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Critique de fanfanouche24


Je viens de terminer ce court texte d'Annie Ernaux, auteure que je suis depuis ses tout premiers textes: la Place, La honte, etc. Femme de plume, que j'apprécie tout particulièrement....

Déjà de fort nombreuses critiques excellentes....Je vais tenter d'ajouter au plus près mon ressenti. Ne vous fiez surtout au titre qui ferait songer à une "bluette"…

Même si je ne partage en rien l'attirance de Annie Ernaux… pour les hypermarchés et « grandes surfaces »… je trouve son regard et ses observations passionnantes, sur notre société de consommation et nos comportements dans ces lieux.

Même si elle apprécie ces lieux de « l'Hypermodernité », elle n'en conserve pas moins une lucidité et un esprit critique salutaires… …Une de ses phrases retenues dans ce court texte est la nécessité de VOIR… et d' ECRIRE ce qu'on a observé, pour lui donner une véritable existence : « Parce que voir pour écrire, c'est voir autrement. C'est distinguer des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer valeur d'existence » (p.71)

Elle exprime très finement l'ambivalence des ressentis face à ces « temples de la consommation » :

« Au fil des mois, j'ai mesuré de plus en plus la force du contrôle que la grande distribution exerce dans ses espaces de façon réelle et imaginaire (..)- sa violence (…) Son rôle de l'accommodation des individus à la faiblesse des revenus, dans le maintien de la résignation sociale. (…)
Souvent, j'ai été accablée par un sentiment d'impuissance et d'injustice en sortant de l'hypermarché. Pour autant, je n'ai cessé de ressentir l'attractivité de ce lieu et de la vie collective, subtile, spécifique, qui s'y déroule. Il se peut que cette vie disparaisse bientôt avec la prolifération des systèmes commerciaux individualistes, tels que la commande sur Internet et le « drive » qui, paraît-il, gagne de jour en jour du terrain dans les classes moyennes et supérieures.
Alors les enfants d'aujourd'hui devenus adultes se souviendront peut-être avec mélancolie des courses du samedi à l'Hyper U, comme les plus de cinquante ans gardent en mémoire les épiceries odorantes d'hier où ils allaient « au lait » avec un broc en métal » (p.71-72)

Ce texte est court mais très dense par les observations, notes sociologiques, anecdotes diverses… Annie Ernaux a tenu ce journal pendant une année, lors de ses visites à l'hypermarché Auchan…de Cergy-Pontoise. Grand rendez-vous humain… où on vient faire ses courses, mais aussi retrouver « des groupes humains » de tous les horizons et « presque » tous les milieux sociaux, casser la solitude, un certain isolement…

L'extrait que Annie Ernaux a choisi de mettre en exergue donne très justement , l'ambiance, le ressenti, que nous retrouverons au fil des notes, observations contrastées du journal de son auteur.

Je vous retranscris la citation de Rachel Cusk « Contrecoup » (éditions de l'Olivier, 2013), choisie en début de ce texte : « L' hypermarché au bout de la route est toujours ouvert : toute la journée, ses portes automatiques coulissent dans un sens ou dans un autre, accueillent et relâchent tout un flot humain. Ses espaces éclairés au néon sont si impersonnels et si éternels qu'il en émane du bien-être autant que de l'aliénation. A l'intérieur, vous pouvez oublier que vous n'êtes pas seul ou que vous l'êtes »
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