Cette "frontière entre les mondes", comme l'a appelée Enora, est une sorte de miroir déformant. Ombre et Rive sont ses deux reflets. [...] Ces mondes sont des reflets déformés. Leurs géographiques sont des reflets déformés. Les langues qui s'y parlent sont ses reflets déformés - c'est pourquoi vous vous comprenez même si vos usages des mots vous semblent comme décalés. Les être qui y vivent sont des reflets déformés, et leur ressemblance peut porter sur un large éventail de caractéristiques.
La féminité n'est pas à la soumission passive, Aénor, s'agaça-t-elle. Elle ne se mesure ni au nombre de tes ruban, ni à la propreté de tes robes, ni à la longueur de tes boucles blondes, ni à la virilité de tes amants.
La mort marche derrière chaque homme. Certains en sont plus conscients que d’autres, et ce sont souvent ceux-là qui plient le monde à leurs rêves. La question est donc : quel est ton rêve, Énora ? _ Hank
Néanmoins, l'absence de preuves n'a jamais empêché quiconque de rêver ou de croire...
- L'amour fait agir d'étrange manière, Énora. Il ne s'encombre pas des conséquences.
Une impression étrange monta en lui, bourrasque irrésistible et enivrante qui se propagea depuis la main de la reine jusque dans chaque recoin de son corps. L'espace d'un instant, il entrevit des milliers de brins d'herbe ployer sous la brise, il sentit des vagues puissantes se jeter à l'assaut des falaises, il perçut les minuscules craquements de la sève dans les chênes centenaires, il entendit le pas léger des hommes sur les chemins de terre, il reconnut le goût moussu de l'aube brumeuse. L'espace d'un instant, les sources limpides jaillirent dans son esprit, les rivières joueuses dévalèrent ses veines, les roches érodées par les tempêtes remplacèrent ses os, et la clarté furieuse des rayons d'argent qui nimbent les nuages tomba dans son cœur.
p.403
- Bienvenue, Loup de Temps, le salua Kaltaj.
Ravenn se rappela que, dans les croyances du clan, le temps était représenté comme un grand loup gris qui marchait sur le dos de chaque homme du jour de sa naissance jusqu'à celui de sa mort, où il le dévorait. Elle n'avait jamais fait le lien entre cette légende et le Gris. Hank hocha la tête en direction de Kaltaj.
p.464
À la lueur de la bougie, ses yeux d'automne n'avaient plus de couleur, ils n'étaient que brillance, comme si Rhett devait se contenter de leur surface sans pouvoir y plonger.
p.176
Mais comme les corps perdus en mer s'échouent sur les rivages, les mensonges finissent immanquablement par remonter un jour.
p.223
Les routes toutes tracées sont rarement les bonnes. Et ce ne sont en tout cas pas les seules.