Un nouveau souffle

Autour de nous, la tempête faisait rage, mais là, nous étions seul au monde.

Je retins mon souffle lorsqu'il se déplaça de l'autre côté.
- C'est quoi, ton parfum?
En fait, je n'en avais pas mis ce soir-là, ce qui rendait la situation encore plus exitante. Incapable de me retenir, je plaquai les paumes sur son torse et sentis ses muscles se crisper alors que j'en redessinai les pleins et les déliés du bout des doigts.
Il laissa échapper un gémissement et se mit à me mordiller l'oreille. Je suffoquai. J'enroulai les doigts dans la soie de sa chemise, brûlant d'envie de me coller encore plus étroitement contre lui. Je geignis doucement tandis qu'il mordillait, suçait, léchait tour à tour le lobe de mon oreille de sa langue brûlante.
Soudain, des phares balayèrent le parking, illuminant brièvement l'endroit où nous nous trouvions avant de s'éteindre. Cela me fit l'effet d'une douche froide. Je m'avisai que nous étions bien visibles, même dans l'obscurité. Je froissai sa chemise entre mes doigts, le cerveau flottant dans le brouillard, incapable de prendre une décision. Je réussis à le repousser au prix d'un énorme effort, terriblement frustrée quand il finit par s'écarter.
Je pris une profonde inspiration.
- Ce n'est pas l'endroit le plus glamour pour s'embrasser, tu sais.
- Au contraire. Te prendre contre un arbre serait sacrément glamour, si tu veux mon avis.

— Je crois qu’Ashley a utilisé ma carte de crédit pour payer la note.

Cherise siffla entre ses dents.

— Attends, je vais voir.

Everett profita de ce que le type assis près de moi s’en allait pour se glisser à sa place. Il revint à la charge.

— Il y a un problème ?

J’avalai ma salive et secouai la tête, évitant de croiser son regard. Je ne savais plus où j’en étais, mais ce n’était pas le moment de craquer. J’aurais voulu tourner les talons et le planter là, seulement il n’avait pas l’air de saisir l’allusion. J’étais encore sous le choc de ce qui venait de se produire dans l’arrière-cour. J’avais eu ma dose pour la soirée.

Cherise reparut quelques secondes plus tard et me tendit une carte que j’identifiai immédiatement. C’était bien la mienne.

Je la fourrai au petit bonheur dans mon sac en pestant.

— Quel était le montant ?

— Je préfère ne pas te le dire.

J’étais au bord des larmes. Elle s’en aperçut et se pencha par-dessus le comptoir en agitant la main.