Si les indiens ont peu contribué à la littérature et aux arts de ce monde, c'est sans doute qu'ils sont trop occupés à vivre.
"Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits 'civilisés', il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages."
Enfin, pour ce qui est du bonheur, je répéterai ce qu'en pense Gertie, qu'il s'agit d'une invention ridicule des blancs à laquelle on attache trop d'importance.
Le Peuple est une petite tribu, moins importante que les Sioux ou les Arapahos. Nous n'avons jamais cherché à nous multiplier car nous savons que la terre ne peut porter qu'un certain nombre d'entre nous, de la même façon qu'elle abrite seulement un certain nombre d'ours, de loups, de wapitis, d'antilopes' et d'autres animaux. Car s'il existe trop de bêtes d'une espèce donnée, elles meurent de faim jusqu'à ce qu'il s'en trouve à nouveau la bonne quantité. Nous préférons rester peu mais avoir chacun suffisamment à manger plutôt que mourir de faim.
Les Cheyennes croient que toute chose ayant eu lieu quelque part - chaque naissance, chaque vie, chaque mort - s’y trouve toujours, de sorte que le passé, le présent et l’avenir cohabitent éternellement sur terre.
Le seul espoir de progrès qui reste aux sauvages serait qu’on leur apprenne à renoncer à la fidélité et à l'obéissance dont ils font preuve envers leur tribu, et de les pousser à s'occuper égoistement de leur bien-être. C’est selon Bourke une nécessité s’ils ont réellement l’intention de survivre dans la « société individualiste » du monde caucasien.
Si les Indiens ont peu contribué à la littérature et aux arts de ce monde, c'est sans doute qu'ils sont trop occupés à vivre - à voyager, chasser, travailler - pour trouver le temps nécessaire à en faire le récit ou, comme Gertie le suggérait, à méditer sur eux-mêmes.
On sait si on a été heureux ou pas, le jour où on a assez de temps à perdre pour se poser la question.
Miss Bradley fut indisposée après le diner - c'est la deuxième fois qu'elle se sent mal en notre présence. Si le capitaine maintient qu'elle est trop délicate pour vivre aux avant-postes de la civilisation, nous savons bien, nous femmes, que feindre le malaise est l’ultime refuge de qui manque d’imagination.
Franchement, vu la façon dont j’ai été traitée par les gens dits « civilisés », il me tarde finalement d’aller vivre chez les sauvages.