Je me suis mis alors à copier tout ce qui me plaisait dans un carnet. regarde, ici : "Le rêves servent pour le déjeuner, jamais pour le dîner."[...]
Le rêve, c'est la volonté très forte que le meilleur se produise. Le rêve, c'est le refus de ce que l'on voit et l'invention de ce qu'on ne voit pas. J'ai fait des rêves que je ne pouvais pas réaliser. J'ai fait des rêves qui déroulaient toute ma vie, tout mon vécu. Aujourd'hui, j'ai découvert le sens de cette phrase. Le rêve ne te nourrit que jusqu'à l'heure du déjeuner, car au dîner, tu as faim de voir le rêve se réaliser. J'ai tellement rêvé au matin de ma vie, au déjeuner de ma vie - et aujourd'hui, au dîner, il ne me reste que la famine, le désespoir...
Elle savait qu'Onc Toto Voulait mourir parce qu'il se sentait escroqué par la vie.
L'homme était né très loin d'ici. C'était un négrillon ordinaire jusqu'au jour où il apprit à lire. La lecture aiguisa son sens de l'observation. Et il passa de l'observation à la découverte, de la découverte à l'analyse, de l'analyse à l'action.
Le "rien-avoir" était une bombe dissimulée dans leur vie.
Mieux vaut un chien ami qu'un ami chien. [...] Mieux valait être un chien et l'ami du maître, qu'être un homme et ne jamais être son ami.
Un jour, elle raconterait, libérerait, ferait résonner les voix, les murmures, les silences, les cris étouffés de chacun et de tous. Tite-Maria écrirait un jour la parole de son peuple.
" Petite, le monde, la vie, tout est là ! Notre peuple n'a quasiment rien obtenu. Tous ceux qui meurent sans se réaliser, tous les Noirs esclaves d'autrefois, tous les Noirs supposément libres d'aujourd'hui, se libèrent dans la vie de chacun d'entre nous qui réussissons à vivre, qui réussissons à nous réaliser. Ta vie, négrillonne, ne peut pas être qu'à toi. Beaucoup se libèreront, se réaliseront par ton intermédiaire. Leurs gémissements sont là. Il faut savoir ouvrir ses oreilles, ses yeux et son cœur."
Et Tite-Maria était là, les yeux, les oreilles et le cœur grands ouverts, enregistrant en-dedans elle les derniers mouvements de vie-mort de Filo Gazogénia.
Malgré la douleur, il avait décidé qu'il ne deviendrait pas fou ou idiot. Il essaierait d'escroquer la souffrance.
Elle se tut en sachant néanmoins qu’elle irait de l’avant, comme lui.
Oui, elle irait de l’avant – et maintenant elle savait quelle serait son arme: l’écriture.
Du cœur énorme, immense de Mémé Rita naissait l’humanité entière