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EAN : 9791092948332
Zinnia (24/04/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Au centre de la toile tissée par ce court roman, Estrella González, la fille d’un gradé disparue des bancs de l’école durant les années noires de la dictature chilienne. Un mystère pour ses camarades qui se souviennent, rêvent pour bâtir un canevas où s’entrecroisent les voix, les lettres, les aliens d’un jeu vidéo (envahisseurs cauchemardesques), une Chevy rouge, des enfants militants ou pas, une main orthopédique sur fond d’école qui discipline…
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 11 septembre 1973 : Augusto Pinochet s'empare du pouvoir au Chili par un putsch, et prend la présidence de la Junte Gouvernementale.

Le 11 mars 1990, début d'un retour progressif à la démocratie au Chili.
Dix-sept ans de dictature marqués par les disparitions, l' assassinat des opposants, l'usage généralisé de la torture.

Estrella Gonzalez, née en 1970, était une petite écolière pendant les années de dictature. Ses camarades, les enfants qui ont grandi sous la dictature, se souviennent d'elle... du jour au lendemain, elle n'est plus venue à l'école... qu'est-elle devenue ?

Que faisaient les enfants pendant les années noires de la dictature chilienne ? Quels étaient leurs jeux ? Comment se comportaient-ils ? La dictature les a-t-elle influencé ?
Souvenirs, rêves, comment faire la part des choses ?

Le petit livre Space Invaders, tire son nom du jeu video inventé par le Japonais Tomohino Nishikado, il y a trente cinq ans. Ce jeu est un schmup, abréviation de "shoot them up" = "tuez les par balles". Au Chili, ce n'était pas un jeu, c'était la réalité à laquelle ces enfants étaient confrontés, la violence, les assassinats, les professeurs que l'on retrouvaient au beau matin, égorgés...
Estrella, la fille d'un gradé reconnu coupable en 1994 d'assassinats, a été elle aussi victime de la violence ; elle est tombée en 1991 sous les balles de son mari dont elle venait de se séparer.

Pour aller de l'avant, il faut paradoxalement se souvenir. C'est grâce au travail de mémoire que les enfants d'hier pourront sortir de leur rêve et aller pleinement vers l'avenir. Tel est le message de Nona Fernandez dans Space Invaders.

Space Invaders, roman minuscule, de 122 pages à l'écriture poétique, nous délivre pourtant un message fort qui ne peut laisser indifférent.

Je remercie Babelio et les éditions Zinnia de m'avoir fait découvrir ce beau texte de Nona Fernandez.
Je dédie cette critique à mon amie Arlette, Chilienne que j'ai connue pendant notre année de terminale il y a bien longtemps, alors que la dictature régnait encore dans son pays.




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C'est un tout petit livre de poche kaléidoscopique. Il raconte par touches successives et pas forcément linéaire la dictature chilienne du point de vue des enfants.

Donc ici, pas de discussion théorique et pas de référence directe à Pinochet ou Allende. En trois temps, le livre évoque les disparitions, les tentatives de résistance, les manifs sauvages, le contrôle social des corps (leur libération anarchique le temps d'une obscurité) et des esprits, la peur présente partout, la lâcheté.

L'aspect décousu des souvenirs m'a parfois déconcerté : j'ai eu du mal à identifier les personnages et leur interaction, ce qui fait que j'avais du mal à entrer en empathie. Un peu plus de lisibilité formelle (par exemple dire clairement qui parle) m'aurait sans doute permis de davantage apprécier ma lecture.

Le seul fil rouge directement accessible, c'est celui du Space invaders et des deux questions éternelles : qui est la masse compacte ? qui est l'attaquant ? qui aurait peut-être dû être un peu plus développé, parce qu'il pose des questions importantes en restant à hauteur d'enfants (ce qui est le pari du livre). D'autant que je ne crois avoir lu/vu de récit que du point de vue des militants de gauche (à l'exception du Neruda de Pablo Larrain). On approche ici une réalité différente, celle de l'homme de masse et de l'acceptation passive des pires dictatures, qui est un sujet passionnant.

Sans être donc absolument bouleversé, c'est un livre qui m'a plutôt intéressé parce qu'il me semble apporter un regard un peu différent et parce que par moment ces souvenirs fictionnels m'ont touché.
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Je remercie les éditions Zinnia et Babelio pour cette découverte.

Une petite enveloppe dans ma boîte aux lettres. Un roman format ultra poche au titre un peu "geek" évoquant un jeu d'arcade.
Derrière cet intriguant petit livre, je découvre un roman court sur l'enfance, sur la dictature chilienne, sur l'enfance sous la dictature chilienne.

Une enfant qui ne se présente plus à l'école, une place vide sur les bancs et ses camarades d'alors se souviennent d'elle, la rêvent. de ses souvenirs, de ces rêves naît une réflexion sur le fait de grandir sous la dictature et l'influence de celle-ci sur le cours de l'existence de chacun.

Merci Nona Fernandez pour ce superbe texte.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Que sont devenus les enfants que nous étions ? demande dans l'un de ses vers le poète Enrique Linh. Space Invaders prend en charge cette question. Il le fait en nous invitant à rêver nos souvenirs ou à nous souvenir de nos rêves, opérations interchangeables. Il le fait sans prétendre à une image définitive, conscient que les rêves sont divers, comme diverses sont nos têtes, et divers sont nos souvenirs, et divers nous sommes, et divers nous avons grandi.

Ce livre nous invite au travail de mémoire. Un travail en rien facile pour les enfants qui ont grandi en affrontant l'attaque incessante des envahisseurs de l'espace. Personne ne veut se souvenir des cauchemars. Mais, inévitablement, comme il est dit vers la fin de ce texte, Nous sommes là submergés/ Nous ne savons pas nous réveiller.

Ce livre nous aide justement à faire ce travail.
Se souvenir pour sortir de ce rêve sans issue apparente.
Une vie, une autre et une autre encore, une tuerie cyclique sans fin possible.

Echapper à ce mauvais rêve auquel nous sommes soumis.
Notre propre histoire.
Apprendre à s'éveiller.
Jaime Pinos, Valparaiso, Juillet 2013
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Ici les rêves et les souvenirs sont une seule et même chose. Ici, rêver c'est se souvenir : Nous ne savons pas si c'est un rêve ou un souvenir. Parfois nous croyons que c'est un souvenir qui s'introduit dans les rêves, une scène qui s'échappe de la mémoire de l'un et se cache entre les draps sales de tous. Elle a pu être déjà vécue, par nous ou par d'autres. Elle a pu être représentée et même inventée, mais plus nous y pensons, plus nous croyons que c'est seulement un rêve qui s'est transformé en souvenir. S'il y avait une différence entre les uns et les autres, nous pourrions identifier d'où il est sorti, mais sur notre matelas sans mémoire tout se confond et la vérité c'est que maintenant cela importe peu.
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Si nous étions présents ou pas, ce n'est plus clair. Si nous avons participé à tout cela, non plus.
Mais les traces du rêve sont restées en nous comme les marques d'un combat naval voué à l'échec.
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Maldonado rêve de lettres. Ce sont de vieilles lettres écrites avec la calligraphie d'une petite fille de dix ans.
Des lettres que Gonzalez et elle s'envoyaient par courrier, comme si elles ne s'étaient pas vues dans la salle de classe tous les jours, comme si elles avaient été aussi éloignées qu'elles le sont maintenant.
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