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Critique de Tiphrom


Je ne comparerais pas ce roman à "Virgin Suicides" ou "Middlesex" (que je viens de m'empresser d'acquérir) car, ne les connaissant que de réputation, je découvre Jeffrey Eugenides avec son "Roman du Mariage".

C'est un roman intelligent, qui peut le faire rapidement passer pour élitiste. Or, à mon sens, il est plutôt élitaire, au sens qu'Antoine Vitez accordait à ce mot lorsqu'il parlait du théâtre (un art qui n'est pas élitiste mais élitaire, en tant qu'il s'adresse à peu de monde, pendant peu de temps et se renouvelle chaque jour). La dénonciation des théories structuralistes, essentiellement fondée sur Eco et Derrida, n'impose pas de se griller les neurones pour être jouissive. Autrement dit, c'est pas parce que c'est intelligent que c'est chiant ; c'est pas parce que ce sont les Editions de l'Olivier que c'est forcément prétentieux !

L'intrigue est simple : Madeleine, la petite fille gâtée du New-Jersey, tombe amoureuse de Leonard sur son campus de Brown, un éphèbe maniaco-dépressif destructeur, au détriment du gendre idéal Mitchell, versé dans la contemplation théologique, à la recherche d'une mise en pratique introuvable. C'est évidemment un roman initiatique tout autant qu'une chronique du désenchantement des années 80, à la recherche de repères inexistants. Tuer le père, haïr la mère, désacraliser la science et expérimenter le fait religieux : que reste-t-il ? le mariage peut-il exister dans un temps sans carte, sans boussole ?

Ce roman est dense, c'est un pavé mais sans longueurs qui ne se justifient, légèrement déconstruit (brefs bonds dans le temps, longs retours en arrière). le contexte des années 80 se justifie au départ, sur le campus, mais intrigue ensuite, tant son actualité est prégnante. Attention cependant : c'est à mon avis un roman à lire en quatre à cinq fois grand maximum, non en quelques pages par jour sur plusieurs semaines. S'y plonger réclamera donc un peu de temps devant soi.
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