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Citations sur Lumière d'août (105)

Il semblait qu'au lieu d'avoir été subtilement assassinée et transformée par l'homme inflexible et bigot en quelque chose qui dépassait le but qu'il s'était proposé et dont elle-même ne se rendait pas compte, elle avait été obstinément martelée, laminée chaque jour davantage, comme un métal passif et malléable, jusqu'à n'être plus qu'une réduction d'espoirs vagues, de désirs frustrés, indécis et pa^les aujourd'hui comme des cendres éteintes.
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La route monte, arrive sur la crête. Il n’a jamais vu la mer, et il pense: «C’est comme le bord du néant. L’impression qu’en franchissant ce bord je tomberais à pic dans le néant. Là où les arbres ressembleraient à tout autre chose qu’à des arbres, là où ils porteraient un autre nom, là où les gens seraient, s’appelleraient autre chose que des gens. Et Byron Bunch n’aurait même pas à être ou à ne pas être Byron Bunch. Byron Bunch et sa mule réduits à rien par leur chute rapide, jusqu’au moment où ils prendraient feu, comme le révérend Hightower dit que cela arrive à ces roches qui vont si vite dans l’espace qu’elles s’enflamment et se consument sans même laisser une escarbille qui puisse tomber sur terre.»
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On dit que, seul, le menteur entraîné peut tromper. Mais il arrive bien souvent que le menteur entraîné et chronique ne se ment qu'à lui-même. L'homme dont les mensonges sont le plus aisément acceptés est celui qui, toute sa vie, a joui de la réputation de franchise.
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Donc, il n’espérait plus jamais la revoir, car l’amour, chez les jeunes, n’a pas plus besoin d’espoir que de désir pour se nourrir.
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Peut-être a-t-on eu raison de mettre l’amour dans les livres, pensait-il tranquillement. Peut-être ne peut-il vivre ailleurs.
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On dirait que l'homme peut tout supporter. Même ce qu'il n'a pas fait. Même l'idée qu'il n'en peut supporter davantage.

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
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[...] ... Ils étaient réunis, tous les cinq, tranquillement, dans le demi-jour, près de l'entrée croulante d'une scierie abandonnée. Cachés à cent mètres de là, ils avaient vu la jeune négresse entrer et disparaître après un coup d'oeil à l'entour. Un des aînés avait combiné l'affaire, et il était entré le premier. Les autres tirèrent à la courte paille. Ils étaient tous vêtus de blouses semblables. Ils habitaient dans un rayon de trois milles et, comme celui qu'ils connaissaient sous le nom de Joe McEachern [= Joe Christmas], ils pouvaient tous, à quatorze ou quinze ans, labourer, traire, couper du bois comme des hommes faits. Peut-être ne s'était-il pas rendu compte que c'était un péché avant l'instant où il s'était représenté l'homme qui l'attendait à la maison car, à quatorze ans, le péché suprême serait plutôt d'être ouvertement accusé de virginité.

Son tour arriva. Il entra dans le hangar. Il faisait noir. Tout de suite, il se sentit en proie à une hâte terrible. Il y avait en lui quelque chose qui voulait sortir comme lorsqu'il lui arrivait de songer à la pâte dentifrice [référence à un épisode qui s'est déroulé durant sa petite enfance, à l'orphelinat]. Mais, tout d'abord, il ne put songer. Il restait là, debout, sentant l'odeur de la femme en même temps que l'odeur de négresse, prisonnier de la femme-négresse et de sa hâte, attiré, forcé d'attendre qu'elle parlât : bruit conducteur qui n'était pas vraiment un mot et qui le prit à l'improviste. Alors, il lui sembla qu'il pouvait la distinguer. Quelque chose d'étalé, d'abject ; ses yeux peut-être. En se penchant, il crut regarder dans un puits noir, et, tout au fond, il vit deux lueurs, comme le reflet d'étoiles mortes. Il avançait car il la heurta du pied. Puis il la toucha de nouveau, lui donna un coup de pied. Il la frappa violemment, frappant dans et à travers un gémissement étouffé de surprise et de peur. Elle se mit à hurler tandis qu'il la faisait relever, la secouant par le bras, lui lançant de grands coups sauvages, frappant la voix peut-être, mais, en tous cas, sentant la chair, prisonnier de la femme-négresse et de sa hâte.

Puis elle s'enfuit devant son poing, et lui-même recula en courant quand les autres tombèrent sur lui, en tas, s'agrippant, luttant, tandis qu'il ripostait, l'haleine sifflante de rage et de désespoir. Ce fut alors l'odeur du mâle qu'il sentit, qu'ils sentaient tous, et, quelque part derrière, la Femelle qui s'enfuyait, hurlante. ... [...]
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Quand il se mit au lit, ce soir-là, il était décidé à s'enfuir. Il se sentait comme un aigle, dur, suffisant, puissant, sans remords et plein de vigueur. Mais cela ne dura pas, bien qu'il ignorât alors que, pour lui comme pour l'aigle, sa propre chair, aussi bien que tout l'espace, ne serait jamais qu'une cage.
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il ne fut ni surpris ni blessé. Il se contenta de penser, tranquillement: « c’est donc ça l’amour. Je vois. Encore un point sur lequel je me trompais », pensant, comme il avait déjà pensé, comme il penserait encore, comme tous les hommes ont pensé : combien le plus profond de tous les livres peut être faux quand on veut l’appliquer à la vie.
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Il n'a pas besoin de montre ni de pendule. Il ne s'en sert jamais. Il vit sans contact avec le temps mesuré.
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