Vendredi est convaincue de sa richesse, de son raffinement, elle croit en quelque chose de joyeux, quelque chose qui n’a pas de nom et qui est fait pour elle.
«Ma fille, des fois je suis dure, des fois je suis douce.»
Le malheur est un égoïsme imbécile qui n'envisage pas d'être partagé
Le proverbe berbère dit que le paradis de la fille est sous le pied de la mère car c’est la mère qui décide du salut de sa fille. Vendredi regarde ses genoux, sa jupe salie et le visage de sa génitrice. Elle se retient de fixer le regard des passants qui piquent la douleur de la pointe de leur plaisir voyeur et vicieux.
Il le faut. La vie me reste belle. Il le faut.
Mais cela, elle ne le raconte pas, ma mère a sa dignité berbère ; on ne dit pas n'importe quoi quand on boit du thé, même lorsque le miel colle aux dents.
Je hais Vendredi toutes les fois où je me renie pour lui obéir.
Elle a envie du hammam promis par sa mère. Elle a envie de natter ses
cheveux au-dessus de sa tête. Porter une coiffure de jais, propre, parfumée,
et sortir aussi, oh oui, sortir un peu devant la maison comme le font toutes
les filles, pour rire et se raconter des histoires innocentes et savoureuses,
envie d’être belle et de sentir bon dans la langueur fainéante d’un vendredi
après-midi, envie de porter ses beaux vêtements du jour sacré de la
semaine. Vendredi pense qu’elle n’a pas une vie, mais un destin.
Ce matin-là, au réveil, une odeur adorée, celle du café au lait. Vendredi aime le café français. Quand le père en rapporte, la maisonnée prend des airs bourgeois.
Vendredi sait ou des Indiens d' Amérique. Elle vient de les voir au cinéma
On peut survivre à tout quand on survit à sa mère