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Critique de Edouard22


Pas de doute, ce roman est daté et localisé : entre les deux guerres, dans le Sud américain, où la religion régit les esprits et fait voir le mal, où il y a des nègres (et non pas encore des noirs), où la femme, c'est le péché...
Justement ce dernier point est illustré par deux personnages, Léna Grove, enceinte suite à une nuit d'amour et qui cherche à toutes forces à retrouver son amant et, croit-elle, mari, et Joanna Burden, fort bien considérée le jour dans sa ville de Jefferson, mais se livrant à la débauche la nuit avec son amant Joe Christmas.
Même si le lecteur s'attache quelque peu à lui, Joe Christmas porte en lui le mal, de façon inextirpable, de même d'ailleurs qu'il porte un peu de sang noir (tout au plus un quart) malgré son physique de blanc. Les deux choses semblent liées à jamais : nous sommes dans le Sud.
Peu importe que William Faulkner adhère ou non ces idées : il décrit ce monde avec beaucoup de réalisme : c'était comme cela, et sans doute l'est-ce encore en bonne partie de nos jours.
Joe Christmas est donc le personnage principal et sa vie, sa psychologie, celle des autres protagonistes, sont racontés dans un style puissant, dense, qui donne par moments l'impression au lecteur d'être saisi au col et qu'on lui intime avec véhémence de vivre ce que vivent les personnages. Il en est ainsi par exemple des chapitres de la vie de Joe Christmas chez McEachern, son père adoptif, et de son évasion de cette maison, racontés de façon extraordinaire au point que, très subjectivement, je ne peux les comparer qu'à l'épisode de la cambuse sous l'eau chez Allan Poe dans Arthur Gordon Pym, lui aussi extraordinaire à sa manière. le roman ne peut pas tout entier être conduit avec cette même puissance et on trouve quelques longueurs, notamment lorsqu'il s'agit du révérend Hightower, mais on pardonne à William Faulkner tant le lecteur est subjugué et même marqué.
Honte à moi de ne pas avoir lu William Faulkner plus tôt, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire : c'est une urgence pour tout amateur de littérature, américaine ou non !
Traduction Maurice Edgar Coindreau
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