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Citations sur Impasse Verlaine (75)

J’abandonne ma sœur car le malheur est un égoïsme imbécile qui n’envisage pas d’être partagé.
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Zine (…) a des dents aussi régulières que les bidons d’eau de fleur d’oranger alignés sur une étagère du rez-de-chaussée. 
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Vendredi a manqué sa vie de Française depuis une Algérie qui avait déjà tout perdu
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On peut survivre à tout, quand on survit à sa mère. 
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Il y a un autre endroit où j'oublie que je suis la fille, sa fille, leur fille. Un endroit où ils n'auront jamais leur place. Et c'est d'abord pour ça que j'aime l'école.
Quand j'y vais, j'ai envie de voler au-dessus du monde pour apercevoir les rêves qui traînent par terre. (...)
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Comprendre qu'elle était ma mère devait m'amener à accepter que j'étais du même sexe qu'elle, que j'avais vagi entre ses cuisses et qu'entre les miennes se tenait le même mystère.
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Je reçois le premier prix sous les acclamations de mes camarades et de
M. Bardy, mon futur professeur de philosophie. C’est bien beau mais
l’heure tourne, et mon éloquence me vaudra bientôt d’autres vivats si je ne
me dépêche pas. Étrangement, à mon retour, la maisonnée silencieuse ne
m’attend pas. Mon père regarde la télévision, et je me glisse dans ma
chambre pour contempler mon prix : un aller-retour à Abidjan. Je regarde
sur mon globe terrestre. Qui me laisserait aller en Côte d’Ivoire ? Et qu’y
ferais-je sans un sou, à part peut-être visiter l’aéroport ? Les bougres de
bourgeois n’avaient pas pensé qu’une fille pauvre puisse gagner ; a fortiori,
une pauvre recluse.
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Au lycée, on ne me connaît pas cette tendance malfaisante mais on me
sait un talent : la grande gueule. Je parle, mais qu’est-ce que je parle ! Les
mots éteints par le vœu de silence prononcé chez les mormons berbères du
bâtiment 31, et ravalés à coups de claques, se bousculent à mes lèvres sitôt
les portes du lycée franchies. J’ai faim des autres, j’ai faim de bavardages,
de conversations, je suis insupportable. Peu rancuniers, mes camarades
Céline, Carole, Roselyne, Pierre, Lionel, Taous, Sandra, m’ont inscrite au
concours d’éloquence de l’Académie de Clermont-Ferrand. Aux
éliminatoires, on me demande si le cinéma va remplacer la littérature. Ma
culture cinématographique se limite à quelques John Wayne, Bruce Lee,
Louis de Funès, Bourvil et deux ou trois Terence Hill. Je suis prise de court.
Mais au collège, nous sommes allés voir une adaptation du Grand Meaulnes
et je me scandalise. Je raconte au jury combien il est stupide d’avoir donné
au narrateur le visage de l’auteur, étant entendu que les trois personnages
masculins, Frantz, Augustin et François, composaient à eux trois l’auteur.
Puis je m’enflamme sur Autant en emporte le vent que j’ai vu en extraits, je
me rappelle la femme brune qui crie, la terre orange et la maison qui
flamboie. Je parle, je parle, je parle et je suis finaliste.
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Puis mes parents reviennent d’Arabie saoudite. Mon père est chauve et
ma mère est triste.
L’eldorado de La Mecque, avec les fruits qui tombent des arbres et l’or
qui dégouline des bâtisses, n’est qu’un enfer de foule, de bousculades,
d’agenouillements, de marches et de séparation des sexes ; Vendredi m’en
fait le demi-aveu. Une fatigue immense supplante sa joie et sa vitalité. Elle
porte un nouveau visage, un mélange de sagesse déçue et de désespoir
consommé qui lui fait contempler sa progéniture comme le produit
désastreux d’un méchant destin. Maman devient douce parce qu’elle est
devenue coupable, pécheresse en quête de purification. Avant La Mecque,
elle ne connaissait pas son impure nature. Absoute, on l’a convaincue
qu’elle doit désormais prendre soin de son salut. Et ça l’occupe. Pendant un
temps, elle ne pense plus à me surveiller, à nous battre, elle n’en a plus la
force. Je peux sortir me balader en musique car elle m’a rapporté de
La Mecque un walkman made in China. Curieuse, j’observe maman en
écoutant les Beatles ; j’observe l’œuvre de Dieu qui lui a donné des bras
capables d’enlacer.
Une conscience et une sorte d’humiliation lestent désormais les gestes de
ma mère. Elle n’est plus ivre. Face à la tenture orientale où la danseuse
poursuit son déhanché depuis plusieurs semaines, elle s’arrête. Elle la
contemple et me demande d’aller chercher un marteau et des pointes. Prise
de remords et pour obéir aux nouvelles lois en vigueur dans son esprit, elle
décide d’accrocher sur la tenture du salon un verset coranique fondamental
écrit en lettres dorées sur fond noir. Le verset, dans son cadre rococo,
couvre le corps de la belle odalisque, mais, au-dessus, on aperçoit les
épaules rondes et le visage bouleversé de plaisir de la femme ; et en bas, les
pieds suggestifs ornés de bijoux. Vendredi n’a pas besoin d’une licence en
théologie pour comprendre que la religion couvre les corps mais demeure
impuissante à les abolir.
Désormais bénie d’entre les vivants et les morts, Vendredi doit suivre les
lois du qu’en-dira-t-on qui font office de communauté. Ayant accompli le
pèlerinage, elle est Hadja, ointe de l’immortalité sacrée, lavée des péchés
terrestres. C’en est fini des boucles qui volent au vent et des brushings à la
Pamela Ewing. Fini les robes, les jupes, les décolletés et la folie d’être une
femme. Le voile apporte une sainteté encombrante. Elle se retrouve
contrainte de cacher ses cheveux et surtout de ressembler à ce qu’elle n’a
jamais voulu être, elle le murmure avec une grimace, une Arabe.
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Depuis que cette saleté de puberté m’a créée mutante désolée, Vendredi
me surveille sans arrêt ; elle me surveille depuis la fenêtre du salon, depuis
la fenêtre de la cuisine, depuis le balcon de sa chambre, depuis la rumeur
des voisins, depuis tout ce qui vient de l’extérieur et pourrait dépuceler sa
fille. Je n’en finis pas d’être scrutée et coupable d’exister, je m’épuise et
passe une bonne partie de mes journées et de mes nuits à lutter contre cette
méfiance et ces appétits qui me pourrissent. Je vis dans un danger
permanent. Seule la solitude m’apporte la respiration d’un repos dont les
enfants de la peur connaissent bien la saveur doucereuse.
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