Je poursuis mes lectures en service de presse avec
La quatrième dimension, roman de l'écrivaine chilienne
Nona Fernández, publié en langue espagnole en 2016 et traduit en français par
Anne Plantagenet pour une publication cette année par Stock.
Le résumé m'avait attiré :
« Son visage en couverture d'un de ces magazines, et la photo barrée d'un titre en lettres blanches : j'ai torturé. »
Le 27 août 1984, Andrés Antonio Valenzuela Morales, agent du renseignement des Forces Armées Chiliennes livre à une journaliste des aveux glaçants sur l'enlèvement, la torture et l'assassinat de milliers de personnes disparues. Son témoignage marque profondément
Nona Fernández, alors âgée de treize ans. Des années plus tard, au moment où le Chili prône la réconciliation nationale et le droit à l'oubli, elle décide d'écrire son histoire.
J'avais sollicité un exemplaire de ce livre sur la plateforme NetGalley.fr et l'éditeur avait répondu favorablement à ma demande. Je dois tout de même préciser que la version numérique que j'ai reçue pour Kindle n'est absolument pas mise en page : ni sauts de page, ni gestion des notes de bas de page, ce qui n'a pas rendu ma lecture très confortable.
La narratrice de ce roman enquête sur Andrés Antonio Valenzuela Morales, un ancien tortionnaire repenti au service de la dictature militaire de Pinochet au Chili. En 1984, il a livré un témoignage à un journal chilien sur les disparitions forcées des opposants au régime, avant de s'exiler en France. Dans le livre,
Nona Fernández s'interroge sur les motivations de cet homme tout en nous livrant des récits de vies - et de morts - pendant la dictature chilienne.
Pourquoi écrire sur vous ? Pourquoi ressusciter une histoire vieille de plus de quarante ans ? Pourquoi parler encore de couteaux, de grils électriques et de rats ? de disparitions forcées de personnes ? D'un homme qui a participé à tout ça et qui, à un moment, a décidé qu'il n'en pouvait plus ? Comment décide-t-on qu'on n'en peut plus ? Quelle est la limite pour prendre cette décision ? Existe-t-il une limite ? Avons-nous tous la même ? Comment aurais-je réagi, moi, si à dix-huit ans, comme vous, j'avais fait mon service militaire obligatoire et si mon supérieur m'avait ordonné de surveiller un groupe de prisonniers politiques ? Aurais-je obéi ? Me serais-je enfuie ? Aurais-je compris que ce serait le début de la fin ? Qu'aurait fait mon conjoint ? Et mon père ? Que ferait mon fils dans cette situation ?
Ce n'est pas un contexte que je connais très bien, hormis quelques noms célèbres, comme Salvador Allende, le président socialiste mort lors du coup d'Etat, et évidemment le général Pinochet, dictateur sanguinaire dont nous avons suivi l'arrestation et le procès à Londres puis sa libération pour raisons de santé, avant qu'il ne se lève outrageusement de son fauteuil roulant à peine descendu de l'avion qui le ramenait au Chili. C'est toutefois un cadre et une période qui m'intéressent car ils permettent de s'interroger sur les limites de l'humain.
Le choix du sujet de ce roman n'est pas anodin : en décidant d'enquêter sur un tortionnaire repenti,
Nona Fernández nous présente deux faces de la même pièce : la descente aux enfers d'un homme d'abord loyal, puis sa révolte et son exil. On s'interroge ainsi sur les choix que nous aurions pu faire en étant confronté aux mêmes situations.
Je ne veux pas que mes enfants sachent ce que j'ai été, dit-il. Je vais retourner à mon travail et payer pour ce que j'ai fait. Je me fiche s'ils me tuent.
Ce qui m'a manqué dans ce roman par contre, c'est un récit plus prenant et un style plus vif. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou tout simplement l'ennui, mais j'ai parfois piqué du nez en lisant certaines pages, ce qui n'est pas très bon signe. J'aurais aimé être totalement passionné par ce récit, mais ce n'était pas le cas. le sujet me parait tellement intéressant et important que j'en sors déçu, j'aurais voulu être totalement emporté.