Christopher vivait dans le monde des ordinateurs, des octets et des systèmes d’exploitation, et se rendait à peine compte de l’existence des autres autour de lui. Il était d’une intelligence hors du commun quand il s’agissait de programmes informatiques, et le dernier des attardés dans le domaine des sentiments. Il pouvait se montrer sociable et causant et, l’instant d’après, se refermer comme une huître. En un mot comme en cent : il était tout le contraire du petit copain idéal.
La vie d’une pop star était donc elle aussi faite de travail et d’efforts. Madonna s’y attendait-elle ? Quoi qu’il en soit, elle avait l’air heureuse.
J’ai souvent cru qu’on n’y arriverait jamais. Zack est d’une exigence incroyable. Le plus embêtant, c’est qu’il a presque toujours raison. Aucune erreur ne lui échappe et, quand il prétend que tel ou tel passage est trop mou, on se dit chaque fois qu’il raconte n’importe quoi mais, quand on réécoute, on doit bien admettre qu’il a raison. J’ai donc dû chanter la chanson un million de fois avant qu’il ne se déclare satisfait.
On ignore encore ce qui se produit dans le cerveau humain quand il est brutalement coupé de la Cohérence. L’individu s’évanouit, certes, mais rien n’autorise à parler de coma ou de sommeil profond.
« La Cohérence, comme vous l’appelez, a prévu de s’étendre à l’humanité tout entière. Un monde, un esprit, voilà son objectif. Et elle ira très vite. Je fais peut-être preuve d’optimisme en parlant de quelques mois. »
Je voyais le monde au travers de milliers d’yeux. Ce n’était pas aussi déroutant que ça en a l’air. Mais je n’étais pas moi-même, vous comprenez. J’étais quelqu’un d’autre. J’étais… C’est idiot, mais, en y repensant, j’ai l’impression d’avoir vécu un rêve. Le rêve de régner sans partage sur la Terre entière.