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Critique de KiriHara


Comme, peut-être, je ne lis que du roman policier de langue française pour ne pas être confronté aux divers problèmes de traduction (voir celle de « pop 1280 » de Jim Thhompson, par exemple) et être certains de lire ce que l'auteur voulait dire et ce qu'il a écrit sans passer par une interprétation puisque le traducteur est un traître comme dit une locution italienne.

Bref. Des auteurs de romans policiers de langue française il y a en tant que, de toute façon, je n'en ferai jamais le tour même si je devais faire un centenaire.

Dans ce genre particulier, je ne dédaigne pas, au contraire, les auteurs de la vague Néo-Polar même s'il semblerait que j'ai un petit problème avec certains d'entre eux.

J'adore Jean-Bernard Pouy et A.D.G. (c'est dire si je fais le grand écart littéraire), Thierry Jonquet, Marc Villard… mais semble avoir un petit souci avec certains grands noms de ce genre littéraire.

Effectivement, j'ai parfois du mal à apprécier des romans de Jean-Patrick Manchette (alors que ses deux romans avec Eugène Tarpon font partie de mes romans préférés), Pierre Siniac, Jean Vautrin et… maintenant, apparemment, Frédéric H. Fajardie.

Ce dernier auteur, je l'avais découvert en lisant « Polichinelle mouillé », une enquête du commissaire Padovani.

Ma lecture était pour le moins mitigée, appréciant quelques facettes de la plume de l'auteur, mais étant, dans l'ensemble, assez dubitatif quant au reste.

Comme je suis magnanime et, surtout, que j'ai conscience de ma capacité à commettre des erreurs et à passer à côté des choses, j'ai décidé de remettre le couvert et, cette fois-ci avec la toute première enquête du commissaire Padovani qui est en même temps le premier roman de l'auteur.

Écrit en 1975, ce roman est paru en 1979 tant l'auteur eut du mal à convaincre un éditeur.

Le commissaire Padovani a commis une bourde lors d'une prise d'otages, il est prié de démissionner par son supérieur. Ce dernier accepte, mais à une seule condition, d'attendre qu'un dossier qui lui tient à coeur soit bouclé, celui des « Tueurs de flics » une bande qui s'amuse à torturer et à assassiner des policiers…

Que dire de ce premier roman ? Qu'il reflète un peu, beaucoup, ce que sera le 4e que j'ai lu.

Effectivement, je peux faire les mêmes reproches (un peu amplifiés) à ce premier opus.

En tout premier, que l'auteur mélange un peu les genres, mais que les ingrédients sont mal dosés et mal mélangés ce qui rend l'ensemble un peu indigeste par un manque de cohérence.

La première scène est représentative de ce mal avec cette prise d'otages dans un magasin par un forcené déguisé en paquet de lessive et qui n'a pas toute sa tête à lui.

Par moment, cette scène frise le loufoque (alors que l'on est dans un roman noir), sans jamais se laisser totalement aller.

Et il en sera de même durant tout le roman. Par moments, on sent une pointe d'humour décalé dépasser et accrocher la lecture, la rendant moins fluide.

Dans le noir, on sent également que, malgré le sujet glauque, l'auteur n'ose pas aller à fond non plus dans cette direction.

Quant à la dénonciation des travers de la société (qui définit en partie le genre), la réserve est la même.

Ne sachant quelle direction prendre, le récit, heureusement très court, navigue à vue sans jamais pointer vers un cap défini, se perdant en cours de route et perdant le lecteur que je suis.

Heureusement pour l'auteur (qui n'en a plus rien à faire depuis qu'il est mort en 2008), ces écueils ne semblent déranger que moi et n'empêchent pas Fajardie d'avoir des aficionados et c'est tant mieux, car c'est tout le sel d'un art de n'être point perçu par tout le monde de la même manière.

L'intrigue est simple pour ne pas dire simpliste. Je ne m'étendrais pas dessus.

Le style littéraire : l'auteur alterne les narrations à la première personne avec le commissaire Padovani comme narrateur et les narrations à la troisième personne. Les phrases sont parfois concises, dans une volonté d'être percutantes, mais là aussi l'alternance n'est pas toujours fluide.

Quant aux personnages ? Bin, le commissaire Padovani est légèrement esquissé et seuls son amour pour sa femme Francine et son attirance pour les êtres marginaux le rendent réellement attachant. Les tueurs, eux, auraient pu être un atout s'ils avaient été un peu mieux cernés, si ce n'est leurs psychologies, du moins, leurs mobiles. Reste le personnage de Ouap, un peu plus intéressant, mais finalement assez peu utilisé.

Au final, peut-être dois-je me faire à l'idée que je ne suis pas fait pour lire du Fajardie et puis c'est tout.
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