Citations sur Le roman du mariage (110)
Les compagnies pharmaceutiques s'y prenaient dans le mauvais sens. Au lieu de partir d'une maladie et de développer des médicaments pour la soigner, elles développaient des médicaments puis cherchaient à quoi ils pouvaient servir.
Selon Saunders, le roman avait connu son apogée avec le roman matrimonial et ne s'était jamais remis de sa disparition. A l'époque où la réussite sociale reposait sur le mariage, et où le mariage reposait sur l'argent, les romanciers tenaient un vrai sujet d'écriture.
Les grandes épopées étaient consacrées à la guerre, le roman au mariage.
L'égalité des sexes, une bonne chose pour les femmes, s'était révélée désastreuse pour le roman. Et le divorce lui avait donné le coup de grâce.
De l'avis de Saunders, le mariage ne signifiait plus grand-chose, et il en allait de même pour le roman.
Qui utilisait encore le mariage comme ressort dramatique? Personne.
On n'en trouvait plus trace que dans les fictions historiques.
Les féministes des universités se moquaient des gratte-ciel, dans lesquels elles voyaient des symboles phalliques. Elles disaient la même chose des fusées spatiales, alors qu'il était évident, en y réfléchissant un peu, que la forme de celles-ci était due non pas au phallocentrisme mais aux lois de l'aérodynamique. Un vaisseau Apollo en forme de vagin serait-il arrivé sur la lune? C'était l'évolution qui avait créé le pénis. Il s'agissait d'une structure utile pour remplir certaines fonctions. (...) Mais non: n'importe quelle réalisation de quelque ampleur - un long roman, une grande statue, un bâtiment imposant - devenait, aux yeux des "femmes" que Mitchell connaissait à la fac, des manifestations de l'insécurité des hommes quant à la taille de leur pénis.
Lire un roman après avoir lu de la théorie sémiotique était comme courir les mains vides après avoir couru avec des haltères. En sortant de Sémiotique 211, Madeleine se précipitait à la Rockefeller Library, au niveau B, où les rayons exhalaient une vivifiante odeur de moisi, et elle prenait un livre - n'importe lequel, Chez les heureux du monde, Daniel Deronda - pour recouvrer sa santé mentale. Quel plaisir quand une phrase découlait logiquement de la précédente! Quel délicieux sentiment de culpabilité de se plonger dans un récit narratif!
Quand tu as cinq ans, tu es en vie depuis moins de deux mille jours. A cinquante ans tu en a vécu près de vingt mille. Une journée quand tu as cinq ans te paraît plus longue parce qu'elle représente une plus grande partie du tout
"C'était la stupidité des gens beaux et heureux, de tous ceux qui obtenaient ce qu'ils voulaient dans la vie et en devenaient quelconques."
Quand on grandit dans une maison où on ne vous aime pas, on ignore qu'il peut en être autrement.
La dépression, on n'en décroche pas comme ça. Y a pas de clean ou pas clean quand on est dépressif. La dépression, c'est comme un bleu qui ne s'en va jamais. Un bleu dans la tête. Faut faire gaffe à pas y toucher sinon ça fait mal. Mais il est toujours là. Voilà, c'est tout.
Tu crois que les choses ont changé, qu'on est arrivé à une sorte d'égalité des sexes, que les hommes ne sont plus les mêmes, mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : c'est faux. Les hommes sont toujours aussi salauds et égoïstes que l'était papa. Que l'est papa.
- Gandhi a été influencé par Tolstoï, dit-il
- Quoi?
- Sa philosophie non violente, Gandhi l'a empruntée àTolstoï. Ils échangeaient des lettres.
- euh, Tolstoï, il n'a pas vécu, genre au XIX ème siècle?
- Il est mort en 1912. Gandhi lui écrivait pour lui exprimer son admiration. Il appelait Tolstoï son "grand professeur". Tu as donc raison. Martin Luther King a emprunté la non-violence à Gandhi. Mais Gandhi la tenait de Tolstoï, qui la tenait du christianisme. La philosophie gandhienne n'est donc au fond pas très différente du pacifisme chrétien.
- Alors pour toi Gandhi était chrétien?
- Fondamentalement oui.
- ça c'est faux. Les missionnaires n'ont pas arrêté d'essayer de convertir Gandhi mais ça n'a pas marché.