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Critique de marsenavril


Quelque chose m'a dérangée dans ce roman (et qui est à vrai dire son fondement) : les récits parallèles même si on finit par comprendre leur logique, mais le décalage entre les deux propos est trop intense et radical, différence d'ambiance, de tonalité, d'émotion. Chaque fois qu'on commence à s'immerger, la fenêtre se ferme et on est tiré dans l'autre histoire. Avec un certain manque appétence pour celle du mathématicien, une forme d'aridité ou d'abstraction (tiens donc) qui tient à distance, de même qu'une relative complexité dans les circonvolutions de l'histoire (avant, après, pendant, encore avant et après et maintenant etc). Bref il faut suivre, alors que l'histoire du déserteur, de la jeune fille et de l'âne est plus directe, intense, charnelle (ah la pêche à la truite, les odeurs , les lumières, les sons et tout le reste) tout invite à l'adhésion émotionnelle. Bref on est triste de les quitter pour Paul Heudeber et sa constellation (mathématique, historique, familiale, politique et les hommages et mises au point qui s'ensuivent...).  Je me suis évidemment contentée de survoler ce qui était (purement ?) mathématique, même si l'évocation des Conjectures de Buchenwald (contribution éblouissante et majeure dudit mathématicien) brillaient d'un éclat mystérieux et me faisaient entrevoir le ravissement de la poésie des mathématiques. Ce fait exerce évidemment  un attrait irrésistible pour qui, comme moi, est étanche, et l'espace d'un instant -vaine spéculation, hélas- j'ai pu m'imaginer touchée par la possibilité de la grâce mathématique sur les hauteurs de l'Ettersberg. Ettersberg étant, comme chacun ne le sait pas, le haut lieu de la pensée (Schiller, Goethe, les mathématiques selon Heudeber) et de la barbarie (Buchenwald).
Bref l'affaire est complexe et je me suis un peu forcée à surmonter une relative exaspération au milieu de la lecture. Bien m'en a pris, je me suis réconciliée avec ces complexités de la destinée humaine (et de l'écriture de Mathias Enard).
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