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Critique de le_Bison


Allant à la bibliothèque, je l'avoue j'ai un faible pour les lunettes de la bibliothécaire, du genre brune et souriante, je croise la route de mon fidèle compagnon. Des années que l'on se suit de caniveaux en motel à l'abandon, vétusté des lieux et du temps. Il déambule comme un pauvre ou un miteux alcoolique, à la recherche d'un mégot au fond de la poche d'un cadavre endormi ou d'un bout de trottoir entre deux flaques de pisse encore chaude et fumante. Compagnon qui sait si bien m'émouvoir si bien me faire rire, le grand Arturo Bandini est de retour. Il est en pleine forme. Il a la rage, envers le monde, envers la société, envers les femmes. Il est tout simplement humain et c'est ce qui me plait chez lui, le grand Arturo Bandini. Mais d'où me vient cette passion subite pour la bibliothécaire ? sa paire de jambes, ses gros seins, ses lunettes ? Je l'entends d'ici, sa tirade enflammée digne d'un Nietzsche sous amphétamines. Un jour il sera publié, Arturo Bandini le Grand avec les majuscules là où il faut et j'irai voir la bibliothécaire, avec son sourire et son large décolleté pour lui demander : « avez-vous par hasard le grand Bandini en rayon ? » Elle regardera dans son fichier informatique, un grand sourire et un ange passera, et se lèvera de son fauteuil en skaï noir épousant ses délicieuses formes. Je regarderai bien sur son cul comme l'aurai fait Bandini et l'aurai suivi dans les rayons obscurs de la bibliothèque attendant le moment propice pour la prendre debout entre les plus grands philosophes me retenant d'éjaculer… O Zarathoustra ! sur ses lunettes…

Et dire qu'au levée du jour, j'avais le blues. Même l'érection matinale ne parvenait pas à me sortir de ma torpeur et l'envie de sortir de mon pieu, de soulever les draps bouffés par les mites et d'avaler des corn flakes trop humides ne semblaient pas une motivation au goût du jour. L'absence d'envie, la perte de vie, jusqu'à ce que je refasse « la route de Los Angeles ». Et là, je me suis mis à écrire sur mon clavier, à taper furieusement un agencement de lettres dans le désordre. Je ne tiendrais jamais la comparaison avec le grand Arturo Bandini, cet immense écrivain au talent aussi rital que la mama cuisant ses pâtes al-dente en soutien-gorge. Un verre de whisky, un mégot dans le cendrier. La bouteille à mes pieds. L'inspiration en vrac. Je troque mes charentaises pour des mocassins au cuir délavé par la gerbe de longues soirées dans les bars irlandais de la Bunker Hill. Et découvre les rayons de soleil qui me donnent mal au crâne et illuminent les jambes des femmes. A la recherche d'une idée fumante…

Je m'assois sur un banc, regarde les jambes passées, regarde la colonie de fourmis croiser la route de ces jambes pressées. A la queue-leu-leu. Fascinant, ces fourmis dans un parc, de quoi construire un chapitre entier dans mon prochain roman. Elles passent leur journée à déambuler, à se suivre, à ramasser des mégots ou des feuilles mortes. Sans jamais se plaindre, elles marchent, courent, volent au vent. Captivant. Et elles ne le font même pas pour elles. Non, c'est juste un loisir ou un devoir envers leur société, la société secrète des fourmis. Puissant. A la queue-leu-leu. Ma queue se redresse. Une paire de cuisses à l'horizon, la bibliothécaire. Je laisse de côté la vie des fourmis, pour me concentrer sur celle de ses cuisses. Ouvertes, fermées. Je fais semblant d'ouvrir le livre que je viens d'acheter, aussi lourd qu'une caisse pleine de Jim Beam, faut dire que Schopenhauer, c'est du lourd. Si avec ça, je ne l'emballe pas et n'arrive pas à la déballer dans ma piaule et lui enlever ses lunettes…

Mais assez de ces grandes tirades déclamées à l'ombre de ce cyprès. Viens par-là, femme, assis-toi sur ce banc que je mette ma main entre tes cuisses et que je sente ton parfum du désir mouiller mon âme virile. Tu seras ma perte, comme toutes les femmes, mais comme Arturo Bandini tu hantes mon esprit. Pendant que mon majeur se fourvoie dans ses poils, je lui récite des vers de Kant, un verre de Chianti poupée ?, elle me sourit, je lui balance mon regard de braise qui décrit si bien mon âme, je suis rital et je le reste et ma langue s'aventure dans sa bouche. Je n'aime pas parler. Une odeur de whisky s'empare de nos bouches, brûle nos sens, j'adore, Arturo est en moi, la bibliothécaire est sur moi.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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