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EAN : 9782918799955
170 pages
Editions Anacaona (01/12/2017)
4.17/5   15 notes
Résumé :
Treize histoires, treize femmes dans un portrait magistral de la ''sororité noire'', la fraternité entre femmes noires. Fil directeur de ces portraits pleins d'empathie : une narratrice en visite, qui toque aux portes pour écouter des histoires. Elle rencontre ces femmes qui acceptent de se conter et de se confier, librement. Et nous découvrons Shirley, Régina, Maria, Anastacia ... Aux prises avec leurs rêves, sexualités, défis et amours. La résignation ne trouve au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman, traduit du brésilien par Paula Anacoana, nous offre treize magnifiques portraits de femmes...
Une très belle découverte !

Maria du Rosaire immaculée, a été enlevée à sa famille sous les yeux de ses parents et de sa fratrie. Elle mettra des années à retrouver la trace des siens et à revenir dans son petit village natal.
Isaltina Campo Belo est tombée enceinte suite à un viol collectif. Sa vie n'a plus jamais été la même, et elle n'est plus retournée à son travail...
Mari Bendita a tout fait pour découvrir le monde, Rose Dusreis, elle, pour devenir danseuse. Pourtant cela semblait impossible à ces deux petites filles noires...
Lia Gabriel a été abandonnée par son mari, trop lâche pour assumer leur enfant malade. Il a fallu qu'elle se batte seule et qu'elle préserve ses enfants du regard des autres.
Et...puis il y a les autres. Elles sont treize en tout, treize femmes qui nous racontent un pan de leur vie, nous expliquent comment elles se sont battues pour arriver à survivre, à réaliser leur rêve, à s'en sortir seules, parfois aidées par leur famille, et soutenues par l'amour de leurs enfants, parfois non.

Résister est devenu leur combat quotidien, une lutte indispensable pour faire entendre leur voix et être enfin reconnues.
En découvrant ces récits de vie bouleversants, le lecteur ne peut qu'être admiratif devant cette forme de résistance, cette force que ces femmes ont dû déployer, pour pouvoir laisser derrière elles les stigmates laissés par des années d'esclavage, pour avoir enfin le droit au respect, le droit de s'affirmer, le droit d'exister tout simplement en tant que femmes, loin des clichés misogynes toujours bien présents dans nos sociétés modernes.
Les dégâts du colonialisme perdurent. Les descendants de ces hommes et de ces femmes qui ont été privés de liberté pendant des décennies, doivent tenter, pour se reconstruire, de renouer avec la mémoire de leurs ancêtres.
La narratrice vient toquer à leur porte pour inciter ces femmes, à raconter leur histoire.
Certaines sont plus réticentes que d'autres, mais toutes n'ont qu'une envie : faire entendre leur voix et montrer qu'elles ont droit, elles aussi, à l'amour et au respect, quelles que soient les différences sociales et culturelles, comme en témoigne d'ailleurs Régina Anastasia.


L'auteur, Conceição Evaristo, a toujours lutté contre toutes les formes de discrimination raciale, encore trop présentes au Brésil. Elle écrit comme on entre en résistance et s'est engagée politiquement pour faire passer son message.
Ses mots sont à la fois poétiques et brutaux, musicaux et tranchants. Ils sont là pour casser le silence, et crier au grand jour les violences faites aux femmes, le manque de respect de cette société, dite moderne, où les blancs sont encore considérés comme supérieurs en tout, et où les clichés qui entourent les femmes noires, sont légion.
Ses dons de conteuse sont indéniables et le lecteur sent bien que derrière ces témoignages terribles, se cache la mémoire d'un peuple opprimé par des années d'esclavage, un peuple déraciné par le colonialisme, renié dans ses droits et qui a perdu sa culture et sa langue.
Dans ses récits, elle dit remplir parfois les trous laissés par les souvenirs oubliés et la mémoire défaillante, mais cela ne nuit en rien, à l'authenticité de la parole..

Un grand merci à Babelio et à Paula Anacaona, directrice des éditions Anacoana et traductrice des oeuvres de Conceição Evaristo, de m'avoir proposé cette masse critique exceptionnelle et permis ainsi de connaître cette auteure engagée et ce recueil de témoignages, avant sa sortie officielle, prévue en mars prochain.
De plus, j'ai découvert avec grand plaisir cette maison d'édition qui est née il y a environ 6 ans, dont je n'avais jamais entendu parler, et la diversité de son catalogue qui nous donne envie de découvrir d'autres auteurs.

Une chronique plus complète est sur mon blog...

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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J'avais rencontrée l'éditrice et la traductrice de cet ouvrage, Paula Anacaona, lors d'un salon du livre et j'avais été séduite par les différentes publications de la maison d'édition. Insoumises, un titre évocateur qui me donnait envie d'au moins me pencher sur le résumé. Nous suivons treize femmes noires que l'autrice a rencontrées afin de nous conter leurs histoires, et pourquoi elles sont insoumises...

Treize destinées différentes qui ont plusieurs points communs : elles ont refusé de faire ce qu'on attendait d'elles et se sont tenues debout, envers et contre tout. Et puis, dans chaque récit, on retrouve l'amour et la sororité noire. Je ne peux qu'admirer la résistance qu'elles ont dû employer, "la force et le courage qu'elles portent en elles", comme le dit si bien Kery James dans sa chanson Amal.

J'ai trouvé intéressant de suivre Conceiçao Evaristo dans sa quête pour rencontrer ses femmes. Elle milite depuis de nombreuses années contre le racisme au Brésil, et cet ouvrage apporte une pierre de plus à l'édifice.

C'est un roman (inspiré de faits réels) qui a su me toucher, et je tiens à remercier la maison d'édition d'avoir publié ce livre, et l'autrice de l'avoir fait. Son style d'écriture m'a plu et m'a donné envie de découvrir d'autres de ces textes.

Pour conclure, je vous recommande fortement de vous pencher vers Insoumises, afin de pouvoir prendre conscience du racisme et sexisme que vivent les femmes noires.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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"J'affirme que, en rapportant ces histoires, je poursuis l'acte prémédité de tracer un écrit-vie ». Conceiçao Evaristo. Elles s'appellent Natalina Soledad, Libia, Lia, Rose, Isaltina, Mary...treize vies, treize nouvelles qui nous viennent de la mémoire commune des femmes. Treize histoires qui recomposent le visage d'une histoire. Histoire d'un peuple , d'un sexe, d'une peau, d'une terre, d'un continent.
Novembre 2018 : Bolsonaro, adorateur de la dictature militaire de 1964-1985 et de l'agrobusiness a invité Orbán pour son investiture à la présidence du Brésil…
Orban, Bolsonaro...Les monstres s'accouplent.

Novembre 2018 : le clergé des évangélistes radicaux, la junte militaire vont se rendre maître du 5e pays le plus grand du monde par sa superficie, de la 8eme puissance économique mondiale. le Brésil, un des pays les plus inégalitaires au monde où les Afro-brésiliens en sont en grande partie les victimes.
20 novembre 2018 : Rio et San Paulo fêtent le Jour de la conscience noire, le Dia da Consciência Negra . Quelle fut le contenu de cette journée ? Son déroulement ? Comment fut elle vécue ? Aucune information ne nous ait parvenue.
2019 : que deviendront également les peuples indigènes du Brésil, que deviendront leurs terres, leurs forets, leurs fleuves ?
2019 : quelle sera le sort des femmes, des enfants, des hommes des favelas ? Celui des pauvres, des exclus, des sans-noms ?
2018 : Bolsonaro et sa junte religieuse et militaire, misogyne, se positionnant contre l'avortement, fasciste, homophobe, fruit d'une classe moyenne blanche, pape des grands propriétaires terriens, miniers, forestiers est élu Président du Brésil. Et ce n'est pas une bonne nouvelle. Pour personne.
Oui elles s'appellent Saura, Régina, Adelha, Mirtes, Maria, Shirley, Amarides.
Et j'affirme pour ma part que lire les écrits de Conceiçao Evaristo est important, urgent.Partager ses écrits est important. En parler est urgent. Entendre la réalité du Brésil est important. Certains disent déjà que c'est le désespoir qui a mené la dictature au pouvoir au Brésil . Mais ne nous cachons pas les faits, Bolsonaro est le pure produit d'un néo libéralisme, capitaliste et patriarcal effréné qui ne recule devant rien, même pas à se vêtir des oripeaux des charognes du passé, ni même à caresser les idoles pour peu que ces idoles ne regardent pas trop du côté des marchés financiers.
24 Novembre 2018 – Paris  : marche contre les violences sexuelles et sexistes. Elles étaient treize femmes ce jour là marchant à nos côtés. Des millions de récits-vies.
Oui, Solidarité avec les femmes du monde entier, et oui, notre immense respect pour Conceiçao Avaristo.

Astrid Shriqui Garain

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Sororité et intersectionnalité. Voici deux mots qui pourraient avoir été forgés pour renvoyer à ce ouvrage, à la fois compilation de témoignages, « d'histoires » comme les appelle la Narratrice, de récits de vie de femmes qu'elle a rencontrées et dont elle s'inspire pour créer, mêlant le vrai, le faux, le vraisemblable, récoltant la parole et y mêlant son propre vécu, sa propre expérience. Sororité, ou la fraternité entre femmes, car les voix que l'on entend ne sont que féminines, que la Narratrice est elle-même une femme, qui convoque sa propre mère ou ses propres filles. Elle prend dans ses bras ses interlocutrices, leur caresse la main, regarde leurs photos de famille... comme nous pourrions le faire, nous lectrices, nous sommes inclues dans cette communauté, par-delà les âges, les continents, les milieux sociaux des personnages. Nous pouvons aussi nous retrouver à travers ces expériences communes des premières règles, des premières relations amoureuses, du désir, de la vie de couple... Mais, surtout, ce qui unit la très grande majorité de ces voix, c'est la souffrance, quasiment toujours causée par des hommes. Les hommes ne sont ici qu'en arrière-plan, souvent mari violent, père abusif, collègue violeur...
L'intersectionnalité, elle, est un concept politique et sociologique, qui renvoie à la multiplication des angles d'observation pour observer les phénomènes sociaux, croisant notamment le genre et l'origine. Ainsi, l'autrice elle-même renvoie dès la préface aux figures marquantes de l'afro-féminisme, pour insister sur le fait que toutes ses personnages sont des femmes, des femmes noires, et souvent des femmes noires pauvres. Elles cumulent donc les difficultés et les discriminations, souffrant à la fois du patriarcat et de la violence masculine (une femme obligée de fuir son village car voulant vivre célibataire pour faire ses études, une jeune fille devant être mariée à seize ans car enceinte), renforcée par le poids de la religion, des structures socio-économiques et de la corruption (une famille de grands propriétaires terriens ayant toute influence sur une ville, offrant ou refusant le travail, un riche couple enlevant la fillette d'une famille pauvre sans aucune recherche), et du racisme en raison de leur couleur de peau (une jeune fille qui ne peut être danseuse car trop noire, une autre qui n'est pas acceptée par sa belle-famille blanche...). Certaines souffrent même en plus de discriminations liées à leur orientation sexuelle, notamment la femme du premier texte qui est homosexuelle. Tous ces portraits de femmes dessinent en creux un portrait de la société brésilienne et de ses contradictions.
Si certaines histoires sont lourdes, difficiles, émouvantes, c'est finalement une vision optimiste que je garde en tête en ayant refermé le livre : ces femmes ont surmonté les épreuves difficiles, elles ont essayé de se reconstruire. Et, si elles réussissent à le faire – ou tentent de le faire, c'est grâce à la sororité, à l'entraide d'autres femmes, qu'elles soient soeurs, tantes, filles, enseignantes, auditrice comme l'autrice qui les a écoutées, ou lectrices qui emporteront une partie d'elles.
Je regrette néanmoins un certain côté répétitif avec des histoires qui se ressemblent, ainsi qu'une insistance sur les violences conjugales.
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C'est dans un cadre rassurant que Conceição Evaristo pousse treize femmes à la confidence. Treize portraits de femmes noires, qui revendiquent le respect, l'amour et le besoin de considération. A travers ces témoignages, la narratrice prône l'émancipation de la femme noire, et ses droits à la liberté. Ce recueil de mémoires définie le genre féminin humainement, physiquement, sexuellement. L'histoire d'une vie, de treize vies, à connaître, mais à ne pas oublier.

J'ai apprécié ce livre qui appelle à montrer ce que nous ne connaissons pas. J'ai été à la fois surprise et choquée par les réactions de ces femmes, emplies de force, de courage et de détermination.
Seul petit point négatif, j'aurais aimé que l'auteur soit plus présente, qu'elle dévoile plus sa personnalité, et qu'elle ne stagne pas au rang de coordinatrice de ces témoignages.
C'est donc un livre surprenant et enrichant
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je sais ce qu'est l'amour d'une mère. Je sais ce qu'est une mère qui accueille un enfant. Et je sais aussi ce qu'est une mère qui le méprise. J'avoue. Sur les trois enfants que j'ai eus, deux filles et un garçon, mon coeur n'en a accueilli que deux...
Ma fille cadette s'est perdue quelque part en moi. Je n'ai jamais réussi à l'aimer...
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Cinq hommes déflorèrent l'inexpérience et la solitude de mon corps. Ils disaient entre eux, qu'ils m'apprenaient à être une femme. J'ai honte, j'ai la nausée en y repensant... Je ne l'ai jamais raconté à personnes. Ce n'est qu'aujourd'hui, trente-cinq ans après les faits,, devant toi, que je fais l'effort de dire à voix haute ce qui m'est arrivé. Les détails les plus humiliants meurent dans ma gorge, mais pas mes souvenirs.
Je ne suis plus jamais retournée au travail.
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De toute les femmes avec qui j'ai parlé, Libia Moira fut la plus réticente à me conter un peu sa vie. En premier lieu, elle voulut savoir pourquoi j'avais autant envie d'écrire des histoires de femmes et, dans un deuxième temps, elle me demanda s'il ne serait plus facile que j'inventasse mes histoires plutôt que de voyager de par le monde et de faire parler les gens, pour tout retranscrire ensuite.
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Et c'est bien vrai, que tout se répare. J'ai réparé ma vie, dont les ressorts rouillaient. Toute seule, j'ai imprimé de nouveaux mouvements à mes jours. Je l'ai fait pour moi et pour mes enfants.
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Je n'oublierai jamais l'image de mon enfant nue, perdue, honteuse devant moi, ses soeurs, et les voisins...
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Vidéo de Conceicao Evaristo
"Ses yeux d'eau" de Conceição Evaristo, traduit et lu par Izabella Borges (extrait)
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