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4,26

sur 144 notes
A regarder la couverture de ce tome 1 d'intégrale, on pourrait choisir d'ignorer ce qu'on voit vraiment, se dire qu'il s'agit juste du visage d'un pasteur souriant devant le clocher d'une église, remarquer l'habileté de la croix du clocher juste devant les lèvres qui évoque la croix d'un chapelet que le pasteur embrasserait. Si on choisit de ne rien ignorer, et surtout pas le regard brillant de folie du pasteur, on se dit que tout ça a de bonnes chances de partir sérieusement en sucettes.
Il ne suffit que de quelques pages pour confirmer la seconde hypothèse. Preacher est provoquant, grossier, ultra violent, gore. Âmes sensibles s'abstenir... ou pas forcément puisqu'à chaque numéro (le recueil réunit les 12 premiers) une à deux pages sont consacrés au courrier des lecteurs et on sent que l'auteur rêverait de recevoir des courriers insultants de lecteur choqués, indignés, outrés. le but est clairement affiché d'aller affronter les limites de la pudibonderie américaine en matière surtout de violence, de grossièreté, de sexe (beaucoup plus souvent suggéré que montré) et finalement moins directement de religion.

Tout cela se fait avec beaucoup d'humour, de style, de panache. L'histoire est juste démente et en même temps totalement bien construite et "logique" dans sa folie. Une fois qu'on a accepté les règles posées - par exemple que l'on va rencontrer des anges, séraphins ou adéphins (je les connaissais pas ceux-là, normal l'auteur les a inventés) et que les démons et les anges peuvent faire des bébés... - le récit semble totalement cohérent... avec lui-même. La construction habituelle en plusieurs actes narratifs est drôlement bien menée, avec 3 personnages principaux très étoffés - le pasteur habité par une puissance divine, la petite copine qui veut comprendre pourquoi elle s'est fait jeter... et un troisième homme rencontré par hasard et dont on comprend assez rapidement à quel genre d'être il appartient (si je vous dis qu'il a du mal avec la lumière du jour, mmh ?). L'auteur joue avec les codes et les références, allant du western à Pulp fiction.

Petit aparté d'ailleurs, je trouve que ce livre est ce qui se rapproche le plus d'un Tarantino version comics. J'avais vu dans la promotion de la série du Bourbon Kid qu'il cherchait à être du Tarantino en livre. Ici le cocktail humour et violence gratuite me semble parfaitement correspondre au cahier des charges sans s'en vanter plus que ça.

Je pourrais continuer les louanges en disant combien tous les personnages, y compris les secondaires de chaque arc, sont particulièrement fouillés et pourraient pour beaucoup avoir leur propre série (on pense évidemment au fils du policier texan défiguré par une tentative de suicide raté à la Kurt Cobain, au policier new-yorkais malchanceux du niveau d'un Gaston Lagaffe ou d'un François Perrin dans La Chèvre...). Je pourrais louer le dessin extraordinaire de Steve Dillon qui se concentre en grande partie sur les visages, très souvent en gros plans, tout en maîtrisant également parfaitement les scènes où l'action explose et dynamite la page... mais à force ma critique va déborder des standards souhaités !

Je n'ai réservé ma cinquième étoile que parce que je sens que la série ne risque pas de faiblir et que je me dis qu'un de tomes de l'intégrale sera peut-être encore meilleur que ce démarrage sur les chapeaux de roue. La fin de cette intégrale me fait cependant être également vigilant: le plaisir pris au déchainement de violence du 12ème opus (qui donne enfin ce qu'il mérite à certains personnages) me fait penser qu'il faudra malgré tout espacer les lectures, pour ne pas trop solliciter cet instinct bestial qui sommeille en chacun de nous.
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"Preacher", ce sont 66 épisodes écrits entre 1995 et 2000 (dont les 12 premiers sont regroupés dans cette première intégrale...sur les six prévues). Un succès commercial immédiat, autant récrié qu'acclamé. Salué et réprouvé pour la même raison : son audace dissidente exprimée dans ce comics brutal, blasphématoire, violent, dépassant avec entrain les bornes du politiquement-correct.

Mais peut-être bien que Garth Ennis et Steve Dillon auraient trouvé d'autres voies narratives... si Dieu n'avait pas fichu le camp !

Et ça ! c'est la faute à l'Amour ! ...enfin plutôt à un accouplement "infernalement" charnel d'un ange avec une demone. de cette union anti-séraphique est né un prodige d'une autre espèce qui répond au nom de Genesis et qui est probablement aussi puissant que Dieu... ce dernier se sentant alors supplanté, s'est barré !
Mais Genesis, strictement surveillé par les sbires angéliques de Dieu, voit (aussi) l'occasion de se catapulter dans la liberté et atterrit avec fracas dans le corps du pasteur Jesse Custer, devant ses ouailles tout sauf dévouées.
Comme Jesse est un homme sceptique qui aime partager ses doutes cléricaux avec son pote Jack Daniels...question "esprit" il est maintenant servi !

Ça... c'est le début d'une longue histoire qui va jeter Jesse sur la route, en compagnie de sa jolie ex-fiancée Tulip et d'un vampire irlandais, Cassidy, qui adore téter indifféremment gorges et bouteilles.
Quand Jesse comprend que Dieu s'est défilé pour fuir ses responsabilités... il confesse la ferme intention d'aller lui botter les fesses afin que "L'Eternel" réintègre ses célestes pénates. Encore faut-il le trouver, ce Seigneur Divin...quelque part dans cet Amérique peuplé de flics pochetés, de ploucs, de pèquenots et d'exterminateurs...

Et pour ceux/celles qui se demandent pourquoi et comment un homme de la trempe de Jesse s'est retrouvé devant un autel en Texas... sachez que la présentation de la famille aimante et aimantée de Jesse ne vous sera pas épargnée, dans un face-à-face chaud...très chaud !

Pour moi, qui tient "L'Etre Suprême" dans une certaine estime... plus proche d'aucune, l'insolence subversive d'Ennis et Dillon est jouissive ! La violence, très présente, se manifeste surtout dans les dessins (aaah ! la façon et la quasi-perfection avec lesquelles Dillon sait représenter l'éclatement de la chair par balle... !), et ces dessins, pourtant pas toujours précis quand ils ne concernent pas les personnages, racontent parfois mieux que le texte... à cause, sûrement, des expressions et mimiques incroyablement vivantes des visages...

Bon, je ne veux pas éterniser mon prêche...laissez-vous convertir par le Preacher !
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Et ça y est, la réédition de Preacher, la série phare de Garth Ennis et Steve Dillon, est lancée chez Urban Comics ! le Livre I fut un hit dès son lancement aux États-Unis en 1995, nul doute qu'une réédition sous une forme définitive avec plein de bonus à l'appui ravira le plus grand nombre.

Dans un décor digne d'un western des années 1990, le sacré Garth Ennis nous dévoile un récit qui se construit dès le départ autour d'un trio improbable : d'abord, Tulip O'Hare, relatif canard boiteux qui devra nous en apprendre davantage pour convaincre, puis Jesse Custer, un pasteur texan qui reçoit en son sein une mystérieuse entité et détruit du même coup l'ensemble de ses coreligionnaires (!), et enfin, Cassidy, vampire irlandais qui rôde alors au Texas. Tous trois ont donc quelque chose à se reprocher et un bon paquet d'individus vont se mettre à leur filer le train assidument. Nous trouvons là surtout un duo diablement osé : la relation entre Jesse et Cassidy est à la fois franche, ambigüe et décomplexée ; les bons mots fusent, comme les plus grossiers, leurs expériences nourrissent leurs dialogues et ça n'y va pas de mainmorte !
À ce petit monde, Garth Ennis ajoute un beau petit lot de personnages secondaires bien « profonds » : d'abord Hugo Root, un shérif avec une vie personnelle aussi pathétique que sa vision de la société, mais fort d'une présence charismatique indéniable ; puis le duo d'inspecteurs opposés, John Gland et Paulie Bridges (le raté et le parfait, attention aux clichés à faire sauter !) ; et même Simon Coltrane, le journaliste de base, reporter solitaire qui se révèle plein de ressources pour toute sorte d'histoires sordides ; enfin, attendez-vous également à quelques gars de la campagne profonde du Texas, il y a du dégénéré à la pelle. La plupart d'entre eux ont le racisme au bout des lèvres, l'insulte facile et la grossièreté en règle de grammaire.
Pour ce premier livre raisonnablement introductif, nous avons la chance de découvrir deux arcs distincts. le premier est composé de sept chapitres et nous emmène du Texas à New York pour découvrir les personnages principaux, leurs atouts et leurs faiblesses, et déjà l'envers du décor avec les forces mystiques mises en jeu dans l'affaire. Un deuxième arc de cinq épisodes complète notre entrée dans l'univers tourmenté du Preacher avec un retour à Annville, au Texas, pour comprendre le passé du pasteur Jesse Custer et s'affranchir une bonne fois pour toutes de son entourage encombrant. Dans ce contexte, le dessin de Steve Dillon est particulièrement expressif, mettant souvent de côtés les paysages et décors pour se focaliser sur les personnages avant tout, ce qui se révèle très utile dans les scènes de combat singulier, d'émoi intérieur et de blocage sentimenalo-intriguant.
Dans toutes ces intrigues déjà foisonnantes alors que nous n'avons là que les douze premiers épisodes, Garth Ennis ne prend jamais de pincettes : que ce soit pour démonter la religion (qui compte beaucoup mais n'est pas forcément l'intrigue prépondérante pour le moment), pour exprimer son ras-le-bol de certains comportements ou bien pour rayer de l'histoire un personnage pourtant clé, c'est toujours avec force, de manière abrupte et cassante. Nous avons clairement là un récit volontairement amoral, mais qui présageait finalement de la mentalité de ce début de XXIe siècle, tout simplement. L'heure n'est plus à la morale, et la violence et ses affres habituelles n'ont jamais eu autant pignon sur rue, alors désormais tout ne vous choquera pas dans Preacher. Lire Preacher, c'est ainsi plonger la tête sous l'eau, respirer à grand peine, suffoquer en se retrouvant à l'air libre et finalement se prendre un violent coup de tatane dans la gueule et reprendre inlassablement ce cycle « vertueux ».
Avec ses douze chapitres, alors que la série en compte en totalité 66 (évidemment), ce premier volume qui lance la réédition est le plus épais, je pense. En guise d'exclusivité, car ils sont inédits, nous bénéficions à chaque fin de chapitre (et oui, Urban Comics réussit quasiment toujours son chapitrage original, lui) du courrier des lecteurs que Garth Ennis se faisait un charmant plaisir à organiser chaque mois. Enfin, et heureusement, en bonus final, nous trouvons entre autres ce qui a beaucoup contribué aux bonnes ventes des numéros originaux de la série : les couvertures de Glenn Fabry, peintures accrochant définitivement l'oeil, avec ses crayonnés préparatoires et des commentaires du dessinateur lui-même et de Garth Ennis.

Preacher, Livre I est donc une totale réussite sur le plan éditorial (un peu à l'image de Northlanders pour l'entente directe avec l'auteur pour faire un ouvrage avec un fort aspect définitif), merci Urban Comics pour cet écrin ; cette oeuvre de Garth Ennis et de Steve Dillon, dont les retombées se ressentent encore aujourd'hui dans le monde des comics, le mérite largement !

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Ouah ! ça c'est du comics qui tue sa mémé ! (Humour glauque, faut le lire pour comprendre...)

352 pages de bande dessinée pur jus d'irrévérence mâtiné de gore-attitude, assaisonné d'humour très (mais alors très très) noir, saupoudré d'une pincée d'amour fou, pimenté de fantastique et rempli de personnages complètement déments, c'est juste le top du top du comics tel qu'on en veut encore !

Le scénario est juste dingue, les dessins à peu près autant, les personnages au top, et j'avoue que Cassidy m'a gravement manqué sur la fin de ce Livre 1, même si cette fin reste au top du top de la monstruosité.

Ceci dit, et alors que certains penseront à la lecture de ce plaidoyer "anti-dieu" être dans le "trop vraiment trop gros pour être vrai", je trouve que la lâcheté et le sadisme de certains qui se planquent derrière "dieu" et une religion quelconque pour faire (et faire faire) les pires saloperies à leurs enfants est fort bien mise en exergue et hyper-réaliste, en fait.

Bref, j'ai adoré, j'ai bien fait d'offrir le Livre 2 à ma fille pour son récent anniversaire (puisque c'est elle qui l'a vue avant moi et l'a commencé, cette série...) ! ;-)
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Pourtant j'aime le pulp et l'exagération en général, mais là, le langage grossier à longueur de pages, l'ésotérisme religieux tourné vers le spectaculaire, la violence à outrance… J'ai fini par ne plus supporter, abandonné à la moitié. Pour moi, la littérature pulp doit savoir jouer sur la nuance, le décalage, l'ironie, bon, peut être l'ironie à la rigueur, mais ici, pas le moindre décalage ni la moindre nuance, surtout dans les dialogues.
Le dessin est plutôt pas mal, la colorisation par contre, vous savez ce que je pense des dégradés numériques, et bien moi aussi je peux être grossier…
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C'est un peu par hasard que j'ai commencé ce comics. le titre est intrigant mais l'image de la couverture presqu'un peu flippante ! Un prêcheur avec un sourire qui fait peur même si la croix pourrait poser question.
Ce premier tome correspondant à une intégrale de douze épisodes parus originellement. Je me suis lancée dans l'histoire sans résumé au préalable. Surprise assurée ! On fait d'abord connaissance avec un trio dont ce fameux prêcheur, Jesse Custer. Il s'est passé une catastrophe dont seul Jesse est ressorti vivant. C'est le début d'une grande course-poursuite.
Détonnant ce comics, c'est violent, explosion de corps, sang par giclées à chaque attaque, les paroles de certaines personnes parfois tout autant.
Et Jesse accumule les poisses ! En plus d'être "possédé" par le rejeton d'un ange et d'une démone, il a une famille de merde qu'il a eu le bon goût de fuir dès qu'il a pu.
J'aime bien les dessins, même si les têtes sont un peu incommodantes. Les méchants ont souvent de bonnes têtes de méchants, bien dégueulasses. Mais l'effet est bien là, on éprouve du dégoût, on ressent le désespoir ou la colère. Si vous aimez vous faire déranger, le langage un peu cru, un peu de violence, des visages dérangeants et pas mal d'actions, je vous conseille Preacheur.
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Bon, il est temps que j'écrive ma chronique au lieu de me taper la main sur la cuisse tellement j'ai apprécié ce comics.

De l'audace, il ne fallait que ça pour arriver à mettre en scène une histoire déjantée, sombre, noire, folle, aux dialogues extras.

N'en jetez plus, même les dessins, je les ai appréciés !

Par contre, si vous êtes allergiques au fantastique, prenez une boîte d'antihistaminique car vous pourriez avoir une crise de boutons…

Imaginez un paradis où un ange aurait copulé avec un démon et qu'un enfant serait né de cette union sauvage et sensuelle. Désolée de vous l'apprendre de cette manière, mais apparemment, les anges ont un sexe (une bite) et ils peuvent l'utiliser.

Je ne vous en dirai pas plus, z'avez qu'à lire le comics, tiens ! Partez sur la route en compagnie de Jesse, le pasteur habité par l'entité Genesis (pas le groupe), suivi de Tulip, son ex-copine et de Cassidy, le vampire. Faites juste gaffe au Saint des tueurs.

Oui, c'est irrévérencieux au possible, c'est violent, sombre, les têtes explosent, les gros mots fusent, le racisme crasse colle aux basques de certains personnages, mais bon sang, qu'est-ce que c'est jouissif ! Sauf si vous êtes une grenouille de bénitier… Là, vous risquez de défaillir grave votre mère.

Certains personnages sont un peu dans la caricature, mais la majorité sont étoffés, travaillés. Les personnages secondaires sont pour la plupart des trous du cul bas de plafond.

Une fois de plus, je me dois de remercier Jean-Marc-Les-Bons-Tuyaux (Actu du Noir) pour m'avoir donné envie de lire cette saga. J'ai mis un peu de temps mais maintenant que je suis lancée, j'espère avoir le temps de la lire en entier.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Blasphématoire et hyper-violent, le contenu est à la hauteur de l'illustration de couverture - ou pas loin. Ceci dit, en VO, même avec un bon dictionnaire, coté dialogue, le jargon façon Redneck Rampage mélangé à l'argot américain (transcrit quasi phonétiquement pour les commentaires de John Wayne), ça pose un gros problème de décryptage... Une expérience culturelle, à ne pas rater.
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Des anges et des démons, un vampire, un Dieu qui a abandonné son poste, un Saint des Tueurs, de la haine, de la peur, de l'amour… ça aurait pu être juste un grand n'importe quoi, mais c'est loin d'être le cas car, grâce au cadre et aux personnages, tout reste crédible d'un bout à l'autre.

Je vous préviens tout de suite : Preacher, c'est violent. C'est vulgaire et c'est brutal. Jurons, insultes, mutilations et meurtres sont légion. Et l'humour y est très noir. Mais ce n'est pas juste une violence gratuite (enfin, peut-être un peu). C'est surtout que nos personnages évoluent dans un monde lâche, cruel, agressif – ils y participent aussi pas mal, surtout dans le cas de Cass –, dans lequel règne la loi du plus fort. Il y a toutefois quelques passages bien vicieux (si vous avez l'occasion de découvrir le Marchand de viande, vous comprendrez).

Mais Preacher est aussi une grande fresque qui parle de religion et de nature divine, d'amour (les parents de Genesis, ceux de Jesse, lui et Tulip…) et d'amitié (l'importance énorme de Cass dans sa vie), de la famille (notamment lors de l'arc narratif sur Angelville, le domaine – assez atroce – où Jesse a été élevé), d'honneur et de loyauté, d'identité…
Bref, si Garth Ennis et Steve Dillon proposent là une étonnante et passionnante vision du Ciel, de Dieu et de son armée d'anges, ce sont bien les relations humaines qui constituent le coeur vibrant de cette histoire.

Preacher, ce sont également des personnages complexes, torturés, mystérieux. Au fil des histoires, les personnages se succèdent : forts, exécrables, pathétiques, dérangeants, fous… impossible de rester indifférente face à ces caractères à la fois réalistes et improbables. Mémé, Tête-de-Fion, Odin Quincannon, Starr… les méchant·es sont tellement atroces et truculent·es qu'il y a cette bizarre relation attraction perverse/répulsion qui se met en place à chaque fois ce qui est génial et perturbant à la fois.
Et puis il y a le trio de tête : Jesse, Tulip, Cassidy. Si on s'attache presque immédiatement à chaque membre de ce trio d'antihéros, tous trois prennent leur temps pour nous dévoiler tous leurs secrets et nous révèlent bien des surprises, bonnes ou mauvaises, tout au long de la saga.
- Jesse, le prêcheur qui n'existe pas à se servir de ses poings. Malgré toute la violence dont il peut faire preuve, c'est finalement un personnage très moral, très droit qui suit la ligne de conduite qu'il s'est fixé. C'est le personnage principal avec lequel j'ai eu le moins d'atomes crochus car il est trop américain. Trop « c'est un foutu beau et grand pays », « les Etats-Unis d'Amérique (mettre toute l'emphase nécessaire en lisant ces mots), la nation de la seconde chance, « femme, que veux-tu, mon seul défaut est de vouloir te protéger, quitte à me casser en douce pendant que tu dors » (en vrai, il ne parle pas comme ça, j'exagère un peu) (je vais finir par le faire passer pour un gros abruti…). Et puis il a John Wayne pour « ange gardien imaginaire ».
- Tulip est la seule femme et elle est capable. Sauf qu'elle doit encore et toujours faire ses preuves,et ce depuis l'enfance que l'on revit en flash-back (j'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce passage où son père découvre et se dresse contre le sexisme ordinaire en élevant seul sa fille). Même si elle atomiserait Lucky Luke au tir, elle doit sans cesse lutter contre l'horripilante tendance de Jesse à la surprotéger. Elle a les pieds sur terre et, malgré la folie de leur périple, elle n'oublie pas de vivre et de rire : elle apporte ainsi de salutaires moments de répit.
- Et puis, il y a Cass. le vampire qui remet à leur place les vampires traditionnels de la littérature et du cinéma, pédants et faussement torturés. Il est tellement cool, Cassidy, comment ne pas l'aimer ? Mais il vous fera faire des montagnes russes émotionnelles avant que tout cela ne soit achevé.

Une superbe histoire, c'est très bien, mais dans une BD, le visuel y est aussi beaucoup. Et là encore, c'est un sans-faute. Contrairement à Sandman pour lequel les artistes s'étaient succédé, il y a ici une belle continuité : Steve Dillon est aux commandes (sauf pour quelques épisodes spéciaux dessinés par des « invités »). Les dessins sont réalistes et dynamiques. Certaines séquences sont juste superbes grâce aux illustrations expressives et évocatrices de Steve Dillon. Je ne pense pas à des moments d'action, mais à des discussions entre personnages, à des retrouvailles : celle de Jesse et Tête-de-Fion par exemple est bouleversante tant Dillon nous donne à voir la compassion et la tristesse du premier et la détresse de l'autre. C'est tout simplement sublime ! Mais horreur et perversion y sont tout aussi bien représentées (pour notre plus grand plaisir de gens bizarres ?).
Les intégrales présentent également toutes les couvertures des fascicules d'origine. Illustrés par Glen Fabry, il s'agit le plus souvent de portraits des personnages. Si quelques ratés se glissent ici ou là, plusieurs d'entre elles capturent à merveille le caractère d'Untel ou Unetelle ou l'horreur d'une situation.

Enfin, les intégrales sont complétées avec des extraits du courrier des lecteurs, ce qui donne parfois à voir ce qui choque les lecteurs et lectrices et de découvrir alors le point de vue de Garth Ennis. Très intéressant, notamment sur les sujets les plus délicats et potentiellement clivants.

Trash, fou, surprenant, insolite, délirant, irrévérencieux, drôle. Les adjectifs s'appliquant à Preacher sont nombreux tout comme les qualités de ce comics culte (que je ne connaissais pas avant d'être attirée par le portrait de Tête-de-Fion sur la sixième couverture). Je vous en laisse un dernier : magistral.

Une adaptation en série est en cours. Je ne l'ai pas vue, j'ignore si je la verrais un jour (pas tout de suite en tout, la BD est trop fraîche dans mon esprit), mais j'avoue être dubitative. La violence très présente, les choses atroces brillamment mises en images par Steve Dillon, l'humour noir, etc., je me demande ce que ça donne en images réelles. Si quelqu'un l'a vue, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, je suis curieuse malgré tout.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Trash, sans limite, irrévérencieux, crado, et drôle...le mix parfait pour , paradoxalement s'attacher aux personnages (Cassidy!!) et n'avoir qu'une hâte...se ruer sur le volume suivant!
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