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Critique de Fanny1980


« C'est une histoire, contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien » : extrait de Macbeth de William Shakespeare, dont William Faulkner s'est inspiré pour son titre.

Qui est « l'idiot » ? Sans doute, le narrateur de la première partie, Benjy, autrefois appelé Maury comme son oncle, mais dont on changea le nom, car ce n'était pas faire honneur à l'oncle d'appeler comme lui son neveu, déficient mental, accusé d'une tentative de viol, et condamné à la castration. Peut-être également le narrateur de la deuxième partie, son frère, Quentin, qui se suicide alors qu'il est étudiant à Harvard parce qu'il est amoureux de sa soeur, Caddy, et que la situation est inextricable. Peut-être enfin le narrateur de la troisième partie, Jason, le troisième frère, sacrifié pour la réussite de Quentin et par l'attention nécessitée par Benjy, qui en devient aigri et détestable.

Quel est « le bruit » ? Peut-être celui des gémissements permanents de Benjy qui aimerait retrouver sa soeur, Caddy. Peut-être celui de la montre de Quentin, dont le temps est compté et qui ne peut penser qu'à sa soeur Caddy. Peut-être celui des maux de tête de Jason qui ne peut oublier les reproches qu'il fait à Caddy.

Quelle est « la fureur » ? Peut-être celle de Caroline, la grand-mère, issue d'une vieille famille et qui se plaint de tout, tout le temps. Peut-être celle de Caddy, abandonnée enceinte, abandonnée par son mari, abandonnée par son frère préféré. Peut-être enfin celle de Quentin, la nièce qui s'appelle comme son oncle, à qui Jason fait payer tous les malheurs du monde.

Que veut dire « qui ne signifie rien » ? C'est une histoire du sud des Etats-Unis qui se déroule en 1928, en revenant sur des épisodes du début du siècle, dans laquelle une famille se déchire, avec un thème récurrent de sexe et de mort. Il n'y a pas de morale et les personnages sont antipathiques à l'exception de Dilsey, la vieille servante noire, dont le portrait apporte un peu de lumière dans cette folie et cette haine.

J'ai abordé ce roman dans le cadre d'une lecture commune et je voudrais remercier mes compagnons pour plusieurs raisons.

Sans vous, je serais restée au bord de la route, car il faut bien l'avouer, je crois que c'est la lecture la plus exigeante que j'ai entrepris dans les dernières années.

Sans vous, j'aurais sans doute arrêté à mi-parcours, en raison des ellipses, des absences de ponctuation, des failles spatio-temporelles si déstabilisantes.

Sans vous, je n'aurais pas découvert ce livre considéré comme la base des changements de points de vue narratifs en rupture avec le roman du XIXe siècle.

Pour finir et donner le ton à ceux qui voudraient découvrir ce roman, voici ce qu'indique Maurice Edgar Coindreau, le premier traducteur de William Faulkner en France, dans la préface : « La composition de The Sound and the Fury suffirait, à elle seule, à décourager le lecteur paresseux. Et cependant, ce n'est pas la plus grande des difficultés ».

A vous maintenant de vous faire votre propre avis !
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