Citations sur Les maux bleus (72)
Si j'étais un homme, je serais amoureux d'elle.
J'étais soulagée. J'avais résolu l'énigme. Je m'étais glissée passagèrement dans la peau d'un homme, d'un homme épris, touché par la beauté d'un femme, mais comme je n'étais pas un homme, l'histoire allait s'arrêter là.
Du moins je le croyais.
Mais vous allez appeler les mères d'Inès. SES mères, pas SA mère ! Ça vous écorcherait la bouche de le dire ? Ça vous fait vraiment mal, que tout le monde ne vous ressemble pas ? Vous êtes peut-être allées défiler, vous aussi, pour garder vos droits pour vous et pour vous seule ?
(p. 130)
« J’ai toujours aimé ça, observer les autres, essayer de quitter ma peau pour entrer, juste une seconde, dans la leur. »
Pourquoi la beauté fait-elle mal ? Si j'étais un homme, je serais amoureux d'elle.
Je lui dis adieu. Désolée, je ne serai jamais toi. Désolée, papa, maman Désolée. J'aurais bien aimé, pourtant, ça doit être si confortable d'être approuvée.
Cette fille idéale, aujourd’hui, je la pleure comme on pleurerait une morte.
Ce n’est pas ta famille qui n’est pas normale Inès : c’est ce que les autres pensent et disent. Tu écoutes le journal télévisé, parfois ? Quand un enfant meurt sous les coups de ses parents, on dit que ces gens sont des monstres. On se dépêche de les mettre à part de l’espèce humaine, parce qu’on a peur de découvrir en soi la même violence. Si c’était l’enfant de deux femmes ou de deux hommes, on se dépêcherait de clamer qu’il fallait s’y attendre, qu’une famille de ce genre est forcément déviante et perverse. Tu comprends ce que je veux dire ?
Si j’étais un homme, je serais amoureux d’elle.
J’étais soulagée. J’avais résolu l’énigme. Je m’étais glissée passagèrement dans la peau d’un homme, d’un homme épris, touché par la beauté d’une femme, mais comme je n’étais pas un homme, l’histoire allait s’arrêter là.
Du moins je le croyais.
Et puis, les lèvres de ma mère on bougé à nouveau. Elle a dit, dans un souffle:
- Va-t'en.
Je passais, la plupart du temps, les intercours à lire: les livres déçoivent rarement. Ils ne parle pas pour ne rien dire. Et ils font mal, parfois, c'est une douleur qui fait grandir-- les livres n'ont pas de méchanceté.
"J'ai regardé Inès et je l'ai trouvée belle. Ai-je vraiment mérité qu'on me haïsse ? Qu'on me haïsse pour cela ?"