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EAN : 9782234080959
184 pages
Stock (20/04/2016)
3.7/5   49 notes
Résumé :
Lola est une trentenaire parisienne, comme les autres. Enfin pas tout à fait. Jamais la phrase dite par Charles Denner dans L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut n’a été si bien appliquée : les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens. Lola arpente la ville, amazone, chaque fois que son envie devient plus forte que la raison, l’homme succombe, chasseur devenant proie, même le plus repoussant. À la fin de l’acte, clac, elle l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 49 notes
Lola fréquente beaucoup les hommes. Beaucoup d'hommes. Dès qu'elle a fait l'amour avec eux, elle leur coupe un ongle et elle l'ajoute à sa collection, dans un bocal de verre. « Combien d'hommes, de morceaux d'hommes, de petites ordures y a-t-il là-dedans ? Combien en faudra-t-il encore ? » (p. 23) Ces hommes, Lola ne les aime pas. Et elle ne s'aime pas vraiment non plus. Elle essaie d'oublier celui qui est parti et dont le souvenir blesse toujours autant, des années après. Alors, souvent, Lola se pare, Lola se maquille. Plus elle est aguicheuse, séductrice et provocante, mieux c'est. « C'est important l'effet et le bruit que ça fait, un talon sur le trottoir. » (p. 31) Et tant pis si elle a l'air d'une voiture volée. Lola joue à la pute parce qu'elle estime qu'elle n'est bonne qu'à ça.

Des cicatrices mal refermées, Lola en porte quelques-unes. L'amant disparu, la mère morte trop jeune, le père alcoolique. « Ton silence est sa lente noyade. » (p. 41) C'est ça, Lola se noie dans l'alcool, les cigarettes et les hommes. Et un jour, elle rencontre Dove. Il est beau et il a quelque chose qui fait penser à l'espoir. Et Dove craque pour cette fille sublime et paumée. « Il aurait dû se dire que la fille était fêlée, qu'elle a l'âme en désordre. » (p. 57) Entre Lola et Dove, est-ce l'amour ? En tout cas, ça fixe le temps, et les jours qui défilent sont plus précis. Plus monotones aussi. « Elle a le trac car bientôt il l'aimera dans la normalité ou pire, par habitude. Et c'est insupportable. » (p. 8) Est-elle faite pour cette vie-là, Lola ?

Avec ce premier roman, Julie Estève fait montre d'un talent indéniable pour écrire la solitude et la misère affective. « C'est pas humain d'avoir personne. Personne. » (p. 85) Lola est un personnage fascinant, mais je retiens surtout Nicolas Frifrelin et Matthieu, le cordonnier : ces hommes sont le pendant de Lola. Eux aussi attendent et désespèrent. Il est question de l'amour et de son avenir une fois la rencontre dépassée, quand les premiers élans sont devenus des schémas. « Qu'est-ce qu'il devient le couple, quand il se couche dans le lit où autrefois c'était l'envie et où, là, il y a l'autre si près, si loin ? L'autre et sa peau qui n'a plus de mystère ? » (p. 161) Ce n'est pas très optimiste : à croire que le couple, c'est un peu la gueule de bois du désir.

Deux mystères restent à la fin de cette lecture. le narrateur s'adresse à l'homme qui manque à Lola à la deuxième personne. C'est donc qu'il le connaît, alors qu'il parle de Lola à la troisième personne, ce qui la met à distance du lecteur tout en rapprochant l'inconnu dont on ne sait rien. Qui est ce foutu bonhomme qui a déglingué Lola ? Pourquoi en faire une silhouette si impalpable alors qu'elle bourre Lola de coups au quotidien ? Autre mystère, la fin. Ou plutôt le début. Ou peut-être les deux… Lola, qu'as-tu fait ? Mais ces mystères ne sont pas des points négatifs. Ils sont la marque d'un premier roman dont l'auteure prouve qu'elle ne fait que commencer à explorer son talent.
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C'est une sorte de petit papillon particulier dit sphingidés marron beige au corps trapu. le Moro sphinx possède une très longue trompe pour butiner les fleurs, souvent violettes, bleues ou blanches, en vol stationnaire à la manière des oiseaux mouches. Il butine généralement le nectar des fleurs que les autres insectes ne peuvent atteindre. Il affectionne les sauges, les lavandes.
Voici la définition de cet insecte et qui est sensé représenté Lola personnage mystérieux avec un zest de mythe de ce roman court de Julie Estève.
Quand on commence la lecture on peut être déconcertée par la narration à la troisième personne et surtout le changement de personnage qui donne vraiment un côté mystère et morbide de ce sorte de journal. J'ai plongé dans un puits avec cette lecture. Un sentiment de malaise, une femme étrange et ses pratiques physiques et psychiques qui donnent froid dans le dos. On cherche le pourquoi du comment, on s'attend à tout, on n'arrive pas à s'imaginer Lola (loin de là). Pour moi Lola était un fantôme qui déambule dans les rues de Paris à chercher…..
Julie Estève nous offre un récit bizarre, dérangeant et un sacré coup de maitre pour déconcerter le lecteur. Je lui tire mon chapeau car pour moi c'est un coup de coeur. Dès la première ligne j'ai été bluffée par sa plume mystique, par son personnage principal et pour ses agissements à la limite du gore. On aimera ou pas je suis d'accord car l'auteur prend un risque avec sa narration loin d'être courante et son récit à la limite sexuelle et psychotique.
Pour moi c'est ce mélange qui en fait un coup de coeur. Une surprise de taille avec un premier chapitre qui vous laisse une sale gout dans la bouche et la dernier chapitre qui vous laisse la bouche ouverte. Je me suis penchée sur ce roman quand j'ai lu la critique d'Hamisoitil qui m'a donné l'eau à la bouche. Et je n'ai aucun regret.
Pas besoin d'en dire plus. Il faut le lire. Il est court et on ne perd pas son temps. Après on aimera ou pas. Pour moi je confirme le coup de coeur surprise.
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"Moro-sphinx", "Mort au Sphinx" comme je l'avais interprété avant de l'avoir lu… "Moro-sphinx", donc ! Un titre peu banal pour un livre tout aussi original. Mais Lola n'est-elle pas ce papillon colibri qui, à l'aide d'une grande trompe butine le nectar des fleurs inaccessible aux autres insectes ?
Car Lola est une drôle de femme, blessée par la mort de sa mère quand elle avait 8 ans, par son père devenu alcoolique et la trahison de son petit ami à 20 ans. Depuis elle choisit sa vie, séduit et jette. le soir, armée de bas résille, de jupes courtes et serrées, de talons aiguille, maquillée comme un camion volé, elle déambule, claque les trottoirs et affole les passants de ses longues jambes. Rien ne la rebute et surtout pas la laideur. Elle passe d'un homme à l'autre. Un coup, juste un coup rapide, sauvage, à l'emporte-pièce, puis va voir autre chose, non sans avoir réalisé un certain rituel.
Et puis un jour la mécanique s'enraye…, non je ne vous dirai pas pourquoi.
J'ai trouvé ce livre déroutant. Entre les propos crus, les scènes de sexe à caractère pornographique et l'écriture si belle de l'auteur, le gouffre est immense et je m'y suis souvent perdue. Car oui, l'écriture de Julie Estève est magnifique, imagée, presque enluminée. Ses mots sont vivants, choisis, parfois déjantés mais toujours harmonieusement mis en lumière. Alors, j'ai oublié la pauvre fille traînant de bar en bar, souvent alcoolisée, je me suis laissée prendre dans les résilles de ses bas, dans ce que j'ai perçu de désespoir caché, de chagrin enfantin, de lassitude et de tristesse. J'ai embrassé son malheur, ses dérives, et surtout, surtout, la langue merveilleusement triturée de l'auteur.
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Challenge 68premièresfoisMais quel est ce titre ? Qu'est qu'un « moro sphinx » ? Vais-je lire un livre sur un papillon et partir dans les près ? En tout cas, quand je l'ai lu tranquillement dans le bus, ce livre à jolie couverture bleue, mes voisins ne pouvaient imaginer que j'avais un roman érotique avec des scènes de sexe très hard. Peut être même ai-je rougi à certains passages. Ce livre est une sorte de coup de poing et une écriture « virile ». Ce texte bouscule : le personnage Lola n'a peur apparemment de rien quand elle choisit ses « victimes » sexuelles et elle suit son plan. Au fur et à mesure des pages, nous allons apprendre à la comprendre et la connaître. D'une écriture vive, imagée, nous sommes au plus prés de cette femme sûre d'elle, en apparence, car elle cache beaucoup de sentiments sous ces couches de maquillage. Une blessure profonde d'une petite fille de huit ans qui perd sa mère sous les roues d'une voiture. Elle a une étrange collection d'ailleurs.. Lola le personnage principal est un oiseau de nuit, papillon et va glaner comme les abeilles-papillons des ongles car c'est une sorte de collection pour elle, elle a son « bocal à griffes » J'ai lu d'ailleurs que le moro-sphinx, qui a un « bec » long, peut butiner plus facilement que d'autres insectes et il y a en fin de texte une impressionnante scène d'attaque de moro-sphinx dans une paisible île grecques. D'une histoire qui aurait pu paraître anodine, voire fleur bleue, une jeune fille avec un lourd passé familial et beaucoup de chagrin à porter peut trouver l'amour dans un gentil voisin bobo, l'auteure a réussi à nous entraîner dans une aventure rude. J'ai beaucoup aimé aussi le traitement de chaque personnage, que ce soit le cordonnier qui attend le retour de sa « chère Lola », son père qui mourra de chagrin après avoir perdu sa femme et sa fille, le couple hyper hygiéniste et qui aime tester les derniers produits pour « cleaniser » leur vie, Hector, le vieux marin du jardin du Luxembourg.. L'auteure nous parle aussi très bien de Paris, en bien ou en moins bien, quand Lola rentre des vacances idylliques en Grèce. Elle nous entraîne dans les rues de la capitale, sur les ponts de la Seine, dans les couloirs du métro, dans les parcs et jardins ou dans les quartiers hors périphériques. Une scène succulente lorsque Lola atterrit dans un vernissage d'une galerie d'art contemporaine, branchée et qu'elle subit le syndrome de Stendhal face à une oeuvre. Un joli pied de nez à la bobotitude actuelle. Un coup de coeur car ce livre m'a interpellé, choqué, ému, dérangé.. Lola et certains personnages de ce roman resteront en mémoire.« Elle veut rentrer, se glisser dans le trou, et voir des oeuvres d'art puisque l'art donne à la folie une raison honorable. »(74)
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C'est un sacré choc ce premier roman. Déstabilisant, éreintant. Un début inquiétant, qui fait très peur et puis peu à peu, la puissance de l'écriture agit, l'héroïne prend corps, la folie est certes toujours latente mais les clés de compréhension apparaissent. Certes, Lola est assez chargée, constamment sur un fil, on la suit entre fascination morbide et inquiétude terrifiante. Lorsque les racines de son déséquilibre affectif se font jour peu à peu alors l'empathie affleure également. Cette femme qui trouve refuge dans le sexe sans sentiments, que cherche-t-elle à expier ? A oublier ? L'amour, la tendresse seront-ils un remède ? le lecteur sent bien que ça ne peut pas bien finir... et l'auteur offre une fin magistrale. de quoi titiller les méninges un petit moment.
J'ai été captée par ce roman, j'aurais pu rester en dehors d'une histoire un peu hard mais c'est vraiment le style et l'écriture qui m'ont gardée en alerte constante. Dans ce cas, on a très envie de voir la suite de la production de cette nouvelle auteure.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Le goût de trop et heureux de tout à l'heure, c'est de la trouille maintenant. Un amas de trouille mâchée, mou comme du plâtre frais. Elle sent la chose grimper le long de la gorge, un serpent filandreux et lent. Ça va sortir. Faut que ça sorte, vite. Elle met les doigts dans le fond, chatouille les amygdales et c'est la chute de l'animal rampant. Un paquet se jette dans la cuvette : son bloc de trouille. Ça sent. Ça emboucane. Et le visage et le dos de Lola en bavent. Une main sur la paroi sale, l'autre sur le cœur qui vient de s'arrêter de battre, quelques fractions d'une toute petite seconde. Elle tire la chasse qui emporte loin le machin honteux […] Maintenant, elle peut continuer de sourire.
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Elle tire le rideau de la fenêtre, c'est le premier jour du printemps. Son coeur hésite entre l'espoir et la stupeur. Dehors la nature renaît fluo, comme si elle avait trop dormi, dans la terre, sous le froid, la glace de l'hiver. Elle déborde, éclate, explose de partout. Elle prend sa revanche et elle pleure de joie. Les oiseaux performent dans tous les coins des arbres. Les pigeons chient et baisent à l'envi. Ca pond vite et bien. Le printemps fait le fier, le superbe, le conquérant. Il brandit les couleurs de sa victoire, voyantes, canailles, un peu vulgaires? Si, si, du béotien dans tout ce déballage. Comme la cigale du poète, il profite, il profite et puis il meurt, misérable.
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[..] des insectes trapus et turbulents. Ils ont des trompes géantes qu'ils enfoncent dans tous les pistils qu'ils trouvent. On dirait qu'ils baisent, qu'ils dévorent, qu'ils violent les fleurs. On dirait qu'ils sont des ogres, des bêtes atteintes de démence. Quand le soleil rase l'horizon, c'est l'heure, ils sortent, les papillons noirs, les phalènes folles, les moro-sphinx. Leur nom est une mise à mort. Mort au Sphinx. Lola les dévisage. Mort au Sphinx. La joie secrète l'abandonne et il n'y a plus de beauté ici. Le bonheur est un souffre-douleur, une tête de Turc qui s'en prend plein la gueule à la moindre occasion. Les paillons guinchent au-dessus de sa tête comme des corbeaux. Il faut partir, fuir, ne plus entendre leurs bourdonnements métalliques. Elle bouche ses oreilles avec ses doigts, elle crie et Dove se marre et se venge des guêpes. Les moro-sphinx lui font peur, ils lui ressemblent trop.
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« Qu’est-ce qu’il devient le couple, quand il se couche dans le lit où autrefois c’était l’envie et où, là, il y a l’autre si près, si loin ? L’autre et sa peau qui n’a plus de mystère ? » (p. 161)
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Est-ce que c'est pour tout le monde pareil la vie à deux ? Une bataille perdue, qui fait la vaisselle, les courses, ou à manger ? Et qu'est-ce qu'il devient, le couple, quand il se couche dans le lit où autrefois c'était l'envie et où, là, il y a l'autre si près, si loin ? L'autre et sa peau qui n'a plus de mystère. Les moindres coins, il, elle, les connaît bien. Les grains de beauté, il, elle, les a comptés, plusieurs fois, mille fois peut-être. Qu'est-ce qu'il devient le couple quand il se couche, et qu'il reste la paresse et l'odeur de sa crème à elle, très forte sur le visage, et ses ronflements à lui, très vite après avoir éteint les lampes sur les tables de chevet.
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Vidéo de Julie Estève
Rentrée littéraire 2018. Son premier roman "Moro-sphynx" avait été très remarqué par la presse en 2016. Julie Estève nous présente aujourd'hui son deuxième livre aux éditions Stock. "Simple" raconte l'histoire d'Antoine Orsini ou, comme on l'appelle dans son village corse, le baoul. Il est marginal et rejeté de tous, un peu sorcier il communique avec la nature et surtout avec une chaise, à qui il raconte son histoire et celle de la jeune Florence Biancarelli. La jeune fille de 16 ans sera retrouvée morte au milieu des pins. Mais qui peut bien être le coupable ?
En savoir plus sur "Simple" : https://www.hachette.fr/livre/simple-9782234083240
Vidéo réalisée : Noémie Sudre ; Cadrage : Laurie Fusi ; montage : Justine Philippon
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