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Citations sur Refuges (10)

Une des joies qu’on puisse retrouver en voyageant de Paris à Paris, comme le sang refait son circuit et comme on repasse ses classiques, c’est la certitude du rajeunissement : « Le bonheur, murmurait au siècle dernier je ne sais plus quel philosophe, consiste à savoir oublier constamment le bonheur perdu. »
Ce n’est plus vrai, maintenant. Au point le plus haut du malheur, ouvrons-nous Paris comme la fenêtre de notre grenier de souvenirs…
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Lorsque je me penche sur les jours écoulés, lorsque les odeurs du passé me remontent au cœur et que je retrouve, très exactement tracées dans le souvenir, les frontières d’une époque où je fus jeune, d’une époque où furent jeunes tant de cœurs, où le temps, l’amour, l’art, la politique et les affaires étaient plus jeunes, où l’homme était plus volontiers loyal, viril et spirituel, il y a soudain, qui surgissent et se dressent, des verts et des violets d’une distinction et d’une amertume infinies. Ce sont les verts et les violets de Lautrec.
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De tous les temps, à toutes les époques, il s’est trouvé des sages vrais ou faux, des hommes d’expérience, de ces hommes mûrs qui frappent doux et fort, pour regretter le passé et parler de décadence. Homère avait déjà dit : Les hommes d’autrefois valaient mieux que ceux d’aujourd’hui. L’humanité ne marque le pas ni ne se presse, malgré des apparences parfois violentes. Nous sommes moins différents que nous ne croyons de ceux qui nous ont précédés.
Cependant, si je ne m’abuse en regrettant ma jeunesse, il me semble que, « de mon temps », il y avait plus de bonne humeur, plus de bonhomie dans la grandeur, plus de bienveillance et de tolérance, mais aussi plus de respect de soi, moins de prétention voyante, plus d’attention aux hommes et aux choses, plus d’ardeur à connaître.
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Aujourd’hui, les discours, les conférences, les textes ne nous donnent qu’une opinion relative, édulcorée, pareille à une spécialité pharmaceutique. La vérité ne se montre qu’au café, où elle sort non pas d’un puits, mais d’un bonnet de coton de fumée, comme si les fidèles l’avaient produite avec la méditation bordée de jambon de leurs pipes et de leurs cigarettes. Et c’est du café qu’après une longue station, qu’après un étonnant échange de silences et de mots, on croit emporter enfin, chaque soir, une récolte de certitudes.
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Paris a toujours été et demeurera toujours, dans l’entrepont de ses petits enfers de galanterie, de son art, de ses emportements mondains, de ses boutiques incomparables, de sa population dont la variété est unique au monde, des petites charges de zouaves de ses passants pittoresques, de ses travailleurs et de ses snobs, l’asile secret des rêveurs, des bûcheurs, des maniaques de sociétés savantes, des ambitieux cachés, propulseurs de l’Histoire qui se fait et des dérangements de la Géographie qui se défait. Balzac devrait revivre, se réincarner de quelque façon pour nous décrire, de sa manière minutieuse et foudroyante, comme il le fit au début du Père Goriot, ces quartiers de ma vieille ville où tant de souvenirs se mêlent à la vie pressante ; pour évoquer la figure des hommes grands ou petits, admirés ou honnis, qui ont vécu là, dans ces maisons que nous frôlons tous les jours, sans nous douter du génie qu’elles sécrètent, des folies qu’on y gagne, des aventures qu’on y impose.
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Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’écrire pour être poète. C’est moins un métier qu’un état naturel, une somme du caractère, un don psycho-physiologique, comme on dit dans le jargon.
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Nous savons tous, et naturellement, que la vie se divise et se subdivise à l’infini. On nous a parlé de la Vie Éternelle. Mais nous avons eu la vie de famille, la vie militaire, la vie de bohème, la vie de coq en pâte, la vie de chien, la vie errante, la vie brève… Et nous avons maintenant la vie difficile…
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Le charme de l’existence ne résidait pas, pour le monde bourgeois ou aristocratique, dans le temps qu’on pouvait perdre aux abords de ce carrefour, ou dans la contemplation des artistes. On traversait Montparnasse, on n’y séjournait pas encore. Et les habitants de ce lieu peu connu de la masse allaient alors jusqu’à se déranger pour « monter », comme on disait, à Montmartre, où régnaient Picasso, Braque, Utrillo, Van Dongen ou Max Jacob. Montmartre ne devait pas tarder à faiblir en accouchant du Cubisme.
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Il faudrait écrire l’histoire de ces cabarets où, dans le milieu de l’activité machinée qui régnait tout autour, quelques femmes en toilette de soirée accompagnées d’hommes en habit venaient goûter un dépaysement, des promiscuités, un « exotisme », pour tout dire, dont ils eussent certainement cru devoir rougir ailleurs. Il entrait dans ce plaisir l’illusion de violer un monde secret et défendu, le désir de connaître les formes d’une nuit qu’ils pourraient se flatter d’avoir percée à jour.
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On n’écrit pas des souvenirs comme des poèmes, des chroniques ou des maximes comme des cauchemars. Théophile Gautier disait qu’un écrivain devrait toujours se tenir prêt à tout faire, et à tout moment, aussi bien un guide qu’un poème ou un livret d’opérette qu’un manifeste. Pour ce qui est de la matière et de la choisir, de la traiter et de la conduire, c’est une question de réflexes qui emporte la décision, comme il en est de l’adaptation de l’œil à la lumière ou aux ténèbres. Mais le reste demande une mise au point de jumelle ou de microscope…
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