Simple

C’était un bleu que j’avais jamais vu. Un bleu qui était du silence. Le ciel et la flotte, ils étaient cul et chemise, et ça retenait l’attention.

Ayrton Senna. Ayrton, c’est le meilleur ! Il est pareil que Dieu, mais en mieux et avec des témoins.

« Elle a tout essayé pour sauver son utérus de la prison. Elle est allée au curé et voir la signa dora qui a jeté de l’huile dans de l’eau et brûlé de l’asphodèle partout. Elle avait un rituel à suivre très pointu avec de l’encens d’église et des prières à réciter devant un œuf de poule. Mais ça a pas marché et elle est devenue vieille d’un coup. Son visage, il a pris un drôle de virage au milieu du front. Comme une feuille froissée elle est. Ou une feuille morte. Aujourd’hui, y a plus que sa peine qu’elle supporte. »

« La petite, on pourrait la regarder des heures et s’ennuyer jamais. Elle est un pays lointain à portée de main, pas obligé de prendre l’avion pour le paysage. »

« De l’autre côté du mur, d’un coup j’entendais son rire éclater, ça mettait ses larmes en vacances. »

C'est génial la fin du monde, à part que c'est jamais la fin vraiment, y a toujours un gars qui sauve d'autres gars, et ça fait tout foirer.

Moi j'ai pas la preuve de sa fiabilité à Dieu, je sais pas s'il est crédible, tandis que le curé, lui, il s'en fout d'avoir la réponse, il a une confiance qui est aveugle.

La mère Biancarelli, elle a arrêté de m'serrer et de se vider de son eau. Sa main, elle est venue se mettre dans mes cheveux et elle a arraché une poignée ! J'avais un trou dans la tête ! J'me rappelle qu'elle a passé un sacré savon la vieille, avec un tas d'insultes que je connaissais pas, comme satyre. Après, elle a appelé les gendarmes pour leur raconter que j'étais un violeur sadique et un pédophile dangereux, qu'il fallait me clouer derrière les barreaux avant que je fasse une connerie pas réparable !

Je lui passe un bras autour de son épaule à ma chaise et on regarde la vue ensemble.
- C’est mieux que la télé.

Après les copains ils ont voulu que je bouffe les cailloux parce que les mongols, ça bouffe des cailloux, y z'ont dit. Ils étaient dix en bande et ils m'ont plaqué par terre sans la vase, ils ont tenu mes mains et mes pieds avec leurs genoux, ils m'ont ouvert la bouche malgré que je voulais pas, ils m'ont pincé le nez, alors ma bouche s'est ouverte, ils ont ramassé une poignée de gravier et ils ont foutu le gravier dedans ! Puis ils ont pris ma tête, ils l'ont coincée comme dans un étau, et ils m'ont pincé le nez encore pour que je sois obligé de manger !

-Bouffe ! Bouffe ! Bouffe ! ils gueulaient

« Les alcooliques, ils se saoulent pour que la vie soit plus rapide que l'ennui. »

Il avait ce rêve qui dévorait tout. Il faisait avec des fleurs des bouquets qu'il donnait aux autres. Les autres le traitaient de fillette, comme si être une petite fille était une vieille honte. En grandissant, les insultes ont pris du poids, la cruauté des galons. (p110)