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Critique de AgatheDumaurier


Magnifique texte sur une femme simple, la mère de l'auteur. J'ai détesté La Place, mais là je suis séduite. Sa mère a mis au monde Annie, et puis elle l'a créée. Elle avait l'ambition, pour elles deux. Malgré la précarité, la pression sociale, elle a payé le pensionnat, les fournitures, la fac. Elle lui a mis les cartes en main et elle croyait en elle. Écriture plate si tu veux, Annie, mais avec ta mère, ça ne marche pas. "Quelque chose en moi résiste". Dis-le, c'est l'amour, ou quelque chose d'encore plus viscéral, profond, imbriqué dans ta chair.
La fin de vie est marquée par le monstre Alzheimer. Annie Ernaux est déchirée, mais elle ne comprend pas que l'on préfère voir sa mère morte. "Elle avait envie de vivre." Elle s'en occupe autant qu'elle peut, puis c'est l'hôpital. Un passage splendide : " je lui lavais les mains, lui rasais le visage, la parfumais. Un jour, j'ai commencé à lui brosser les cheveux, puis j'ai arrêté. Elle a dit: " j'aime bien quand tu me coiffes. Par la suite, je les lui brossais toujours. Je restais assise en face d'elle, dans sa chambre. Elle déchirait les papiers des gâteaux avec force, les mâchoires serrées. Elle parlait d'argent, de clients, riait en renversant la tête. C'était des gestes qu'elle avait toujours eus, des paroles qui venaient de toute sa vie. Je ne voulais pas qu'elle meure.
J'avais besoin de la nourrir, de la toucher,de l'entendre.
Plusieurs fois, le désir brutal de l'emmener, de ne m'occuper que d'elle, et savoir aussitôt que je n'en étais pas capable."
Disparue, la froideur de la Place. Annie Ernaux a un coeur. Il appartient à sa mère.
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