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On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d’esclaves. (page 16)
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Toutes les relations humaines sont sur le modèle de la relation de la femme et de l'homme qui s'aiment, et pour cette raison croient l'un dans l'autre. À partir du moment où l'on ne croit plus à la fidélité, à la bonne foi, à la véracité de l'autre, le couple devient un enfer. Et jamais aucune preuve, jamais aucune démonstration n'a pu remplacer la croyance, la confiance. Et jamais aucune enquête, jamais aucune raison n'a pu faire cesser le soupçon et combler la rupture. Seule la croyance comble le fossé qui existe entre les hommes. Hors d'elle nous vivons dans le climat desséché, desséchant de la raison, de la preuve (jamais suffisante), et quelles que soient les grandeurs de la science, l'homme n'a jamais pu vivre dans ce climat rigide, austère et puritain, dans l'air raréfié de l'expérience abstraite et des codes anonymes. De la conversation la plus courante à la relation la plus intime, tout repose sur cette confiance-croyance, qui donne un repos à l'âme et une joie dans la présence des autres.
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Nous vivons un gigantesque procès où chacun est l'accusateur avec fougue, la passion, le délire d'être le Justicier et l'Explicateur. Chaque fois que tu accuses un autre (le fasciste ou le communiste, ou le juif ou l'immigré ou le jeune...), en même temps tu te délivres et tu t'assures de ta propre justice. Tu as trouvé ton bouc émissaire. Et nous passons en effet notre temps à le chercher. Pour poser notre main sur sa tête et nous décharger ainsi de toutes nos fautes, et l'envoyer ensuite au désert, devenir la proie des guivres, des incubes, des succubes, des larves, des lémures qui représentent nos propres haines enfin expulsées.
Il faut le reconnaître, au travers de nos succès inouïs de science et d'intelligence, par le chemin de nos croyances infuses et diffuses, Satan a gagné exactement partout. Sans exister par soi. Il nous suffit d'être nous-mêmes. De croire en nous-mêmes. Alors vient le repli. Après cette phase d'expansion accusatrice, nulle autre issue que de s'enfermer en soi, de trouver en soi son contentement et sa suffisance, et de se contempler, Narcisse qui ne se noiera pas, car il est déjà mort, et il s'est assassiné dans son accusation. Mais il lui faut bien continuer à vivre. Vois la pauvreté de l'érotisme moderne. Surprenant contresens, mais un de plus seulement, de se réaliser par l'érotisme, et de nous montrer Sade comme le héros des libérations et d'un dépassement de l'homme ? De soi ? Qui ne peut s'exprimer et s'achever dans l'acte érotique. Car, relis bien, tu verras, et non par façade morale, que chacune de ces aventures s'achève par une impossibilité, par un échec. Et l'autre, qu'en as-tu fait dans ton aventure érotique ? Je trouve bien plaisante l'attitude bravache des orgueilleux inventeurs de cette liberté ! Vous avez fait de la femme un objet ; par l'érotisme elle va se libérer, enfin devenir elle-même... mais l'érotisme est toujours plaisir solitaire, et comment ne pas voir que celui qui est utilisé n'est jamais rien de plus qu'un objet pour achever mon plaisir ? Il n'y a pas d'érotisme partagé (ce serait de l'amour). L'autre n'est jamais qu'un godemiché un peu plus perfectionné. Enfermement dans soi que l'érotisme, et rien d'autre, rien de plus, cependant que cet objet, tu es prêt à le rejeter aussi, porteur encore une fois de ce qui pourrait être ta marque d'infamie que, heureusement, tu as su projeter sur lui. Repli sur toi, pour te cuirasser contre le regard d'un autre. Utilisation de l'autre en même temps pour te sauver de toute accusation et pour satisfaire ta passion terrible de Narcisse vivant mort. Voilà où nous en sommes.
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Le roman n'a pris son essor qu'au fur et à mesure de la disparition de l'être chez l'homme. Moins tu vis, plus tu lis les histoires des autres. Moins tu es un héros, plus tu as besoin de rencontrer un héros. Moins tu as de satisfaction sexuelle vécue, plus tu dois chercher l'érotisme vu ou lu. Moins ta vie est une aventure essentielle, plus tu vivras les aventures vicaires. Ainsi nous avons le sentiment de ne pas être nuls, de ne pas être seuls. Notre vie commence dans la vie rêvée racontée par d'autres. Et cela nous permet d'éviter soigneusement de nous brûler au feu de la question dangereuse, de manipuler cette trinitrine qui consiste à se demander avec rigueur : « Qu'est-ce que tout cela vaut, ma vie, mon travail, mes amours, cette civilisation, cette culture, cette organisation, qu'est-ce que cela vaut ? »
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Si l'argent était resté à son niveau de pur instrument sans aucune illusion, sans être magnifié, pure utilité concrète sans idéologie, sans fascination, sans hypnose, il n'aurait aucun pouvoir sur l'homme et n'engendrerait aucune déformation. Mais voici qu'il a fallu y adjoindre la croyance que l'argent permettait de tout faire, que tout était à vendre, que grâce à lui la puissance était en nous ; c'est la croyance qui a nimbé le nouveau dieu de ce sacré mortel qui a entraîné les injustices et les massacres du monde moderne. Et j'en dirais autant pour le pouvoir politique. Quelle étrange alchimie a transposé le banal pouvoir de commander, de gérer, d'organiser en une sublime fonction qui concentre tous les pouvoirs et toutes les armes, tous les droits et tous les abus, avec le consentement des opprimés parce qu'ils croient. Ils croient en cette valeur, cette toute-puissance, et tendent le cou pour qu'on y mette le joug. C'est la croyance qui engendre la passivité. Mais croyance productrice d'une sorte de surréel, qui seul permet l'aliénation. L'homme, durement et simplement placé devant la réalité même, sans voiles et sans illusions, peut accéder à la liberté en combattant ce qui l'opprime. Il faut commencer par détruire ces mythes et ces croyances.
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La représentation scientifique est purement symbolique, et nous faisons confiance à ceux qui nous la montrent pour nous faire une idée d'un réel irreprésentable. Mais cela est tout autant arbitraire et artificiel que les statues des dieux.
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Ce sont les jeunes, les gauchistes, les écologistes qui paraissent de dangereux idéalistes, livrés à des croyances irrationnelles, et celui qui les accuse, réaliste, les pieds sur terre, n'étant pas un homme livré aux passions et aux croyances. Or, je prétends qu'il en est exactement le contraire. Ce sont les gauchistes, écologistes, tiers-mondistes, féministes qui sont réalistes, qui voient le réel tel qu'il est, qui détectent les menaces, les mettent au jour, et avertissent justement de la nouveauté des questions. Alors que ceux qui les accusent sont de dangereux idéalistes, des fabulateurs parce qu'ils croient, mais croient seulement, détenir des solutions qui n'en sont pas.
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C’est entendu, les centrales atomiques sont tout à fait fiables. C’est entendu, les missiles accumulés, les sous-marins et les fusées, les bombes à neutrons et celles à hydrogène, les produits toxiques hors la guerre, les fûts et containers de déchets radioactifs et de dioxine, les accumulations de plomb et de mercure, la couche sans cesse plus épaisse de gaz carbonique, tout cela n’est pas dangereux. Pas plus, nous dira-t-on, que ne l’étaient les gaz d’éclairage en 1850 ou les premiers chemins de fer. Pauvres imbéciles délateurs du progrès que nous sommes, et qui n’avons rien compris. Jamais personne ne fera la dernière des dernières guerres. Jamais les pétroliers de 500 000 tonnes n’échoueront, ni les sondages off shore à trois mille mètres ne crèveront de façon irréparable. Jamais le génie génétique ne déviera pour produire des monstres ou bien des êtres d’une si parfaite conformité au modèle prescrit. Jamais les tranquillisants, euphorisants, déconnectants ne seront une camisole de force chimique généralisée. Jamais les nourritures artificielles fabriquées par d’agiles bactéries mises en action ne seront une pourriture. Jamais l’informatique ne sera l’instrument d’une police universelle. Jamais les caméras fixées sur les avenues ne seront l’œil qui ne se trouve plus dans la tombe et qui n’est plus à Dieu. Jamais l’État ne deviendra totalitaire. Jamais le goulag ne s’étendra. Faites confiance. Faites donc confiance aux savants, aux laboratoires, aux hommes d’État, aux techniciens, aux administrateurs, aux aménageurs, qui tous ne veulent que le bien de l’humanité, qui tiennent bien en main l’appareil et connaissent la bonne direction. Faites confiance aux prévisionnistes, aux informaticiens, aux hygiénistes, aux économistes, aux gardiens de la Cité (ô Platon, nous les avons maintenant !). Faites confiance, car votre confiance est indispensable dans cette sorcellerie.
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Jamais dans un monde aussi riche, aussi fortuné, aussi consommateur, jamais l’homme n’a atteint une pareille décadence morale, spirituelle, psychique, une telle anomie, le taedium vitae, l’appel de la mort, l’hypnose suicidaire collective… Là est déjà le châtiment de l’Occident envahisseur. Prométhée de nouveau enchaîné, mais par ses propres soins. Jamais l’humanité n’a atteint une telle puissance, une telle souffrance universelle, un pareil désespoir.
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